Yánnis Rítsos

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Yánnis Rítsos (en grec Γιάννης Ρίτσος), né le 1er mai 1909 à Monemvasia et mort le 11 novembre 1990 à Athènes, était un poète grec.

« La poésie n’a jamais le dernier mot
Le premier, toujours » (Yánnis Rítsos)

[modifier] Biographie

Né à Monemvasia en Laconie, cadet d'une famille de grands propriétaires terriens, il est imprégné par ce "rocher" natal, lourd de souvenirs historiques. Sa famille bientôt ravagée (ruine économique, mort de la mère et du frère aîné, folie du père et de la sœur) et la maladie personnelle (séjours en sanatorium) marquent sa vie et obsèdent son œuvre. Prolétarisé, précarisé - il survit en calligraphiant des actes juridiques à l'Ordre des avocats et en participant à des spectacles de danse classique -, il adhère au Parti Communiste grec à la fin des années 20. Cet engagement lui vaudra de connaître les camps de « rééducation nationale » après la guerre civile qui déchire le pays au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais Rítsos va encore partager avec sa génération de nouvelle épreuves lorsqu’il est à nouveau arrêté lors du putsch des Colonels, en avril 1967, et déporté aux îles de Yaros puis de Leros. C’est à cette époque que sa renommée s'étend au delà de son pays, notamment en France sous l’impulsion d’Aragon qui le salue comme « le plus grand poète vivant » et mène campagne pour sa libération. À la chute des Colonels en 1974, Rítsos acquiert, avec la liberté, un statut hugolien de « poète national ».

Son œuvre, jusque là de facture assez classique, s’ouvre à des infuences nouvelles et se rapproche par certains aspects du surréalisme. En Grèce, elle rencontre un vaste écho populaire avec plusieurs de ses poèmes mis en musique par Theodorakis. Si Rítsos reste fidèle au parti communiste d’obédience soviétique, à la différence de la plupart des intellectuels grecs qui se tournent vers un “eurocommunisme” dénonçant l'intervention en Tchécoslovaquie, il n’en poursuit pas moins une œuvre peu conforme à ce que son public pouvait en attendre et qui reste hantée par la tragégie familiale originelle : il revisite les grands mythes antiques au moyen de ses souvenirs de Monemvassia en publiant une série de monologues dramatiques centrés sur les personnages d’Oreste, de Phèdre, d’Hélène, de Philoctète, etc. En marge de ces recueils importants, Rítsos multiplie les séries de très courts poèmes qui mêlent humour, visions cauchemardesques et notations d’un quotidien sacralisé. La dernière période de sa vie est sans doute la plus sombre : atteint du SIDA à un moment où la maladie est encore tenue pour une malédiction et un chatiment divin en Grèce, il meurt dans un grand isolement physique et moral alors que s’effondre, dans les pays socialistes, le rêve pour lequel il a lutté et souffert pendant tant d’années. Son ancienne gloire “militante” va alors compromettre sa gloire littéraire et entraîner son œuvre, à l’étranger du moins, dans un discrédit dont elle mériterait amplement de sortir.

[modifier] Bibliographie

  • Tracteurs (1934)
  • Épitaphe (1936)
  • Grécité (1945-1947)
  • Symphonie du printemps (1938), mis en musique par Mikis Theodorakis en 1966
  • Vieille mazurka au rythme de la pluie (1942)
  • Les voisinages du monde (1949-1951)
  • La sonate du clair de lune (1956)
  • La maison morte (1959-1962)
  • Oreste (1962-1966)
  • Dix huit chansons de la patrie amère (Léros,septembre 1968), mis en musique par Mikis Théodorakis
  • Pierres Répititions Barreaux (1968-1969)
  • Chant de victoire (1977-1983)
  • Les négatifs du silence (Samos,1987)
  • Tard, très tard dans la nuit (Athènes,1987-1989)