Simon-Auguste Tissot

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Samuel-Auguste-André-David Tissot
Samuel-Auguste-André-David Tissot

Samuel-Auguste-André-David Tissot, né le 20 mars 1728 à Grancy, Pays de Vaud, et mort le 13 juin 1797 à Lausanne, est un médecin suisse. Il est avant tout connu pour ses nombreux livres traitant de la nécessité de la lutte contre l'onanisme.

[modifier] Biographie

Après des études médicales à la Faculté de Médecine de Montpellier, il accède au grade de docteur à l'âge de 22 ans. Il retourne en Suisse et s'installe à Lausanne. Le début de sa notoriété date de la controverse sur l'inoculation pour laquelle il se déclare favorable dans l'un de ses ouvrages afin de lutter contre les épidémies.

La célébrité ne commence vraiment qu'avec ses ouvrages consacrés aux méfaits de la masturbation dont les plus célèbres sont L'onanisme et l'Avis au peuple sur sa santé, qui lui fit acquérir une réputation européenne. Les honneurs s'accumulent rapidement car le succès de l'ouvrage devient européen. Il reçoit une pension de la République de Genève, devient membre de la Société royale de Londres, il est sollicité en consultation auprès de plusieurs souverains d'Europe.

A la demande de l’empereur Joseph II, il occupe pendant trois ans la chaire de médecine clinique à l’université de Pavie (1780). Mais il revint finir ses jours à Lausanne où sa réputation attira de nombreux étrangers.

« Prônant une « médecine douce », essentiellement pratique, fondée sur un régime de vie en accord avec la nature, et sur des remèdes à base de plantes, il récuse à la fois la médecine populaire et la médecine savante, qu’il juge trop dure et interventionniste. Mêlant archaïsme et modernité, il révéla la hantise des miasmes, souligne l’importance des facteurs psychologiques dans l’évolution des maladies, et introduit les statistiques fondées sur le calcul mathématique pour étudier la mortalité. »[1]

Il condamne entre autres les médecins qui font des saignées et recommande une série d'ingrédients naturels & d'aliments comme entre autres la quinquina, que Tissot va considérer comme étant le meilleur remède et va suggérer également le camphre et une série d'autres ingrédients considérés anaphrodisiaque dont le lait au beurre et le vin dilué dans l'eau avant de se coucher. Il va suggérer d'autres méthodes : aller au lit uniquement pour dormir (ne pas rester trop longtemps au lit quand on se réveille ) et faire de l'exercice.

[modifier] À propos de l'Onanisme, quelques citations

  • « L'excès dans les plaisirs de l'amour ne produit pas seulement des maladies de langueur ; il jette quelque fois dans des maladies aiguës et toujours il dérange celles qui dépendent d'une autre cause ; il produit très aisément la malignité, qui n'est, selon moi, que le défaut de forces dans la nature. »
  • « (…) Un de mes condisciples était venu à cet état horrible, qu'il n'était pas le maître de s'abstenir de ces abominations, même pendant le temps des leçons : il n'attendit pas longtemps son châtiment et il périt misérablement de consomption au bout de deux ans. »
  • « M. Boerhaave peint ces maladies avec cette force et cette précision qui caractérisent tous ses tableaux. La trop grande perte de semence produit la lassitude, la débilité, l'immobilité, des convulsions, la maigreur, le dessèchement, des douleurs dans les membranes du cerveau ; émousse le sens, et surtout la vue ; donne lieu à la consomption dorsale, à l'indolence et à diverses maladies qui ont de la liaison avec celles-là. »

Le Dr Tissot appartient à un vaste mouvement européen informel qui voulut faire de la médecine une démarche rigoureusement scientifique. Sa lutte acharnée contre la masturbation s'explique avant tout par la conviction qu'il faut maintenir le corps dans un certain équilibre. Dans cette optique, la masturbation conduit à une mort rapide et inévitable en instaurant un déséquilibre entre les pertes séminales et les apports énergétiques. Sa vision du corps est essentiellement machinique et l'on retrouve chez lui un écho de l'animal-machine de Descartes.

Les outrances de Tissot nous font rire maintenant, mais il ne faut pas oublier l'influence extraordinaire qu'il eut sur ses contemporains et sur l'ensemble du XIXe siècle. Un chiffre résume cet impact : son ouvrage L'onanisme connut soixante-trois éditions entre 1760 et 1905.

[modifier] Bibliographie

  • Michel Foucault, Histoire de la sexualité I., La volonté de savoir, Gallimard, Paris, 1976
  • Samuel-Auguste Tissot, L'onanisme. Dissertation sur les maladies produites par la masturbation, rééd. Le sycomore, Paris, 1980
  • Docteur H. Fournier : De l'onanisme, causes, dangers et inconvénients pour les individus, la famille et la société, Remèdes, Paris, 1875. Disponible pour consultation sur place : Bibliothèque Nationale du Québec, Montréal
  1. D. Masseau, Notice de lecture in « Dix-huitième », 1996, p. 577.