Un bal masqué

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Un ballo in maschera
Portrait de Giuseppe Verdi par Giovanni Boldini, 1886   Galerie nationale d’Art moderne, Rome
Portrait de Giuseppe Verdi par Giovanni Boldini, 1886
Galerie nationale d’Art moderne, Rome
L'œuvre
Genre opéra
Nb d'actes 3
Musique Giuseppe Verdi
Livret Antonio Somma
Langue originale Italien
Sources littéraires
Durée
Dates de composition
Partition autographe
Création mondiale Teatro Apollo, Rome Italie Italie
(17 février 1859)
Création française ,
()
Représentations notables
  • 1975 au Royal Opera House
  • 1990 à l'Opéra de Vienne
Personnages
  • Riccardo, comte de Warwick (ténor)
  • Amelia (soprano)
  • Renato, secrétaire du gouverneur, mari d'Amelia (baryton)
  • Oscar, page (soprano)
  • Ulrica, devineresse (contralto)
  • Samuele, ennemi du comte (basse)
  • Tom, ennemi du comte (basse)
  • Silvano, marin (baryton-basse)
  • Juge, servante d'Amelia, courtisans, gardes, peuple (chœur)
Grands airs
  • "La rivedrà nell'estasi" - Riccardo Acte I, Scene 1
  • "Alla vita che t'arride" - Renato Acte I, Scene 1
  • "Volta la terrea" - Oscar Acte I, Scene 1
  • "Re dell'abisso, affrettati" - Ulrica Acte I, Scene 2
  • "Di' tu se fedele" - Riccardo Acte I, Scene 2
  • "Ma dall'arido stelo divulsa" - Amelia Acte II
  • "Morrò, ma prima in grazia" - Amelia Acte III Scene 1
  • "Eri tu che macchiavi quell'anima" - Renato Acte III, Scene 1
  • "Ma se m'è forza perderti" - Riccardo Acte III, Scene 2
  • "Saper vorreste" - Oscar Acte III, Scene 3

Un ballo in maschera (Un bal masqué) est un opéra de Giuseppe Verdi.

Le livret s'inspire des événements qui ont accompagné l'assassinat du roi Gustave III de Suède au cours d'un bal masqué à l'opéra royal de Stockholm en 1792. La première représentation eut lieu au Teatro Apollo[1] de Rome le 17 février 1859.

Avant Verdi, le drame avait déjà inspiré Daniel-François-Esprit Auber dont l'opéra Gustave III ou le Bal masqué sur un livret de Eugène Scribe fut donné avec succès à Paris le 27 février 1833. Le librettiste de Verdi, Antonio Somma s'est inspiré de l'œuvre de Scribe[2].

Sommaire

[modifier] Argument

[modifier] Acte 1

Dans le palais du gouverneur à Boston[3], les courtisans, partagés entre amis et ennemis, parmi lesquels Tom et Samuel, attendent l'arrivée du gouverneur, le comte Riccardo di Warwick. Celui-ci arrive et son page, Oscar, lui remet la liste des invités au bal masqué prévu pour le lendemain. Au nombre des invités, figure Amelia, qu'il aime en secret, mais qui est la femme de son conseiller et ami Renato.

Celui-ci se présente. Il croit deviner la cause du trouble visible de son maître : un complot qui se trame contre sa vie.

Mais Riccardo veut ignorer ce complot ainsi que ses protagonistes; Renato l'adjure en vain de ne pas prendre la chose à la légère.

Arrive le chef de la police de Boston, qui demande l'éloignement de la sorcière noire Ulrica. Le page Oscar plaide la cause de celle-ci, de sorte que le gouverneur décide d'aller se rendre compte sur place de l'activité de la suspecte. Il convie les personnes présentes, dont Samuel et Tom, à l'accompagner sous un déguisement.

Dans l'antre de la sorcière Ulrica. Devant l'assistance, Ulrica invoque Lucifer. Puis, à Silvano, un marin, elle prédit "de l'or et un grade ". Discrètement, Riccardo réalise la prédiction. Tandis que chacun admire la clairvoyance de la pythonisse, un domestique vient lui annoncer la visite d'Amélia. Ulrica demande à tous de se retirer, mais Riccardo demeure et se tient caché. Amelia entre et demande à la magicienne un breuvage capable d'effacer de son cœur un amour sans espoir. Ulrica connaît le remède : une herbe rare qui ne pousse qu'au pied du gibet. Riccardo se promet de l'accompagner dans cette périlleuse expédition. Amelia disparaît, remplacée par le page, Tom et Samuel. Riccardo, toujours incognito, tend sa main à la sorcière qui recule épouvantée : elle lui annonce qu'il mourra bientôt, par la main d'un ami : le premier homme qui lui serrera la main. Riccardo rit de la prédiction. Il fait le tour de l'assistance pour serrer des mains; les courtisans se dérobent et la première main qu'il serre est celle de Renato qui, venant d'entrer, n'a rien vu ni entendu. Cette coïncidence achève de le rassurer : il se moque d'Ulrica tout en l'assurant de sa protection et, dans la joie générale, n'écoute pas ses sinistres avertissements.

