William Sidney Smith

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l'Amiral Sidney Smith à la bataille de Saint-Jean-d'Acre
l'Amiral Sidney Smith à la bataille de Saint-Jean-d'Acre

Sidney Smith, né William Sidney Smith le 21 juin 1764 à Londres et mort le 26 mai 1840 à Paris, est un amiral britannique. Marin de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, il s'est notamment distingué au cours des guerres des guerres de l'Angleterre contre la France de la Révolution et de l'Empire.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Début de carrière

Sidney Smith est né dans une famille militaire et navale à la fois car il était le second fils de John Smith, capitaine de la garde royale et ami avec la famille William Pitt l'Ancien, comte de Chatham. Il s'engage dans la marine royale en 1777 à peine âgé de 13 ans et participe aux batailles de la Guerre d'Indépendance des États-Unis d'Amérique, principalement contre la frégate américaine Raleigh en 1778.

Pour son courage, George Brydges Rodney le nomme lieutenant le 25 septembre 1780, malgré son jeune âge. Il se distingue sous les ordres de l'amiral Thomas Graves à la bataille de Chesapeake en 1781 et sous les ordres de l'amiral George Brydges Rodney à la bataille de Saintes en 1782[1], il est promu premier conseiller instructeur du roi, puis capitaine de frégate, mais le traité de paix signé à Versailles en 1783, l'oblige à se retirer avec une pension de demie-solde.

Pendant cette trêve, Smith voyage en France, mais soupçonné d'intelligence avec l'ennemi pour avoir épié la construction du nouveau port militaire de Cherbourg, il est extradé, puis se rend en Espagne et au Maroc, ennemis potentiels des Britanniques.

[modifier] Marine Royale Suédoise

En 1790, il sollicite la permission de servir dans la marine suédoise, pour une participation active à la guerre russo-suédoise. Le Roi Gustave III le nomme commandant d'escadron léger et principal conseiller naval. Le 9 juillet 1790, à Svensksund à l'abri du vaste archipel finlandais, la flottille d'archipel suédoise de Gustave III avec 196 bateaux chargés de 1 200 canons, anéantit la flottille d'archipel russe (141 bateaux et 1 500 canons) de Catherine II. Smith participant et conseiller lors de cette bataille — où les Russes perdront, soixante quatre bateaux et 9.500 hommes (dont 6000 capturés), alors que les Suédois ne perdront que quatre bateaux et deux cents marins — sera cité Grand Croix de l'Ordre de l'Epée par le roi, titre non reconnu par les Britanniques.

[modifier] Révolution française

Statue de Sidney Smith au National Maritime Museum, Londres.
Statue de Sidney Smith au National Maritime Museum, Londres.

Le 27 août 1793, la ville de Toulon, occupée par les Anglais, sera libérée par le général Jacques François Dugommier commandant les opérations, et assisté d'un jeune capitaine d'artillerie nommé Napoléon Buonaparte. Battus, les Anglais abandonnent Toulon le 16 décembre mais dans la nuit du 17 au 18 décembre, un officier de marine anglaise se glisse dans la ville, incendie le magasin général, neuf vaisseaux de ligne et cinq frégates. Cet officier se nomme Sidney Smith et grâce à ses exploits, il gagne les épaulettes de commodore. Le 17 mars 1796, sa frégate Diamond, chargée de quarante huit canons, se glisse dans l'estuaire du Havre, surprend un vaisseau français, le coule mais le vent étant contraire pour le retour, Sidney Smith sera dans l'obligation de hisser son pavillon et sera fait prisonnier. Amené à Paris et incarcéré à l'abbaye et au donjon du Temple, Sidney Smith devra être jugé et guillotiné. Tout échange contre d'autres officiers français détenus à Londres est rejeté. Le 24 avril 1798 il sera remis en liberté sur ordre signé du ministre de la marine et des colonies. Quelques heures plus tard on s’apercevra qu'il s'agissait d'un faux ordre, acheté 60 000 francs-or par Antoine Le Picard de Phélippeaux, ancien royaliste, document présenté par un commissaire de police et de quatre gendarmes déguisés.

