Valuation contingente

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L'évaluation contingente est une technique économétrique de sondage destinée révéler la valeur attribuée à certains biens ou ressources, comme des monuments historiques ou des sites naturels. La consommation de ces biens fournit une utilité, mais il est impossible de leur assigner un prix, et, partant, une valeur de marché. Par exemple, nous apprécions de voir le Mont Fuji, mais est difficile de dire à quel montant monétaire cela serait équivalent. Les études d'évaluation contingente constituent une technique pour mesurer indirectement ce type de valeur.

Sommaire

[modifier] Histoire

Les premières approches théoriques des études en évaluation contingente ont été proposées par S. V. Ciriacy-Wantrup (en 1947) pour obtenir une évaluation des biens hors marché. La technique elle-même fut appliquée pour la première fois en 1963 pour étudier la valeur attribuée à un espace naturel particulier par les chasseurs et les touristes. L'étude comparait le résultat d'un sondage auprès des personnes concernées avec des évaluations fondées sur les coûts de transport, et mit en évidence une bonne corrélation des deux résultats.

Cette méthode fut plus largement employée à partir des années 1980, quand les agences gouvernementales des États-Unis reçurent la possibilité d'intenter des actions en dommages et intérêt contre les personnes endommageant les ressources environnementales administrées par ces agences. Le jugement Ohio v Department of the Interior, leur accorda la possibilité de demander des réparations pour la perte non seulement de la valeur d'usage, mais aussi de la simple valeur d'existence. C'est pour l'évaluation de cette dernière que les enquêtes en valuation contingente furent employées. Le procès suivant la catastrophe du pétrolier Exxon Valdez en Alaska fut le premier cas où ces évaluations furent utilisée à grande échelle.

[modifier] Utilisation

[modifier] Domaines

Cette technique est devenue une référence dans les domaines de l'économie de l'environnement et de l'économie de la culture pour déterminer l'opportunité de certains investissements (acquérir une portion donnée de littoral), de subventions (pour la restauration ou l'entretient d'un monument historique) ou encore pour départager deux projets concurrents sur un même site (entre une base nautique et une réserve de pêche).

[modifier] Limites

L'emploi de déclarations de propensions à payer par les agents eux-mêmes est sujette à caution, particulièrement dans les domaines où la valuation contingente est la plus employée. Même dans une enquête anonyme, les gens hésitent à dire qu'il leur serait indifférent que le Musée du Louvre ferme. Ainsi, les premières enquêtes posaient des question ouvertes, du type « Quelle compensation monétaire demanderiez-vous en échange de la destruction de tel monument ? » ou « Combien seriez-vous prêt à payer pour la préservation de telle zone naturelle ? ». De telles questions reçoivent des réponses influencées par des considérations stratégiques (répondre en-deça de sa vraie évaluation, de peur que l'enquête ne soit utilisée pour évaluer le montant d'un impôt à cet effet), de statut social (il est mal vu d'accorder peu de valeur à l'environnement) ou ignorant la contrainte budgétaire (Diamond and Hausman, 1994). Ainsi, dans des études proposant différents plans de sauvegarde de l'environnement, la valeur attribuée à l'ensemble des plans est régulièrement inférieure à la sommes des valeurs attribuées à chaque plan, ces dernières reflétant donc avant tout une préférence pour les dépenses environnementales. Autant que possible, il est préférable d'utiliser des préférences révélées par les prix dans le cadre de véritables transactions marchandes (comme les coûts de transport ou les coûts d'entrée).

Comment quantifier la valeur d'un litre d'air ? alors que pour celui qui est victime d'un début d'asphyxie sa valeur tendrait vers plus l'infini. Quand on sait que l'oxygène qui nous est vital est entièrement produit par le végétal, c'est à dire dépend de la biodiversité. Peut-on pour autant donner une valeur au végétal ou à la biodiversité ?

[modifier] La Commission NOOA

Ces enquêtes ayant des enjeux financiers importants, la National Oceanic and Atmospheric Administration mit en place en 1993 une commission dirigée par les « Prix Nobel » d'économie Kenneth Arrow et Robert Solow pour mettre au point des lignes directrices pour la conduite de ces enquêtes. Dans ses recommandations, publiées en 1995, la commission recommanda une attention particulière dans la conception de telles enquêtes, dues aux difficultés inhérentes au fait de faire émerges des évaluations monétaires fiables par des méthodes de sondage. Les recommandations essentielles sont les suivantes:

  • L'enquête doit reposer sur des entretiens individuels, par opposition aux sondages par courrier ou par téléphone (qui présentent de forts biais de participation).
  • Les questions doivent prendre la forme d'un referendum, où l'enquêté a seulement le choix d'accepter ou de refuser une taxe spécifiquement dédiée à un usage bien spécifié.
  • Les enquêtés doivent recevoir une information la plus détaillée possible concernant la ressource en question et les mesures de protection envisagées. Cette information doit inclure les menaces sur la ressource (avec les hypothèses les plus optimistes et les plis pessimistes), une évaluation scientifique de son importance (écologique, culturelle, etc.) ainsi que les conséquences possibles des mesures de protection.
  • Les effets d'une telle taxe sur le revenu doit être bien souligné, afin de faire comprendre aux enquêtés que ce qu'on cherche à mesurer est leur disposition à payer pour la seule ressources en question, et pas pour l'environnement ou la culture en général.
  • Des questions subsidiaires doivent être posées pour vérifier que la question principale et les éléments d'information donnés ont bien été compris.

Le principe essentiel est que l'enquêteur doit satisfaire une importante charge de la preuve avant que ses résultats puissent être considérés comme significatifs. De telles enquêtes sont très coûteuses, et le la commission proposa la conduite d'enquêtes de référence qui pourraient servir de point de comparaisons pour les enquêtes futures. La commission estima également qu'il valait mieux se fonder sur les estimations basses, et donc préférer les évaluations en termes de disposition à payer pour la protection d'une ressource plutôt qu'en termes de compensation à recevoir en échange de la destruction de la ressource.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources bibliographiques

  • W. Michael Hanemann, 'Valuing the Environment Through Contingent Valuation' The Journal of Economic Perspectives, Vol. 8, No. 4. (Autumn, 1994), pp. 19-43
  • Peter A. Diamond; Jerry A. Hausman, 'Contingent Valuation: Is Some Number better than No Number?' The Journal of Economic Perspectives, Vol. 8, No. 4. (Autumn, 1994), pp. 45-64
  • Paul R. Portney, 'The Contingent Valuation Debate: Why Economists Should Care' The Journal of Economic Perspectives, Vol. 8, No. 4. (Autumn, 1994), pp. 3-17
  • Carson, Richard T; Wilks, Leanne; Imber, David "Valuing the Preservation of Australia's Kakadu Conservation Zone" (1994) Oxford Economic Papers, vol. 46(0), pp. 727-49
  • Martin Angel, 'La Nature a-t-elle un prix ? Critique de l'évaluation monétaire des biens non-marchands', Editions Presses de l'Ecole des Mines, Paris, 1999

[modifier] Liens externes

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