Théorie des Idées

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Par théorie des Idée, on entend la thèse platonicienne selon laquelle il existerait un domaine ontologiquement autonome où existeraient les concepts éthiques, mathématiques ainsi que des concepts généraux. Cette célèbre théorie est avec l'éthique, la philosophie politique et la cosmologie un des éléments les plus importants de la philosophie platonicienne.

Sommaire

[modifier] Evolution de la Théorie des Idées

La Théorie des idées chez Platon a connu une nette évolution qu’on peut schématiser ainsi :

  1. Dans les écrits présocratiques, il n’existe pas réellement de théorie des Idées. Le terme « eidos » ou « idea » apparaît certes dans certains dialogues mais il garde encore son sens non technique de « forme » ou d’aspect.
  2. À partir du Phédon, on constate une évolution. Platon commence à esquisser une analyse du concept d’ « eidos ». Dans beaucoup de dialogues de la période intermédiaire de Platon (La République, le Banquet), le concept d’idées se fait de plus en plus important pour même aboutir à une toute théorie exposée dans l’allégorie de la caverne.
  3. Il est courant d’affirmer que, dans ses dialogues tardifs, Platon a entamé une critique de la théorie des Idées et tout particulièrement dans le Parménide.

[modifier] Exposé général de la théorie des Idées

Platon a développé toute une philosophie des Idées. Selon lui, les Idées sont la vraie réalité, celle dont dérive l’être des choses dans le monde ; elles sont donc permanentes. Notre pensée implique un niveau qui ne provient pas de l’expérience, mais qui va influencer notre perception de l’expérience. L’expérience en effet ne nous permet pas d’atteindre l’absolu des Idées. Notre connaissance des Idées provient de ce que Platon appelle la réminiscence. Selon Platon, notre âme perd à sa naissance le clair souvenir des Idées. Le « je sais que je ne sais rien » de Socrate est ainsi un « Je sais que j’ai oublié » chez Platon où la connaissance vraie n’existe qu’au niveau des Idées. L’homme, quant à lui, se tient dans l’entre-deux, puisque même les réalités empiriques appartiennent au domaine de l’approximation.

[modifier] Qu'est-ce qu'une Forme intelligible ?

L'Idée, ou la forme (traduction du grec eidos) est :

  • une réalité invisible (elle est perçue par une intuition de l'esprit) ;
  • une essence immatérielle et éternelle ;
  • un archétype de la réalité.

« Il faut convenir qu'il existe premièrement ce qui reste identique à soi-même en tant qu'idée, qui ne naît ni ne meurt, ni ne reçoit rien venu d'ailleurs, ni non plus ne se rend nulle part, qui n'est accessible ni à la vue ni à un autre sens et que donc l'intellection a pour rôle d'examiner ; qu'il y a deuxièmement ce qui a même nom et qui est semblable, mais qui est sensible, qui naît, qui est toujours en mouvement, qui surgit en quelque lieu pour en disparaître ensuite et qui est accessible à l'opinion accompagnée de sensation. » (Timée, 5152)

Platon est un réaliste (ou un idéaliste objectif) : ce réalisme métaphysique consiste à soutenir la thèse de l'existence de formes ou d'archétypes extérieurs et indépendants de nous, archétypes qui servent de modèles aux choses du monde sensible, au devenir. Ce sont ces Formes qui constituent la réalité de toutes choses, leur essence par quoi nous pouvons les penser, permettant ainsi à la science d'avoir une assise immuable. Les choses du monde sensible, en perpétuel devenir, participent à ces archétypes, dont elles reçoivent le nom. Mais l'intelligibilité même des Formes est reçue d'une réalité que Platon situe au-delà de l'être, et qui est le Bien, comparable au soleil. C'est ce monde métaphysique auquel le philosophe aspire, et il doit s'efforcer de le contempler et de le connaître, autant que sa nature mixte (esprit et corps) y peut parvenir, en attendant d'y séjourner, après la mort (Phédon).

La dialectique ascendante
Monde intelligible Monde sensible
Science (épistèmé) Opinion (doxa)
Idées Objets mathématiques Objets sensibles Ombres des objets sensibles
Connaissance rationnelle intuitive Connaissance rationnelle discursive Croyances Imaginations

[modifier] La Théorie des Idées en question

Il faut noter que, malgré la multiplicité des ouvrages publiés sur le sujet, la présence d’une théorie des Idées chez Platon est souvent mise en cause. À la fois Erik Voegelin, Leo Strauss, Mathieu de Ménonville, Harald Hutter et Michel Hellman ou bien Wolfgang Wieland ont tenté de réfuter, par une exégèse détaillée des dialogues platoniciens, que l’on puisse trouver une « théorie des Idées » chez Platon, que ce soit dans le Parménide, dans les images mythiques du Phèdre ou dans la République.