Sous-commandant Marcos

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Marcos.
Le sous-commandant Marcos et le commandante Tacho lors d'un meeting à La Realidad, Chiapas, 1999
Le sous-commandant Marcos et le commandante Tacho lors d'un meeting à La Realidad, Chiapas, 1999

Le Sous-commandant Insurgé Marcos (en espagnol : Subcomandante Insurgente Marcos) (19 juin 1957) qui se fait appeler désormais El Delegado Zero (le délégué zéro) est le principal dirigeant et le porte-parole de l'armée zapatiste de libération nationale (EZLN), groupe révolutionnaire mexicain, dont les effectifs sont les plus actifs au Chiapas depuis leur soulèvement en 1994. Combattant à l'origine pour les indigènes et la justice sociale, il s'est également rapproché du mouvement altermondialiste.

Sommaire

[modifier] Le sous-commandant Marcos

En 1995, le président mexicain de l’époque, Ernesto Zedillo, révélait que le sous-commandant Marcos était en fait un ancien professeur de l'Université autonome métropolitaine de Mexico (en espagnol : Universidad Autónoma Metropolitana ou UAM), Rafael Sebastián Guillén Vicente.

Selon les dires de sa famille, qui refuse de confirmer qu'il est Marcos, Rafael Sebastián Guillén Vicente serait né le 19 juin 1957 dans la ville de Tampico (au nord du Mexique) dans une famille très aisée. Son père, Alfonso Guillén, simple vendeur de journaux (ce n'est pas l'avis de tous il existerait d'autres versions sur l'origine de la fortune de cette famille) fît fortune grâce à un commerce de vente de meubles qu'il développa.

C’est à l'Institut Culturel de Tampico que Guillén Vicente s'intéressa aux enseignements de la Théologie de la libération et commença l'élaboration de son « compromis social ». A 20 ans, en 1977, il décide de poursuivre des études de philosophie et de lettres ce qui est un luxe au Mexique car peu des étudiants sortants trouvent un emploi. Motivé et talentueux, il termine sa licence en trois ans (au lieu de cinq habituellement) et reçoit la médaille Gabino Barreda, honorant le meilleur étudiant de l'UNAM. Cette récompense lui fut remise en mains propres par le président mexicain José López Portillo (membre du PRI). C’est aussi à cette époque que Guillén Vicente définit et affirme ses idées révolutionnaires à partir de l'étude des écrits d'Althusser, de Foucault, de Marx et d'Engels.[réf. nécessaire]. Marcos affirme plus tard préférer aux œuvres de tous ces savants auteurs le Quijote[1] de Cervantes.

Durant les années 1980, il fit quelques séjours au Chiapas afin de travailler à l’organisation de projets de santé, de syndicats de travailleurs et à la mise en place de cours de premiers soins et de communication radio. Les services de renseignement mexicains et l'ancien correspondant du Monde au Mexique Bertrand de la Grange[2] lui imputent par ailleurs un voyage à Cuba pour y effectuer divers stages de formation politique.

En 1983, Guillén Vicente se voit offrir un poste de professeur en Sciences et Arts. On dit qu'à cette époque s'était constitué au sein de l’université un noyau de professeurs révolutionnaires qu'il fréquenta. Ses idées révolutionnaires le poussent dès février 1984 à remettre sa démission et à s’engager résolument dans ce qu’il pense être la praxis.

Quand il rejoint, en 1984[réf. nécessaire], l’EZLN, formée un an auparavant, Marcos aurait occupé le cinquième poste en importance dans la hiérarchie militaire zapatiste. l’EZLN était alors conduite par Fernando Yáñez, alias Raúl o Germán. En janvier 1993, le Comité clandestin révolutionnaire indigène - commandement général (CCRI-CG) des forces zapatistes le nomme chef de l’armée zapatiste, responsable de la guérilla. Depuis le soulèvement zapatiste de 1994, il est de surcroît porte-parole des forces zapatistes et du Comité clandestin révolutionnaire indigène de l’Armée zapatiste de libération nationale.

À titre de porte-parole, le sous-commandant Marcos doit son renom international, en particulier auprès de la gauche intellectuelle européenne, à son talent littéraire, ses formules poétiques et son sens de l'humour. Par exemple, afin de faire prendre conscience de la situation sociale extrêmement précaire de certains indigènes il relate dans l'anecdote suivante comment un indigène du Chiapas, qui ne connaissait de l'espagnol que les mots "oui" et "non" et qui s'était trompé en répondant lors de son interrogatoire, fut emprisonné pour parricide, cependant l'homme qui venait lui apporter des vivres chaque jour était bel et bien son père ! Lors du soulèvement de 1994 les zapatistes le libérèrent et le remplacèrent en prison par ses gardiens.

