Tintin et les Picaros
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Tintin et les Picaros | |||||
22e Album de Les Aventures de Tintin | |||||
Genre(s) | Franco-Belge Aventure |
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Auteur | Hergé | ||||
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Personnages principaux | Tintin Milou Capitaine Haddock |
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Lieu de l'action | Belgique et San Theodoros | ||||
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Éditeur | Casterman | ||||
Première publication | 1976 | ||||
Nombre de pages | 62 | ||||
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Prépublication | Le Journal de Tintin | ||||
Albums de Les Aventures de Tintin | |||||
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Tintin et les Picaros (Tintin et les Picaros, Hergé, 1976) est un album de bande dessinée de la série Les Aventures de Tintin et Milou. C'est le dernier album qui a été achevé.
Sommaire |
[modifier] Synopsis
Lors d'un voyage au San Theodoros, la Castafiore et les Dupondt sont arrêtés par le régime du général Tapioca, sous prétexte d'un complot dont le capitaine Haddock serait le fomenteur. Après quelques télégrammes d'insultes, Haddock et le professeur Tournesol acceptent de se rendre à Tapiocapolis pour discuter avec le général, sans Tintin, qui refuse de venir... Ils sont accueillis à bras ouverts par le régime, qui les envoie dans une villa luxueuse, où ils sont nourris et logés en attendant que Tapioca leur accorde un entretien. Peu à peu, ils comprennent que l'invitation était un piège : ils ne peuvent sortir qu'en étant étroitement surveillés. C'est alors que Tintin les rejoint...
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Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
Le général Tapioca organise par la suite une fausse tentative d'évasion pour les faire assassiner, mais cette tentative échoue et Tintin, Haddock et Tournesol réussissent à fuir avec le général Alcazar, avec l'aide de Pablo (qui était déjà dans L'Oreille cassée). Le seul obstacle à la révolution qui permettrait à Alcazar de reprendre le pouvoir est l'alcoolisme de ses troupes. Heureusement, Tournesol a inventé un médicament et l'a testé sur Haddock, avec des résultats plus que concluants... Les rebelles sont sevrés et, grâce à l'arrivée providentielle de Séraphin Lampion et de ses Turlurons invités pour le carnaval du San Theodoros, ils déclenchent, sans verser une seule goutte de sang, la révolution en passant inaperçus au milieu du cortège. La Castafiore et les Dupondt sont libérés et Alcazar, qui gracie Tapioca à la demande de Tintin, se retrouve une fois de plus au pouvoir...
[modifier] Contexte
La genèse de l'album remonte au début des annnées 60. À l'origine, l'histoire se déroulait juste après Les bijoux de la castafiore. Dans les premiers synopsis, les Dupondt parcourent l'Amérique du Sud à la recherche de la Castafiore, afin de lui remettre l'émeraude volée par la pie.[1] Le scénario fut complètement modifié, pour paraître après Vol 714 pour Sydney.
Lors de sa parution en 1976, Tintin et les Picaros eut un énorme succès commercial, notamment en raison de l'espacement de plus en plus grand entre les sorties des albums de Tintin ; toutefois, l'accueil de la critique fut plutôt mitigé. Il est vrai que l'univers de Tintin commence à s'y décomposer. La « ligne claire » n'est plus ce qu'elle était, les personnages non plus... Si Tintin ne veut plus partir, si Haddock n'aime plus le whisky, que reste-t-il à raconter ?
Les allusions à la situation politique internationale restent présentes. Ainsi peut-on voir le San Theodoros tapioquiste comme un de ces nombreux pays d'Amérique du Sud qui ont été terre d'accueil pour des nazis, qui ont eu le soutien tour à tour des blocs de l'est ou de l'ouest, et sont aussi un terrain de luttes de pouvoirs personnels. Lors du procès en mondiovision des Dupondt, le procureur général fait référence à la « noble idéologie de Plekszy-Gladz », ce dernier étant le dictateur de la parodie hergéienne des régimes totalitaires dont la Bordurie est l'exemple. Le coup d'État réussi à la fin de l'album par Alcazar n'est pas sans rappeler celui de Fidel Castro avec un faible nombre d'hommes. L'auteur ne fait pas de concession à l'ami de Tintin : Alcazar apparaît illettré, cupide et imbu de lui-même. Il désire en effet rebaptiser la capitale « Alcazaropolis », et personnifie le régime tout autant que son prédécesseur.
