Thierry Pfister

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Thierry Pfister, né à Vincennes le 9 décembre 1945, est un journaliste, un écrivain et un homme politique français.

[modifier] Biographie

Thierry Pfister est issu d’une famille protestante d’origine suisse enrichie dans le négoce du coton et du café. Avec un père directeur d’une torréfaction, il est élevé à Roanne dans un milieu bourgeois, protestant et athée mais qui l’inscrit au catéchisme pour sa formation culturelle. Politiquement, il est imprégné par une culture familiale républicaine et anticommuniste mais partagée entre le mendésisme des enfants et le gaullisme des parents.

N’émergeant qu’après la Guerre d'Algérie, sa conscience politique l’oriente vers une carrière politique. Ainsi, quand il entre à l’École supérieure de journalisme de Lille (1964), il prend sa carte à la SFIO. En son sein, ses positions singulières – à la fois en faveur de la candidature Gaston Defferre et de l’alliance avec le PCF – ne l’empêchent de prendre la tête du groupe étudiant et de s’allier aux jeunesses du PCF et du PSU pour prendre l’A.G. locale de l’UNEF. Cela lui vaut des demandes d’exclusion mais le responsable des Jeunesses Socialistes, Pierre Mauroy, le couvre. Il en résulte une amitié qui favorise sa promotion au rang de secrétaire national des Étudiants socialistes et de secrétaire national adjoint des Jeunesses Socialistes (1965).

A sa sortie de l’E.S.J. (juin 1967), il s’inscrit en doctorat à l’I.F.P. de Paris mais gagne une bourse qui lui permet de travailler un mois à Europe 1. Après un séjour au Québec, il gagne une autre bourse qui lui permet de passer un mois aux États-Unis au sein d’un programme (Young leaders) auquel participe Gérard Carreyrou, Jean-Pierre Prévôt et Jean-Pierre Chevènement. De retour à Paris, il effectue un stage au Monde mais, celui-ci conditionnant son embauche au remplissage de ses obligations militaires, il doit effectuer son service. A sa sortie, il travaille pour Jean-Pierre Chevènement au sein du cabinet noir du ministre algérien de l’énergie. Il passe ainsi six mois à effectuer des études. Mais il ne cesse pas pour autant ses activités politiques.

Ainsi au conseil national qui suit Mai 68, il n’hésite pas à intervenir pour refuser le vote du quitus à la direction. De même, en tant que responsable des étudiants, il soutient toutes les démarches de rénovation interne dans un sens unitaire et se retrouve à la fois membre fondateur du CERES et du CEDEP. Il est toutefois plus proche du leader de ce dernier, Pierre Mauroy, dont il écrit les discours lors de sa campagne pour le premier secrétariat. Mais l’échec du congrès d’Issy-les-Moulineaux (juillet 1969) l’amène à reconsidérer ses perspectives de carrière politique. François Mitterrand, dont il vient de soutenir la candidature à contre-pied de son organisation, l’invite bien à rejoindre son équipe mais il préfère faire le choix du journalisme.

Il entre donc au service politique du Monde avec l’obligation de ne plus se manifester publiquement. Mais au bout de quelques mois, la direction du PS en la personne de Pierre Bérégovoy l’oblige à rendre sa carte.

Recruté pour ses connaissances des milieux étudiants et politiques, il porte d’abord son attention sur l’extrême gauche au point d’en tirer un livre en 1972 (Tout savoir sur le gauchisme, Filipacchi). Il suit ensuite le processus d’Union de la Gauche et de reconstruction du PS. Favorable à la démarche unitaire de Francois Mitterrand, il se définit pourtant comme un social-démocrate qui, attaché aux liens du parti avec le mouvement syndicaliste et mutualiste, se retrouve plutôt dans la sensibilité de Pierre Mauroy. Imperméable au marxisme, son soutien au Programme commun est d’ailleurs plus utilitariste qu’idéologique et son rapport au P.C.F. transparaît dans l’ouvrage qu’il publie avec André Laurens sur Les Nouveaux communistes (Stock, 1973).