[modifier] La campagne égyptienne

Sidney Smith se retrouvera en Angleterre, promu capitaine de vaisseau, au commandement du Tiger au Bosphore, négociant le traité d'alliance anglo-turque du 5 janvier 1799 qui poussera le sultan à agir contre le débarquement français en Égypte le 1er juillet 1798. Promu contre-amiral, Sidney commande une escadre qui bombarde Alexandrie (Bonaparte s'engage en Syrie), et capture le parc d'artillerie convoyé par les navires de l'amiral Perrée, qui lui permettront d'armer la cité de Saint-Jean-d'Acre, qui est assiégée par Bonaparte à partir du 30 ventôse an VII (20 mars 1799). La cité, ravitaillée par Sidney Smith, résiste à treize assauts mais la peste décime les hommes de Napoléon Bonaparte qui est obligé de lever le siège et de ramener son armée jusqu'au delta du Nil.

Le 26 messidor (14 juillet 1799), Sideny Smith débarque à Aboukir une armée turque venue porter le coup de grâce aux soldats français. Elle est attaquée et écrasée par Bonaparte le 7 thermidor (25 juillet). C'est lors de cette bataille que Kléber déclare : « Général, vous êtes grand comme le monde ! »
Bonaparte quitte Aboukir et transmet le commandement à Jean-Baptiste Kléber, qui, pour sortir d'une situation difficile, négocie avec Sidney Smith. Kléber dira : Sidney Smith dirige les pourparlers, c'est un esprit chevaleresque qui n'a aucune haine contre un ennemi digne de lui, il parle français comme un Parisien et copie nos modes et nos manières.

Le 24 janvier 1800, la convention d'Aboukir favorable pour la France, est signée entre les deux pays, mais un départ de la vallée du Nil est nécessaire pour les troupes républicaines. À Sainte-Hélène, Napoléon dira : Sidney Smith y avait mis beaucoup d'esprit et s'était montré honnête[2]. Horatio Nelson fou de rage proteste devant le cabinet de Londres et refuse de ratifier l'accord d'El-Arich et adresse un blâme à Sidney Smith.
Indigné de cette traitrise, l'amiral Sidney Smith avertira Poussielgue, l'un des plénipotentiaires français, en ces termes : Ce serait tendre un piège à mes braves antagonistes si je les encourageais à s'embarquer. Ils seraient capturés en pleine mer par l'escadre de lord Keith. Je dois à l'armée française et à moi-même de l'en prévenir.
Suite à cet avertissement, Kléber remporta la bataille d'Héliopolis le 20 mars 1801 mais sera assassiné le 14 juin et remplacé par Jacques François Menou, qui quittera l'Égypte définitivement à partir du 2 septembre 1801, dans des conditions peu favorables.

[modifier] Le trésor archéologique égyptien

Les britanniques soucieux de s'emparer des trésors archéologiques rassemblés par les chercheurs français, Geoffroy Saint-Hilaire, dira : Plutôt que de céder nos recherches, nous brulerons nous-mêmes nos richesses... Abandonnés par Menou, les membres de l'Institut français d'égypte embarquent le 5 juin 1801 sur le brick l'Oiseau, mais lord Keith leur refuse le passage vers la haute mer. Désavoué par son gouvernement, Sidney Smith continuera à accorder l'appui aux Français, en plaidant leurs causes et obtiendra le laisser-passer pour ces savants.

Vingt cinq ans plus tard, la commission égyptienne publiera ses mémoires et enverra en décembre 1825 une lettre au ministre du roi M. de Villèle : Monseigneur, Au moment où les membres de la commission des Arts et des Sciences d'Égypte faisaient voile vers la France, le vaisseau qui les portait fut quelque temps au pouvoir de la flotte britannique. Leurs papiers et leurs collections allaient être perdus pour la patrie. Eux-mêmes se trouvaient dans une situation très critique, et leur vie était menacée. Ils auraient sans doute succombé, et leur résultats de leurs recherches auraient été anéantis si un Anglais généreux n'était venu à leur secours : l'amiral Sidney Smith sauva leurs collections et leurs personnes.

Charles X accordera par ordonnance du 25 janvier 1826 un témoignage de reconnaissance envers le sauveur des arts égyptiens, l'amiral Sidney Smith....

[modifier] Dans les eaux anglaises

En 1802, il est élu au Parlement.....

[modifier] La vie parisienne

En 1810 Sidney Smith est promu vice-amiral et en 1814 (peu de temps après les adieux de Napoléon à Fontainebleau) il quitte définitivement sa patrie pour s'installer successivement sur le faubourg Saint-Honoré à Paris, rue Boissy-d'Anglas, rue d'Anjou et rue d'Aguesseau. Aux Cent-Jours, il juge plus prudent de quitter Paris et suivre Louis XVIII en Belgique. Il reviendra à Paris, où il avait tant d'amis tel que le baron Dominique Larrey, le chirurgien en chef de la garde impériale. Celui-ci très apprécié durant les négociations d'El-Arich, avait admiré les méthodes rapides d'évacuation des blessés et malades malgré l'hostilité des Anglais.