Deux vignettes étroitement parallèles montrent la position dénonciatrice d'Hergé : page 11 D2 et page 62 D2. À l'arrière-plan, l'avion transportant nos héros, à l'atterrissage, puis au décollage (et un malentendu de Tryphon Tournesol). Au premier plan, deux soldats, d'abord en uniforme tapioquiste avec l'emblème de Plekszy-Gladz, puis en uniforme alcazariste, regardent passer l'appareil au loin tout en surveillant les malheureux habitants du même bidonville, au centre, toujours aussi misérable avec ses familles en haillons et la pancarte propagandiste « Viva Tapioca » simplement devenue « Viva Alcazar ». On note aussi la vignette montrant le contraste avec la richesse du centre ville "occidentalisé" ou patrouillent aussi des militaires mais là...non casqués.
Que la dictature soit de droite ou de gauche semble nous dire Hergé le peuple, lui, ne voit pas son sort bouger tandis que les militaires s'adaptent sans état d'âme à leurs nouveaux dirigeants quels qu'ils soient (comme déjà bien montré dans "l'Oreille cassée").
On trouvera un autre pamphlet de la pratique violente des régimes totalitaires dans l'ensemble des détails de la vignette montrant l'escorte militaire du capitaine Haddock "nettoyant" les environs du marchand de tabac où il va faire une halte.
[modifier] Anecdotes
- Une page a dû être retirée lors de l'édition finale de l'album, car il devait en contenir au maximum 62 (comme à l'habitude). Cette page montre le colonel Sponsz "Esponja" boire son verre, puis grogner: "Cette fois-ci, je les briserai! Comme... comme je brise ce verre!" Il jette alors son verre par terre, qui ne se fêle même pas et rebondit contre un buste de Plekszy-Gladz, brisant sa moustache. L'officier militaire qui est avec Sponsz dans la pièce se met alors à éclater de rire, puis se fait réprimander par le Colonel qui le menace, indirectement, de bloquer sa promotion s'il raconte ce qui s'est passé, et fait passer la faute à une femme de ménage. Il faut savoir que ce gag a déjà été utilisé deux fois dans d'autres œuvres d'Hergé:
- dans La Vallée des Cobras, le Maharadjah de Gopal est en colère contre M. Legrand qui ne veut collaborer avec lui, ce qui le fait dire: "Votre volonté, je la briserai, comme... comme je brise cette tasse!" et jetant à terre la tasse qu'il tenait en main, celle-ci rebondit sans se casser et heurte sa figure.
- dans Vol 714 pour Sydney, Rastapopoulos menace Tintin et ses amis en disant: "Je vous écraserai! Comme... comme j'écrase cette misérable araignée!" Il essaie ensuite d'écraser sous sa botte une araignée qui passe par là, mais celle-ci parvient à échapper à chacun de ses coups, ce qui l'épuise et le met en rage.
- Pour la première et dernière fois, Tintin quitte ses éternels pantalons de golf pour un jean marron (que l'on reverra sur Tintin dans les croquis de Tintin et l'Alph-Art).
- Des personnes déguisées en Astérix (pour remercier Goscinny et Uderzo d'avoir fait apparaitre les Dupondt dans Astérix chez les Belges), Snoopy, Donald Duck et Mickey Mouse sont présents au carnaval de San Theodoros.
- Apparaît pour la première fois le prénom du Capitaine Haddock : Archibald.
[modifier] Adaptations
[modifier] Série animée
Cet album fut adapté dans la série animée de 1992.
[modifier] Notes et références
- ↑ Philippe Goddin : Hergé et les Bigotudos, Casterman, 1993