Sociologie du vote

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sociologie
Portail *
Branches classées
par domaine
Art
Connaissance
Développement
Économique
Éducation
Étude des genres
Famille
Juridique
Mouvements sociaux
Organisations
Politique
Rapports sociaux
Religions
Réseaux sociaux
Sciences
Sociolinguistique
Travail
Urbaine
toutes
Listes
Branches
Centres de recherche
Concepts
Histoire
Publications et Revues
Sociologues
Théorie

La sociologie du vote est la branche de la sociologie politique qui étudie en particulier le vote et ses déterminants sociologiques. On peut la confondre avec la sociologie électorale dans la mesure où l'essentiel des scrutins considérés ont lieu dans le cadre de l'élection de personnes.

[modifier] Objets

[modifier] L'orientation des votes

Historiquement, la sociologie du vote s'est surtout concentrée sur l'étude des déterminants sociologiques de l'orientation des votes et des sympathies politiques, des déterminants qui lui sont apparus très nombreux. Parmi ceux qui ont été les plus analysés, on trouve l'âge, la classe sociale ou le genre. En ce qui concerne ce dernier, il en ressort que la tendance des femmes à voter un peu plus à droite que les hommes durant les premières décennies qui ont suivi leur accès aux urnes s'est estompée, en tout cas en France, en raison de l'entrée massive des femmes sur le marché du travail et de l'homogénéisation des conditions de vie qui s'en est suivie. Ainsi, le genre n'y est plus un indice important des sympathies politiques.

D'autres critères également très étudiés sont les critères religieux, les indicateurs principaux étant l'assistance aux offices ou la prononciation d'une prière du soir. En France, celles-ci sont favorables à la droite quelle que soit le culte considéré. Pour le reste, il existe aussi de très nombreuses études sur l'importance du patrimoine et du réseau familial. À chaque fois, les résultats ne montrent que de très légères tendances moins ancrées que celles que l'on pourrait prévoir.

On notera que l'un des critères les plus originaux jamais mis en avant par un politologue est celui de la composition du sol dans la zone où résident les personnes étudiées. Dans Paysans de l'Ouest, c'est un des critères qu'utilise Paul Bois (à la suite d'André Siegfried, dans Le tableau politique de la France de l'Ouest, 1913). Une étude approfondie du vote dans la Sarthe lui permet de montrer que certains sols sont de nature à susciter des votes opposés dans l'isoloir, la végétation et les paysages qu'ils permettent structurant différemment les rapports humains en surface.

Espace social et tendance de vote (Pierre Bourdieu, Raisons pratiques, Seuil, coll. Points, 1996, p. 21)
Espace social et tendance de vote (Pierre Bourdieu, Raisons pratiques, Seuil, coll. Points, 1996, p. 21)

Depuis la fin des années 1980, les recherches menées en sociologie du vote en France ont essayé de minorer l'influence des déterminants sociaux pour leur préférer la vision d'un électeur « libre » de toute contrainte, uniquement mû par les programmes, la manière dont les médias arbitrent la compétition interpartisane ou la personnalité des candidats. Mais elles ont construit ainsi un électeur fictif à partir de données issues des sondages effectués par des entreprises privées commerciales, les instituts de sondage, en négligeant les limites de la fiabilité de ces données. Leurs conclusions sont souvent décriées comme étant plus idéologiques que scientifiques. Les chercheurs qui vont au contact des électeurs et ne sous-traitent pas leurs enquêtes montrent que les citoyens-électeurs continuent d'être déterminés socialement, notamment par leur génération, leur catégorie socio-professionnelle, leur diplôme, leur région ou leurs revenus.

[modifier] La participation

Récemment, la montée de l'abstention dans les sociétés démocratiques a conduit la sociologie du vote à se pencher davantage sur les raisons de la participation au vote, laquelle était jusqu'ici tenue pour normale. Il en ressort qu'il existe un véritable « cens caché » (pour reprendre une expression de Daniel Gaxie) qui conduit des votants à s'exclure d'eux-mêmes des bureaux de vote.

Comme le montre également Pierre Bourdieu, les citoyens qui s'abstiennent d'aller voter en raison d'un faible sentiment de compétence en matière politique sont les moins bien dotés en capitaux culturels (mesurés par le diplôme), plus souvent les femmes que les hommes, les travailleurs précaires que les gens stables et aisés. Le constat de l'abstention ne doit donc pas conduire à culpabiliser les électeurs jugés « apathiques » étant donné que ce phénomène résulte de deux facteurs étrangers aux électeurs : la monopolisation du règlement des affaires de la cité par les professionnels de la politique et le degré d'intensité du travail de mobilisation des électeurs lors des campagnes (couverture des médias, argent dépensé, nombre de meetings, etc.).