Siège de Fort-Alamo

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Le siège de Fort-Alamo (février à mars 1836) est l'événement majeur de la guerre d'indépendance de la République du Texas et un symbole de la résistance désespérée, ainsi qu'un grand moment dans l'expansion des États-Unis au XIXe siècle.

Sujet de plusieurs films plus ou moins proches de la réalité historique, le siège de Fort Alamo est un événement historique majeur au Texas.

En 1836, a peine 200 hommes venus des États-Unis attirés par la promesse de terres au Texas dont David Crockett se retranchèrent dans le fort et ne purent autrement que de résister jusqu'au bout (car étrangers ils étaient considérés comme des flibustiers et la loi les condamnant à mort [1] ) à l'armée mexicaine commandée par le général Santa Anna et comptant 6 000 hommes. Le siège, qui dura 13 jours jusqu'à l'assaut du 6 mars, a retardé et affaibli l'armée mexicaine (environ 600 soldats mexicains tués ou blessés) qui perdit le Texas quelques semaines plus tard.

Plan d'Alamo par José Juan Sánchez-Navarro, 1836.
Plan d'Alamo par José Juan Sánchez-Navarro, 1836.

Sommaire

[modifier] Le contexte

Le fort Alamo
Le fort Alamo

Déjà au temps de la Nouvelle-Espagne, les États-Unis cherchaient à annexer le Texas par la voie du peuplement par des citoyens américains.

Le 22 février 1819 les gouvernements de l'Espagne et des Etats-Unis signèrent le traité Transcontinental qui modifiait les limites de la frontière nord de la Nouvelle-Espagne.

L'indépendance du Mexique date de 1821.

Après un essai d'Empire, la République est proclamée en 1823.

Au temps des événements du Texas, le Mexique est alors sous les présidences de Miguel Barragan (du 28 janvier 1835 au 1er mars 1836) et de José Justo Corro (du 2 mars 1836 au 18 avril 1837).

En 1836, le Texas est une partie de l'État mexicain du Coahuila y Texas où depuis plusieurs années, un grand nombre de colons provenant des États-unis s'étaient établis et représentaient 85 % des quelques 70 000 habitants de la région (La population en 1806 n'était évalué qu'a 7 000 habitants) .

Ces colons la plupart du temps ignoraient les us et coutumes du pays, ayant peu de respect pour ses lois et institutions notamment l'interdiction de posséder des esclaves et voulant continuer leur mode de vie et refusant pour la plupart de parler le castillan et refusant l'indenture (servage) telle que pratiqué au Mexique [2]. La faiblesse militaire du Mexique avait conduit son gouvernement a les autoriser à s'armer pour lutter contre les tribus indiennes hostiles à leur présence sur leur terres. Sentant l'unité du pays menacée, le gouvernement mexicain décida d'abroger toutes les mesures favorables qui leurs étaient accordées, ce qui mit le feu aux poudres.

Le 23 octobre 1835, sous la présidence de Miguel Barragan, une Constitution centraliste inspirée par Santa Anna, fait des États fédérés de simples départements dirigés depuis Mexico. Les États de Zacatecas et la partie texane du Coahuila se déclarent alors indépendants tandis que des troubles séparatistes ont lieu dans le Nord-Est et le Sud du pays pendant des années suite à cette décision.

Des escarmouches éclatèrent obligeant l'armée mexicaine à abandonner certaines places de moindre importance. Santa Anna (Antonio de Padua Maria Severino Lopez de Santa Anna) fut chargé de rétablir l'ordre et de préserver l'intégrité nationale, avec une armée dont les officiers dont certains d'entre eux étaient des vétérans des guerres précédentes ou dont Vicente Filisola un italien ancien capitaine général de Guatémala, Juan Nepomuceno Almonte fils du curé Morelos Adrian Wolle d'origine française, Antonio Gaona, cubain et Martin Perfecto de Cos et les 6 000 hommes pour la plupart recrutés de force (leva) et peu expérimentés, mal équipés, mal vêtus, mal nourris et surtout pourvus d'un armement désuet par une administation corrompue et désargentée, formant un ensemble de faible valeur combative. Du côté des insurgés au Texas un homme actif, le Général Sam Houston, charge un certain James Bowie (inventeur du célèbre Bowie-knife et esclavagiste notoire) de détruire le Fort Alamo.

L'objectif est de préparer une armée plus au Nord. Arrivés sur place, Bowie et ses hommes prennent leur temps pensant l'armée mexicaine encore loin.

