Sterne arctique

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Sterne arctique
Sterne arctique sur les Îles Farne (Northumberland)
Sterne arctique
sur les Îles Farne (Northumberland)
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-règne Vertebrata
Classe Aves
Ordre Ciconiiformes
Famille Laridae
Genre Sterna
Nom binominal
Sterna paradisaea
Pontoppidan, 1763
Répartition géographique

     /    habitat d’été
     /    habitat d’hiver
     /    migration

Statut de conservation IUCN :


LC  : Préoccupation mineure

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La Sterne arctique (Sterna paradisaea) est un oiseau marin de la famille des laridés. Cet oiseau a une répartition circumpolaire et niche en colonie dans les régions arctiques et subarctiques de l’Europe, de l’Asie et de l'Amérique du Nord (jusqu’en Bretagne et au Massachusetts). L’espèce est un oiseau migrateur et est témoin de deux étés chaque année puisqu’elle effectue un aller-retour à partir de ses aires de reproduction dans le nord jusqu’aux océans près de l’Antarctique où elle hiverne (environ 38 000 km). Il s’agit de la plus importante migration régulière connue chez les animaux.

Les Sternes arctiques sont de taille moyenne. Elles mesurent de 33 à 36 centimètres de long avec une envergure de 76-85 cm. Le plumage des adultes est gris sur les parties supérieures avec la nuque et la calotte noires et les joues blanches. Le bec, les pattes et les doigts palmés sont rouge foncé.

Les Sternes arctiques peuvent vivre jusqu’à 20 ans. Elles mangent surtout du poisson et de petits invertébrés marins. C’est une espèce abondante avec une population estimée à 1 million d’individus. Bien que les tendances des populations ne soient pas connues, l’exploitation de cette espèce dans le passé a réduit les populations au sud de son aire de répartition.

Sommaire

[modifier] Morphologie

La Sterne arctique est un oiseau de taille moyenne : environ 33-36 centimètres de long du bout du bec jusqu’au bout de la queue. L’envergure varie de 76 à 85 cm[1]. Les individus pèsent de 86 à 127 grammes. Comme chez la plupart des sternes, le ratio ailes corps est élevé et la queue est fortement fourchue[1].

Elles possèdent un plumage surtout gris et blanc avec des joues, un croupion et un front blancs, et les pattes et les doigts palmés sont rouges. Le bec est également rouge, droit, avec un gonys marqué et il est aussi long que la tête. La nuque et la calotte sont noires. Le manteau gris mesure 305 millimètres et les scapulaires sont bordés de brun avec quelquefois un bout blanc. Les couvertures alaires supérieures sont grises avec le bord d’attaque blanc et la région près du bout des ailes est translucide. La queue blanche est fortement fourchue avec le rebord des pointes gris. Les deux sexes se ressemblent physiquement. Le plumage hivernal est semblable mais la calotte est plus blanche et le bec est plus foncé[1].

Une Sterne arctique en vol.
Une Sterne arctique en vol.

Bien que la Sterne arctique ressemble physiquement à la Sterne pierregarin et à la Sterne de Dougall, sa coloration, son profil et son cri sont légèrement différents. Comparativement à la Sterne pierregarin, ses pattes sont très courtes, les deux pointes de sa queue plus longues et son bec est d’une couleur uniforme. Elle diffère de la Sterne de Dougall par la coloration un peu plus foncée et les plus longues ailes.

Les juvéniles diffèrent des adultes par leurs pattes et leur bec noirs, l’apparence écaillée des ailes, les plumes à bout noir du manteau, une bande foncée sur les ailes et les pointes de la queue plus courtes[1]. Durant leur premier été, les juvéniles ont également le devant de la calotte plus blanc[2].

[modifier] Comportements

[modifier] Alimentation

Le régime alimentaire des Sternes arctiques varie selon l’endroit et la saison mais est essentiellement carnivore. Dans la plupart des cas, les sternes se nourrissent de petits poissons ou de crustacés marins[3],[1]. Les poissons occupent la plus grande part de la biomasse consommée de l’alimentation. Les proies sont des individus immatures (1-2 ans) d’espèces vivant en bancs comme les harengs, les morues, les Ammodytidaes et les capelans[4]. Parmi les crustacés marins consommés, on retrouve les amphipodes, les crabes et le krill. Les Sternes arctiques consomment parfois des mollusques, des vers marins, des baies et, dans les régions de nidification plus nordiques, des insectes[5].