[modifier] Acte 2

Sur la lande, en pleine nuit, Amelia, voilée, cherche la plante magique au pied du gibet. A minuit paraît Riccardo qui, malgré ses protestations, lui déclare son amour Leur duo passionné est interrompu par Renato, qui ne reconnaît pas son épouse : il annonce à son maître l'arrivée imminente des conjurés qui veulent l'occire. Le comte se décide à prendre le large, à condition que Renato raccompagne la dame sans chercher à savoir qui elle est. Restés seuls, Renato et Amélia sont bientôt entourés par les assassins, fort déçus de trouver le secrétaire au lieu du gouverneur. Ils veulent au moins savoir qui l'accompagne, Tom s'avance mais Renato s'interpose, et Amelia perd son voile dans la bagarre. Pour les conjurés, le drame tourne à la farce, tandis que Renato se croit trompé par son maître et qu'Amélia souffre de ces apparences trompeuses.

[modifier] Acte 3

Dans sa bibliothèque, Renato fait comparaître Amelia et lui annonce le châtiment qui l'attend : la mort. Elle reconnaît son amour pour Riccardo, mais jure qu'elle n'a jamais cédé à ce dernier. Renato, inflexible, ne lui accorde que la grâce de revoir son fils pour la dernière fois. Resté seul, il se prend toutefois de pitié pour sa femme et décide de l'épargner : Riccardo est le seul coupable, et c'est lui qui mourra. Arrivent Samuel et Tom, d'abord méfiants. Mais devant eux, Renato brûle les rapports de police qui les dénoncent, et ils l'acceptent comme complice. Ils discutent alors sur le point de savoir qui frappera le comte, chacun revendiquant cet honneur On décide finalement de tirer au sort le nom de l'exécuteur, et Renato ordonne à sa femme de choisir un billet dans l'urne : c'est le nom de Renato qui sort ! Oscar vient remettre à Renato l'invitation officielle, pour lui et Amelia, au bal qui se déroulera dans la soirée. Comme ils seront masqués, les trois conjuré conviennent d'un mot de reconnaîssance :"Mort !".

Dans son palais, Riccardo rédige un ordre aux termes duquel Renato et sa femme doivent regagner immédiatement l'Angleterre. Lui-même ne paraîtra pas au bal de sorte qu'il ne reverra plus Amelia. Mais Oscar lui apporte une lettre anonyme (écrite en fait par Amelia) l'avertissant du danger qu'il court. Il se persuade alors que son absence serait une lâcheté, et oublie ses bonnes résolutions.

Dans la salle de bal, la fête bat son plein. Les trois conjurés se demandant si le comte viendra ou non, Oscar les rassure sur ce point et précise que le gouverneur porte une cape noire avec un ruban rose. Arrive Riccardo, suivi d'Amelia qui le supplie de partir. Le comte refuse : il tient à cette rencontre qui sera la dernière. Tous deux clament imprudemment leur amour et vont s'étreindre, quand Renato se jette sur son maître et le frappe d'un coup de poignard. Les assistants se précipitent sur lui, le désarment, lui arrachent son masque et s'apprêtent à lui faire un mauvais parti, mais le comte les arrête. Rassemblant ses dernières forces, il assure Renato de la pureté de ses relations avec Amelia, et lui en donne pour preuve les dispositions qu'il avait prises par écrit avant de se rendre au bal. Ayant pardonné à son meurtrier et à tous ses ennemis, il expire sous les yeux de la foule consternée.

[modifier] Notes et références

  1. Le Teatro Apollo n'existe plus : à l'origine Teatro tor di nona, inauguré en 1671, il est renommé Teatro Apollo à partir de 1795. Commandé par Giacomo d'Alibert qui obtient les locaux d'une confrérie religieuse grâce à l'intercession de Christine de Suède auprès du pape Clément IX, il se trouvait sur la rive du Tibre opposée au Castel Sant'Angelo. Premier théâtre romain à adopter la salle à fer à cheval, l'un de ses côtés donnait directament sur l'eau. Pendant de nombreuses années il accueillit drames, comédies et vit la création de Matilde di Shabran (Rossini), Il trovatore, Un ballo in maschera (Verdi) ou Le Duc d'Albe (Donizetti). Il fit l'objet de nombreuses restaurations modifiant sensiblement l'aspect de la salle pour être finalement détruit en 1888 pour permettre la construction des berges du fleuve (Cf. Teatri di Roma).
  2. A noter que l'opéra Il Reggente de Saverio Mercadantede 1843 s'inspire également des mêmes faits et du livret de Scribe, bien que l'intrigue se situe en Ecosse
  3. Verdi transpose l'action à Boston pour éviter la censure. De nos jours, la version est parfois adaptée pour mettre en scène les personnages historiques de Stockholm (Roland de Candé dans Les chefs d'oeuvre de la musique