Lettre adressée par Sidney Smith à Dominique Larrey le 15 décembre 1839 : Monsieur, mon digne collègue et ancien collaborateur. Il est douloureux de penser aux souffrances et aux risques des malheureux blessés et aux fiévreux traineurs appartenant aux colonnes envoyées au secours des colons, paisibles cultivateurs, et des postes isolés dans les plaines brulantes et les marais fangeux de l'Algérie, dans la guerre existant contre les hordes fanatiques qui n'ont pas de miséricorde pour les victimes qui ont le malheur de tomber entre leurs mains, et qui les trainent dans le désert comme esclaves, au moins s'ils leur laissent la vie. J'ai dû naturellement en ma capacité de président de la société antipirate des chevaliers libérateurs des esclaves blancs, aussi bien que des noirs en Afrique, m'occuper des moyens à employer pour leur délivrance, leur soulagement et leur transport sans secousse dans les chemins raboteux, intersectés par les ravins, des torrents et des marais bourbeux.....etc...

[modifier] Ordre du temple

Sidney Smith souhaite créer un ordre de chevalerie analogue aux chevaliers de Malte, mais sur des bases nouvelles. Il fonde la Société des chevaliers libérateurs. Les différentes puissances, loin de former une force internationale, répondent avec beaucoup de déférence. Richelieu écrit dans une lettre adressée à Louis XVIII : « Une de ces conceptions philanthropiques que le gouvernement anglais favorise, quand leurs établissements peuvent servir leurs vues politiques et les intérêts de leurs commerces ».

Sidney Smith est grand-maître de cérémonie des templiers jusqu'à sa mort. L'amiral voulait grâce à cet ordre créer une force internationale susceptible de lutter contre les pirates barbaresques.

Il est remplacé par Jean-Baptiste Jules Bernadotte, roi de Suède puis par Joseph de Riquet de Caraman, prince de Chimay.

[modifier] Sépulture

Sidney Smith est inhumé au cimetière du Père Lachaise. On peut y voir son mausolée, proche de Sarah Bernhardt, dans la quarante-troisième division et décoré d'un médaillon de David d'Angers représentant Sidney Smith.

[modifier] Anecdotes

  • Ses projets l'avaient ruiné et ses successeurs mettront en vente ses meubles et l'épée que l'amiral portait à Saint-Jean-d'Acre. Un vieux général français, présent le jour de la mise en vente de cette épée, s'écria qu'il avait combattu en Syrie, qu'il n'était pas riche, et qu'il désirait s'approprier cet objet. Le gendre de Sidney Smith, seul héritier, prit l'épée et la lui offrit....à ce jour l'épée est introuvable et le nom de ce général est resté inconnu....
  • Dans ses mémoires, le général comte de Ségur, raconte que le lendemain de la victoire de Napoléon à Austerlitz, celui-ci lui confia : "...Oui, si je m'étais emparé de Saint-Jean-d'Acre, je prenais le turban, je faisais mettre de grandes culottes à mon armée, je ne l'exposais plus qu'à la dernière extrémité, j'en faisais mon bataillon sacré, mes immortels! C'est par des arabes, des Grecs, des Arméniens que j'eusse achevé la guerre contre les Turcs. Au lieu d'une bataille en Moravie, je gagnais une bataille d'Issus, je me faisais empereur d'orient, et je revenais à Paris par Constantinople...". En précisant, toujours au sujet de Sidney Smith : " Cet homme m'a fait manquer ma fortune...".

[modifier] Sources

  • Historama : n°142 de juillet 1963
  • Historia : n°444 de novembre 1983

[modifier] Références

  1. L'année 1782 est marquée par la défaite maritime du comte de Grasse aux Saintes. Fait prisonnier par les Anglais, de Grasse, qui avait perdu son vaisseau amiral Ville de Paris, est emmené en Angleterre et renvoyé en France, porteur des préliminaires de paix à présenter à Louis XVI. Les anglais étaient disposés à reconnaitre l'indépendance des États-Unis et à maintenir des avantages à la France dans le secteur de Terre-Neuve.
  2. Mémorial de Sainte-Hélène, 29 août 1816.
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