Les Sternes arctiques rasent quelquefois la surface de l’eau pour capturer les proies près de la surface. Elles peuvent également chaser les insectes en vol pendant la saison de reproduction[5]. Il semble que les Sternes arctiques, malgré leur petite taille, puissent occasionnellement utiliser le kleptoparasitisme en effectuant des piqués vers d’autres oiseaux qui, sous l’effet de la surprise, laissent alors tomber leurs proies [5]. Plusieurs espèces sont visées par ce comportement, des conspécifiques, d’autres espèces de sternes (comme la Sterne pierregarin), des pingouins et des grèbes[6].

[modifier] Comportement social

Cette espèce possède de nombreux cris; les deux plus communs étant le « cri d’alarme » utilisé lorsque des prédateurs potentiels (comme les humains ou d’autres mammifères) entrent dans les colonies, et le   « advertising call »  ⇔  « cri signalisateur »[6]. Le cri signalisateur est de nature sociale, utilisé lorsque les individus retournent à la colonie et lors de contacts agressifs entre les individus. Chaque Sterne arctique possède un cri signalisateur spécifique ce qui permet d’identifier les individus et donne aux cris signalisateurs un rôle semblable à celui du chant des passereaux. Huit autres types de cris ont été décrits, du piaillement des femelles pour réclamer de la nourriture lors de la parade nuptiale aux « cris d’attaque » utilisés lors des vols piqués sur les intrus. Le cri de la Sterne arctique est plus nasal et râpeux que celui de la Sterne pierregarin et est facilement reconnaissable de celui de la Sterne de Dougall[7].

Lors de la nidification, les Sternes arctiques sont sensibles à la prédation par les chats et autres animaux[3]. En plus d’être en compétition pour les sites de nidification, le Goéland argenté, plus gros, vole les œufs et attaque les oisillons. L’utilisation de sites de nidification isolés permet de réduire la prédation tout comme la coloration naturelle des œufs qui aide ceux-ci à être camouflés[8].

Les labbes, les goélands et d’autres espèces de sternes vont souvent harceler les Sternes arctiques pour leur voler leur nourriture[9].

[modifier] Reproduction

Un juvénile Sterne arctique aux îles Farne, Northumberland.
Un juvénile Sterne arctique aux îles Farne, Northumberland.

La reproduction s’effectue dans des colonies localisées sur les côtes, les îles et parfois dans la toundra près de plans d’eau à l’intérieur des terres. La Sterne arctique forme parfois des colonies mixtes avec la Sterne pierregarin et la Sterne caugek.

Les Sternes arctiques s’accouplent pour la vie et dans la plupart des cas, retournent à la même colonie année après année[10]. Les individus commencent à se reproduire à l’âge de trois ou quatre ans[11]. La parade nuptiale est élaborée, surtout chez les individus nichant pour la première fois[12]. La parade commence avec un soi-disant « vol à haute altitude », où la femelle poursuit le mâle jusqu’à une altitude élevée pour ensuite redescendre lentement. Cette démonstration est suivie de « vols de poisson » où le mâle offre des poissons à la femelle. Au sol, la parade consiste à se déplacer la queue levée et les ailes baissées. Généralement, les deux individus s’envolent ensuite et forment des cercles l’un autour de l’autre[12].

Les parents choisissent ensemble le site de nidification. Pendant le processus de sélection du nid, le mâle continue à nourrir la femelle. L’accouplement a lieu peu après[12]. Le nid est placé dans une simple dépression dans le sol qui est parfois recouvert avec des brins d’herbe ou d’autres matériaux semblables. Le femelle pond normalement deux couvées par saison, chaque couvée comprenant de 1 à 3 œufs[1]. Les œufs sont tachetés et camouflés[1]. Les deux sexes incubent. Les jeunes éclosent de 22 à 27 jours après la ponte et quittent le nid de 21 à 24 jours après l’éclosion[1]. Si les parents sont dérangés et donc quittent le nid fréquemment, la période d’incubation peut continuer jusqu’à 34 jours[6].

