Sind Blitze, sind Donner

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Sind Blitze, sind Donner est une pièce d'orchestre composée en 2005 par Christophe Looten. Commande de Musique Nouvelle en liberté, elle a été composée pour l'Orchestre National de Lille. Sind Blitze, sind Donner est écrit pour un grand orchestre se composant de deux flûtes, piccolo, trois hautbois, deux clarinettes si bémol, clarinette basse, deux bassons, contre basson, quatre cors , quatre trompettes, trois trombones, tuba, timbalier, trois percussionnistes, violons, altos, violoncelles et contrebasses. Son exécution dure approximativement 17 minutes.

Le titre de la pièce est tiré des premiers mots d’un chœur de la Passion selon saint Matthieu de Bach :

Les éclairs et le tonnerre ont-ils disparu dans les nuages ?
Ouvre ta gueule de feu, gouffre de l’enfer !
Et, dans une colère soudaine,
Écrase, désintègre, fracasse et engloutis
Ce traître menteur, ce criminel couvert de sang !

Ce passage survient à l’arrestation du Christ, suivi par le grand chœur qui achève la première partie de la Passion avec le choral :

Oh homme, pleure tes lourds péchés.

Quatrième pièce d'une série sur le thème de la mort ( Addio (mort de l’art), Threni (mort de l’innocence) , Stabat Mater (mort de Dieu), Sind Blitze, sind Donner parle de la fin du monde. La construction de la pièce est en rapport étroit avec deux textes : des extraits de l’Apocalypse et un antique chant profane : le Chant de la Sybille. Les premiers mots de ce chant (Audi tellus, Écoute, terre) ont d’ailleurs donné le rythme principal de l’œuvre et lui confèrent son caractère imprécatoire. Ce rythme essentiel se développe au cours de la pièce si bien que si on le dotait de mots, on obtiendrait cette variation : Écoute, terreÉcoutezÉcoutez tous !

L’évocation de la colère des éléments naturels pour souligner un événement de portée mystique rend cette œuvre très actuelle. Ce siècle est régulièrement secoué par des désastres naturels : éruptions volcaniques, tremblements de terre et, bien sûr, tsunami. La musique de Christophe Looten exprime donc ce que le Chant de la Sybille peut avoir de terrifiant, de brûlant, de fracassant. Mais la vision proposée par Looten est plus noire que celle de Bach : si trois versets du choral de Bach sont cités (dans l’harmonisation originale) au centre de Sind Blitze, sind Donner, le troisième est brutalement interrompu, coupé par le retour d’une violence diabolique, d’un vacarme infernal, comme si l’enfer avait réellement ouvert sa gueule de feu en notre monde. Commencée dans une atmosphère de peur, la pièce s’achève en une grande clameur.

L'œuvre est disponible aux Éditions Billaudot