Système d'échange local

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Un système d'échange local (ou « SEL ») est un système d'échange alternatif, construit à côté du système d'échange économique dominant. Les SEL sont des associations déclarées ou de FAIT à but non lucratif, implantés localement, et qui permettent à leurs membres de procéder à des échanges de biens, de services et de savoirs sans avoir recours à la monnaie traditionnelle.

Sommaire

[modifier] Fondations

Les promoteurs d'un SEL cherchent à construire concrètement et immédiatement un système plus satisfaisant selon eux que le système monétaire habituel. Ils appartiennent souvent à la mouvance dite antilibérale, car ils voient au système en vigueur des défauts (mauvaise valorisation du temps disponible notamment des chômeurs, inégalité de départ et inégalité à l'arrivée, poids exorbitant de la spéculation financière, et des multinationales qui profitent de la mondialisation, etc.).

Néanmoins, les libéraux font remarquer les points communs avec une économie de marché[1] : indépendance par rapport à l'État, définition de leur propres règles sociales sans référence à la règle commune, monnaie privée, maintien de la propriété privée, etc. Les SEL ne feraient que « réinventer le marché ». Néanmoins, ils ont l'inconvénient de promouvoir une société close et protectionniste au lieu d'une société ouverte.

L'échange se base généralement sur une conception objective de la valeur, proche de la vision d'Adam Smith ou de David Ricardo, et non sur la conception subjective de la valeur, plus communément acceptée actuellement, de l'école autrichienne d'économie. Ainsi, pour certains sels favorisant la solidarité et le lien social, une heure d'échange vaut une heure, que l'on ait fait une tache qualifiée ou non ; on gagne 100 unités que l'on ait fait du nettoyage ou donné un cours de physique quantique.

La monnaie des SELs est souvent limitée à sa fonction d'échange et d'unité de mesure, elle ne remplit pas la fonction d'épargne (et ses corollaires : taux d'intérêt, spéculation ...)[réf. nécessaire]. La pensée "seliste" critique l' individualisme. Aussi, l'idée d'entraide qui est la clé de la pensée "seliste" rompt de manière très nette avec la démarche du libéralisme économique[réf. nécessaire]. Sur de nombreux points, on pourrait rapprocher les systèmes d'échanges locaux des projets du socialisme utopique.

[modifier] Intérêt

Selon ses défenseurs, si l'intérêt fondamental des SEL est de permettre de nouvelles activités et d'introduire de nouveaux flux monétaires, afin de pallier le manque de monnaie traditionnelle des participants, ils permettent surtout de créer des liens plutôt que de créer des biens dans le groupe, qui s'assimile finalement à un grand groupe d'entr'aide.

[modifier] Organisation

Un SEL est une structure associative déclarée ou libre qui permet aux adhérents de pratiquer des échanges multilatéraux valorisés en monnaie fictive et autonome (souvent basée sur le temps passé) au nom varié (grain de SEL, cacahuète, truffes, bouchons, noix de coco...), et des échanges libres (souvent à caractère de service plus qu'à caractère matériel). Le SEL utilise une unité de valeur pour les échanges monnaie, il est construit pour gérer cette unité et là n'est pas la principale difficulté, même si les règles monétaires peuvent être complexes et très différentes des règles courantes (monnaie non capitalisable, etc.).

Il est donc possible à tous les membres du système d'échanger des services au travers de cette nouvelle économie. Une personne pourra ainsi être créditée de 100 grains de SEL en gardant des enfants pendant une soirée avant d'aller les dépenser ailleurs en cours de guitare par exemple. La valeur d'un service est généralement dictée en fonction du temps qu'il nécessite. Il n'y aura ainsi pas de différence entre une heure de cours de maths et une heure de jardinage. Cependant, chaque SEL à sa propre logique, et il peut y avoir plusieurs mesures dans certains cas (notamment dans les SEL qui ne se sont pas affranchis de la référence à l'euro). C'est pourquoi de nouveaux types de SEL, appelés SELT, ont émergé ces dernières années. L'unité de mesure étant le temps, on perd la notion de monnaie et tous les « mauvais réflexes » qu'elle peut induire, à condition de comptabiliser strictement le temps passé (i.e. de ne pas comptabiliser plus ou moins de temps comptable que de temps réel). Ce nouveau type de SEL est cependant plus long à mettre en place.

Une autre approche des SEL (en expérimentation à Abbeville dans la Somme 80100), avec comme entrée l'insertion. Sur un terreau convivial subsistant (et propre à tous les SEL), il s'agit d'œuvrer à la 'récupération' des publics marginalisés par notre société (allocataires notamment). Soit l'inverse d'une sortie du capitalisme, puisque tout est axé sur une démarche mimétique vis-à-vis des règles sociales et économiques existantes. Car le travail informel est aussi un formidable outil de maintien et de développement des compétences, ceci en vue d'une valorisation monétaire sur le marché du travail...

[modifier] Aspect légal

En France, les transactions réalisées dans le cadre du SEL sont exonérées de T.V.A. et d’impôts que dans la mesure où il s’agit d’une activité non répétitive et ponctuelle, type « coup de main » et n’entrant pas dans le cadre d'une profession.

En 1998, le procès en appel de trois adhérents du SEL Pyrénéen a abouti à leur relaxe. En septembre 1996, dans un petit village de l’Ariège, deux adhérents du SEL ont aidé un troisième à réparer son toit. Après dénonciation d’un voisin et enquête de la gendarmerie, les trois adhérents ont été poursuivis pour travail clandestin et utilisation de travailleurs clandestins, condamnés par le Tribunal de Foix le 06/01/98 puis relaxés en appel à Toulouse le 17/09/98 car les conditions caractérisant un travail clandestin n'étaient pas réunies.

Mais, toujours en France, si dans le cadre d'un SEL on se livre à une activité répétitive ou entrant dans le cadre de son métier, on se doit de le déclarer aux organismes concernés.

[modifier] Historique

Les premiers Sel sont apparus en Europe dans les années 1930.[réf. nécessaire]. Le premier SEL sur le continent américain (LETS en anglais, pour Local Exchange Trading System) a été fondé au Canada, dans les années 1980. Michael Linton, écossais, qui vivait sur l'île de Vancouver, voulait ainsi aider les habitants de cette région touchée par le chômage. Il a donc proposé de créer un système basé sur le troc, dans une grande communauté, à l'aide d'une monnaie locale, le green dollar.

L'expérience fut plutôt positive, malgré les réticences de certains éléments clés de la région. Elle a duré cinq ans, avant de s'arrêter, suite à des problèmes internes de bureaucratie trop lourde et manquant de transparence, ce qui a amené une perte de confiance des adhérents. Une vingtaine de systèmes semblables avaient cependant été lancés un peu partout en Amérique du Nord entre temps.

Le premier SEL moderne de France a été créé en 1994, en Ariège. Dix ans après, il y a près de 300 SEL dans 96 départements, de tailles plus ou moins modestes (de 2 à quelques centaines de membres) suivant les régions, qui permettent à plus de 20 000 personnes de procéder à des échanges.

On en trouve aussi en Australie, au Japon ou en Amérique Latine.

[modifier] Notes et références

  1. Les SEL sur wikibéral

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Lien externe