Les deux sexes défendent le nid. C’est l’une des espèces de sternes les plus agressives, défendant avec férocité son nid et ses oisillons. Les parents attaquent les humains et les grands prédateurs, généralement en donnant des coups sur le dessus ou l’arrière de la tête. Bien que la Sterne arctique soit trop petite pour causer des blessures graves, elle est tout de même capable de faire saigner ses victimes[4]. D’autres espèces d’oiseaux nichent à proximité des Sternes arctiques et tirent bénéfice de leur défense des colonies.

À l’éclosion, les oisillons sont couverts de duvet. Ni nidicole, ni nidifuge, les oisillons commencent à se déplacer et à explorer de 1 à 3 jours après l’éclosion[5]. Habituellement, ils restent à proximité du nid. Les oisillons sont couvés par les adultes lors des dix jours suivant l’éclosion[13]. Les deux parents s’occupent des juvéniles[1]. Le régime alimentaire des oisillons inclue toujours des poissons et les parents amène progressivement aux juvéniles des proies plus grandes que ce qu’ils pourraient eux-mêmes avaler[6]. Les mâles ramènent plus de nourriture que les femelles. Les parents nourrissent les juvéniles pendant environ un mois avant de lentement les sevrer[1]. Après l’envol initial, les juvéniles apprennent à se nourrir par eux-mêmes, entres autres en utilisant la technique difficile du  plunge-diving  ⇔  plongeon[8]. Ils s’envoleront vers le sud pour hiverner avec l’aide de leurs parents[14].

Les Sternes arctiques vivent longtemps et passent un temps considérable à élever un faible nombre d’oisillons. Elles utilisent donc une stratégie K[15]. La longévité maximale observée chez cette espèce est de 34 ans[16]. Une longévité de 20 ans ne semble pas inhabituelle[10], puisque une étude aux îles Farne a estimé le taux annuel de survie à 82%[17].

[modifier] Répartition et habitats

[modifier] Répartition

Une Sterne arctique en Finlande.
Une Sterne arctique en Finlande.

La Sterne arctique a une répartition circumpolaire mondiale. Son aire de répartition est estimée à environ 10 millions de kilomètres carrés[18]. Durant l’été de l'hémisphère nord, on la retrouve dans les zones côtières des régions tempérées plus fraîches de l'Amérique du Nord et de l’Eurasie. Sur son aire d’hivernage pendant l’été de l'hémisphère sud, elle fréquente la haute mer et se rend jusqu’aux glaces de l’Antarctique[3].

[modifier] Migration

La Sterne arctique est célèbre pour sa migration; elle fait l’aller-retour à partir de son aire de reproduction en Arctique jusqu’en Afrique Australe, en Australie ou en Antarctique chaque année. Chaque trajet dure quatre mois environ. Annuellement, les oiseaux parcourent en tout 38 000 km ce qui leur permet d’être soumis à deux saisons estivales par année et à plus de lumière que toute autre créature sur la planète[4]. Au cours de sa vie, un individu moyen parcourra environ 805 000 km – une distance équivalente à un aller-retour sur la lune[19]. Un exemple des habiletés remarquables de vol de longues distances de cette espèce est celui d’un oisillon encore au nid bagué aux îles Féroé, Northumberland, Grande-Bretagne, à l’été 1982. Cet individu atteignit Melbourne, Australie en octobre 1982, ce qui représente un voyage en mer de plus de 22 000 km seulement trois mois après le premier envol[20]. Un autre exemple est celui d’un oisillon bagué au Labrador, Canada, le 23 juillet 1928. Il a été retrouvé en Afrique du Sud quatre mois plus tard[21].

Les Sternes arctiques migrent habituellement au dessus des mers, loin des zones côtières[1] ce qui lui permet de se nourrir tout au long du voyage avec des poissons qu'elle pêche en plongeant dans l'eau. En conséquence, elles sont rarement observées à partir de la terre ferme en dehors de la saison de reproduction.