Marcos a fait évoluer son discours au fil des années, passant du marxisme à l'altermondialisme sans pour autant déposer les armes. Ses communiqués sont lus comme des histoires, des contes. Récemment, il a publié un roman d'aventures à quatre mains avec l’auteur mexicain Paco Ignacio Taibo II, Des morts qui dérangent.

Le personnage de Marcos repose également sur son insistance à ne se présenter en public que masqué de son célèbre passe-montagne.

Selon les zapatistes, le passe-montagne qu’ils arborent sert autant à leur protection personnelle que de symbole pour leur mouvement, rappelant ainsi qu'ils luttent pour les "citoyens aliénés", ceux qui n’ont "ni voix ni visage pour personne". Ils mentionnent également que les indigènes utilisent eux-mêmes des paliacates, foulards colorés traditionnels du Mexique, notamment pour se cacher des photographes. Après le succès de "l'autre campagne" ("la otra campaña") de l'EZLN, le mouvement zapatiste devient un véritable mouvement social, politique et culturel. Son discours est diffusé tous azimuts et la population mexicaine modeste y est très sensible ; en effet les zapatistes réfléchissent en assemblées à des solutions à apporter pour toutes et tous, ce qui les amena à s'affirmer explicitement "anticapitalistes" dans la Sixième Déclaration[3] de la forêt Lacandone, en juin 2005. L'EZLN, dans les zones qu'elle occupe au Chiapas, a créé des conseils de bon gouvernement[4] où le peuple d'en bas est seul à décider au final. "Commander en obéissant, voilà le mot d'ordre" ; leur système est en fait fondé sur "une authentique démocratie directe".

[modifier] Hommage

En 1996, le groupe Noir Désir rend hommage au sous-commandant Marcos dans sa chanson "A ton étoile" (issue de l'album 666.667 Club) :

A Marcos/A la joie/A la beauté des rêves/A la mélancolie/A l'espoir qui nous tient/A la santé du feu/Et de la flamme/A ton étoile.

[modifier] Bibliographie

  • Mexique, calendrier de la résistance, Rue des Cascades, Paris, 2007 ISBN 978-2-917051-00-9
  • Des morts qui dérangent Paco Ignacio Taibo II et le Sous-commandant Marcos, (titre original en espagnol : Muertos incómodos) Ed. Payot et rivages 2005.
  • Don Durito de la forêt lacandone, Éditions de la mauvaise graine, Lyon, 2004 ISBN 2-915013-08-X
  • Depuis les montagnes du sud-est du Mexique. Ouvrage collectif
  • Contes Maya, l'Esprit frappeur, Paris, 2001 ISBN 2-84405-155-3
  • Chiapas : Le Sud-Est en deux vents, un orage et une prophétie in Coffret dix textes contre, Mille et une nuits, Paris, 1996 (fr) texte
  • Ya basta!
    • tome 1, Les insurgés zapatistes racontent un an de révolte au Chiapas, Dagorno, Paris, 1996 ISBN 2-910019-33-0
    • tome 2. Vers l'internationale zapatiste, Dagorno, Paris, 1996 ISBN 2-910019-34-9
Communiqués parus isolément
Sur le sous-commandant Marcos et l' EZLN
  • L'Autonomie, axe de la résistance zapatiste, Raúl Ornelas Bernal, Rue des Cascades, Paris, 2007 ISBN 978-2-917051-01-6
  • EZLN : 20 et 10, le feu et la parole. Gloria Muñoz Ramírez, ed. Nautilus, Paris, 2004.
  • Marcos, le Maître des Miroirs, Manuel Vázquez Montalbán, Mille et une nuits
  • Sous-commandant Marcos, la géniale imposture, Bertrand de la Grange, Maite Rico, Plon/Ifrane, 1998
  • Le rêve zapatiste, Yvon Le Bot entretien avec le Sous-Commandant Marcos, ed. du Seuil, Paris, 1997 ISBN 2-02-031011-2
  • Marcos, la dignité rebelle - Entretien avec le sous-commandant Marcos, Ignacio Ramonet avec le Sous-Commandant Marcos.
Sources et références

[modifier] Voir aussi

Articles connexes
Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Voir l'entretien de Raymundo Reynoso avec le sous-commandant Marcos en novembre 2006, traduit par Ángel Caído sur le site du CSPCL [1]
  2. Voir l'article de Cécile Dumont pour la revue Volcans "Bertrand de La Grange, un journaliste en croisade" [2]
  3. Voir la traduction par Ángel Caído de la Sixième Déclaration sur le site du CSPCL [3]
  4. Voir Mexique, calendrier de la résistance, du sous-commandant insurgé Marcos, traduit par Ángel Caído et publié en 2007 à Paris par les éditions Rue des Cascades