Soutenant avec le reste de la rédaction la candidature Francois Mitterrand aux élections présidentielles de 1974, il se voit de nouveau proposer de rejoindre l’équipe de ce dernier. Son refus réduit alors ses rapports avec le premier secrétaire à des relations purement professionnelles. Parallèlement, il prend en 1976 des responsabilités éditoriales en remplaçant chez Balland Michèle Cotta à la direction de la collection « Face à face ». Il y édite plusieurs ouvrages en 1977 mais cela ne l’empêche d’aller chez Albin Michel publier, sur le modèle des Gaullistes de Pierre Viansson-Ponté, un ouvrage sur Les Socialistes (1977). Élaboré à partir de questionnaires envoyés aux dirigeants, ce livre lui vaut d’ailleurs une rupture totale de ses relations avec Mitterrand.

Il rompt aussi définitivement avec Chevènement à l’occasion des renégociations du Programme commun (été 1977) et ne ménage pas Francois Mitterrand après la défaite de 1978. Michel Rocard lui apparaît alors comme un homme du renouveau sans pour autant le prendre au sérieux et c'est donc toujours Pierre Mauroy qu’il soutient au congrès de Metz. Il a alors pris un certain poids au sein du Monde depuis qu’il s’est opposé, en tant que vice-président de la société des rédacteurs, au prolongement du mandat de Fauvet. Apparaissant alors au premier rang des futurs prétendants au pouvoir, il quitte le service politique pour intégrer le supplément du samedi. C'est là qu’il est encouragé à écrire un article virulent sur la Nouvelle Droite afin de discréditer Le Figaro Magazine.

Mais en mai 1979, des raisons familiales l’amènent à quitter Le Monde. C'est là que son ami Franz-Olivier Giesbert l’invite à rejoindre Le Nouvel Observateur et le met en contact avec Jean Daniel. Cherchant à professionnaliser le journal tout en évinçant Georges Mamy, ce dernier lui offre la direction du service politique.

Entrant rue d’Aboukir en septembre 1979, il tend dans un premier temps à se comporter comme un « colonel » du Monde, c'est-à-dire ayant la pleine maîtrise de sa rubrique. Mais il est très vite confronté à l’interventionnisme de Jean Daniel qui attribue lui-même la surface des articles politiques et sape son autorité auprès de journalistes qui, à l’instar de Kathleen Evin, refusent de se faire corriger par lui. Ne désirant pas s’investir à long terme dans l’hebdomadaire, il choisit donc d’en faire le minimum et de se contenter d’écrire ses papiers. Ceux-ci portant d’abord sur la gauche socialiste, il n’hésite pas à décrire, dans son premier article, Pierre Mauroy comme « Le 3e homme du P.S. pour 81 » (1er octobre 1979).

Mais à la suite d’un entretien avec Lionel Jospin en janvier 1980, il cesse de traiter du PS pour s’attacher essentiellement à la couverture de Matignon et de l’Élysée. Il effectue aussi quelques analyses de fond sur personnel politique ou sur la Nouvelle Droite. Mais il reste attaché à l’exécutif jusqu’à ce qu’il soit amené à couvrir la campagne présidentielle. S’il dénonce à cette occasion le masque du libéralisme giscardien. Mais il se brouille au sujet de la couverture Pourquoi Mitterrand peut gagner ? (n° 846 – 26 janvier 1981) et prend la décision de cesser sa collaboration après les élections. Et, à peine le gouvernement Mauroy constitué, il quitte le journal pour rejoindre son équipe. Il devient ainsi Conseiller du Premier Ministre pour la Communication.

Plus tard, Thierry Pfister devient éditeur chez Albin Michel.

[modifier] Publications

  • Le Gauchisme, 1972.
  • Les Socialistes, 1977.
  • La Vie quotidienne à Matignon du temps de l'union de la gauche, Paris, 1985.
  • Lettre ouverte à la Génération Mitterrand qui marche à côté de ses pompes, Paris, 1988.
  • La république des fonctionnaires', Albin Michel, 1988.

[modifier] Source

Entretien de Thierry Pfister avec François Kraus, Paris, 2004.