[modifier] Systématique

Il n’y a pas de sous-espèces reconnues. Les plus proches parents de la Sterne arctique sont des espèces du pôle Sud, la Sterne hirundinacée (Sterna hirundinacea), la Sterne de Kerguelen (S. virgata) et la Sterne couronnée (S. vittata)[22]. Sur les aires d’hivernage, la Sterne arctique se différencie de ces espèces par le fait qu’elle est en plumage d’hiver pendant l’été austral. De plus, les espèces du pôle Sud n’ont pas le bout des rémiges sombre.

[modifier] La Sterne arctique et l'homme

[modifier] Statut et préservation

Gros plan d’une Sterne arctique.
Gros plan d’une Sterne arctique.

En certains endroits, les Sternes arctiques sont considérées menacées ou de statut préoccupant. L’espèce a connu des déclins en Nouvelle-Angleterre à la fin du 19e siècle à cause de la chasse pour le commerce des chapeaux[6]. L’exploitation de cette espèce continue dans l’ouest du Groenland, où les populations ont connu des déclins importants depuis 1950[23].

Au sud de son aire de répartition, la Sterne arctique diminue en nombre. Cela semble dû à des pénuries de nourriture[2]. Cependant, la majeure partie de son aire de répartition est extrêmement difficile d’accès et il n’y a pas de tendance apparente pour les populations globales de l’espèce[5].

Depuis 1988, Birdlife International considère cette espèce comme étant de préoccupation mineure, puisqu’il semble y avoir environ un million d’individus de par le monde[18]. L'Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie s’applique aux Sternes arctiques[24].

[modifier] Philatélie

La Sterne arctique apparaît sur les timbres de plusieurs pays (Canada, Finlande, Islande et Cuba) et territoires (Îles Féroé, Aurigny et Aland)[25].

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Sterne arctique.

Wikispecies, le répertoire du vivant a une entrée pour : « Sterne arctique ».

[modifier] Références taxonomiques

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. abcdefghijk Handbook of the Birds of the World vol. 3, Lynx Edicions, 1996, 653 p.
  2. ab Steve N.G. Howell, National Geographic Complete Birds of North America, National Geographic Society, 2006, 272–73 p.
  3. abc Royal Society for the Protection of Birds, « Arctic tern »
  4. abc Birds of the Western Palearctic, S. Cramp, 1985, 87–100 p.
  5. abcde Kenn Kaufman, Lives of North American birds, Houghton Mifflin, 1996, 260 p.
  6. abcde J.J. Hatch, Arctic Tern (Sterna paradisaea), 2002, 707 p.
  7. Klaus Malling Olson, Terns of Europe and North America, Princeton University Press, 1995
  8. ab Perrins p. 269
  9. Perrins p. 271
  10. ab Firefly Encyclopedia of Birds, Firefly Books, 267 p.
  11. Oscar Hawksley, « Ecology of a breeding population of Arctic Terns », 1957
  12. abc Perrins p. 268
  13. Klaassen, M; Bech, C; Masman, D; Slagsvold, G, « Growth and energetics of Arctic tern chicks (Sterna paradisaea) », 1989
  14. National Audubon Society, « Arctic Tern (Sterna paradisaea) »
  15. Elizabeth A. Schreiber, Biology of Marine Birds, CRC Press, Boca Raton, 2001
  16. Jeremy J. Hatch, « Longevity record for the Arctic Tern », 1974
  17. J.M. Cullen, Plumage, age and mortality in the Arctic Tern, vol. 4, 1957, 197–207 p.
  18. ab Birdlife International, « Arctic Tern — BirdLife Species Factsheet »
  19. British Trust for Ornithology, « Terns (Family Sternidae) »
  20. A. Heavisides, Birds in Northumbria 1982, Tyneside Bird Club, 1983
  21. Birds of Nova Scotia: Arctic Tern, Nova Scotia Museum of Natural History
  22. E.S. Bridge, A.W. Jones; & A.J. Baker, « A phylogenetic framework for the terns (Sternini) inferred from mtDNA sequences: implications for taxonomy and plumage evolution », 2005
  23. K. Hansen, Threats to wildlife in Greenland, 2001, 1–2 p.
  24. AEWA, « African Eurasian Waterbird Agreement Annex II: Species list »
  25. Chris Gibbons, « Arctic Tern stamps »