À cette centaine d'hommes s'ajoute une trentaine de soldats sous les ordres de William Travis, lieutenant-colonel de l'armée texane en formation ainsi que les seuls hommes nés au Texas au nombre de onze (Toribio Losoya, Gregorio Esparza, Juan Badillo, Antonio Fuentes, José Maria Guerrero, Damasio Ximénes, Andrés Nava, Carlos Espalier, Juan Abamillo, William Philipp King et Richardson Pery), ces onze hommes ne se battaient peut-être pas pour créer une nouvelle république, mais pour le fédéralisme au Mexique, contre un État centralisé ou les États ne jouissaient plus de leur liberté mais étaient de venus de simples divisions administratives.[3] On compte aussi quatre écossais, douze anglais, une dizaine d'irlandais, deux allemands et un danois parmi les défenseurs du fort.

Ces hommes, sont rejoints par le légendaire Davy Crockett (citoyen des États-Unis) à la recherche d'un nouveau départ après sa défaite aux élections au Congrès des États-Unis et ses 65 hommes enhardis par la promesse du gouvernement provisoire du Texas d'offrir à chacun d'entre eux des terres pour une surface de 4 605 acres (19 km²) après la victoire.

[modifier] Le siège

William Travis
William Travis

L'armée mexicaine arriva bien plus tôt que prévu et, surpris, les insurgés se retranchèrent à la hâte dans le fort. Le général Santa Anna proposa une reddition sans conditions (offre généreuse, la plupart des défenseurs du fort étant étrangers au Mexique et passibles de la peine de mort) faute de quoi la garnison serait passée par les armes.

Travis refusa de se rendre. C'est alors que le drapeau rouge fut hissé du haut du clocher de l'église de la ville. Tous les défenseurs d'Alamo comprirent alors qu'aucun d'entre eux ne serait épargné lors de l'assaut, qui s'annonçait imminent. Le lieutenant colonel Travis envoya des missives hors du fort (c'est-à-dire aux États-Unis, ce qui pour les Mexicains constituait une trahison) demandant des renforts.

Il prévint qu'il préférerait la mort à la capitulation dans sa célèbre lettre au gouvernement de la révolution. Le siège fut marqué par d'intenses pilonnages au canon et par un assaut manqué de deux heures qui mobilisa plus de 500 soldats mexicains.

Quant aux défenseurs, ils n'obtinrent presque aucun renfort, si ce n'est une trentaine d'hommes, portant à 189 le nombre des assiégés.

Le fort était totalement encerclé et personne ne pouvait plus en sortir.

[modifier] L'assaut final

Davy Crockett
Davy Crockett

Vers 5 heures du matin, une partie de l'infanterie mexicaine divisée en quatre colonnes attaqua.

La première colonne composée au maximum de 400 hommes conduite par Martin Perfecto de Cos, la seconde de 380 hommes sous le commandement du colonel Francisco Duque, la troisième conduite par le colonel José Maria Romero, la quatrième aux ordres du colonel Juan Morales avec 100 hommes, aidés par les 350 cavaliers du brigadier général Ramirez y Sesma chargés d'empêcher toute fuite des assiègés.

Travis fut tué au tout début de l'assaut d'une balle dans la tête alors qu'il tirait du haut d'un mur.

Bowie, tombé gravement malade pendant le siège, perdit la vie dans son lit (certains on dit aussi qu'il se cacha sous un matelas).

Quant à David Crockett, qui un mois plus tôt se vantait auprès des journalistes de New-York d'y apporter la tête de Santa Anna, certains pensent qu'il mourut au combat alors que d'autres, appuyés par le témoignage d'un officier mexicain, pensent qu'il fut fait prisonnier et exécuté comme l'exigeait la loi. Alamo était tombé...

Les restes des défenseurs du fort furent incinérés pour éviter des épidémies, un seul ne le fut pas Gregorio Esparza dont le frère se battait aux côtés de l'armée mexicaine.

Si les 189 défenseurs du fort furent tués, Santa Anna vit son armée amputée de plusieurs centaines de soldats, mais cela le laissa indifférent, s'il avait de la peine à payer leur solde il savait aussi que nombre d'entre eux auraient été décimés par la faim, les maladies, les conditions atmosphériques lors du voyage de retour, sans compter les très nombreuses désertions.

[modifier] Conclusion

Le général Antonio Lopez de Santa Anna
Le général Antonio Lopez de Santa Anna
Demi dollar commémoratif du centenaire du Texas, frappé de 1934 à 1938. Oeuvre du sculpteur italien Pompeo Coppini (1870-1957)
Demi dollar commémoratif du centenaire du Texas, frappé de 1934 à 1938. Oeuvre du sculpteur italien Pompeo Coppini (1870-1957)

Au grand dam du général Santa Anna et du gouvernement central, la chute d'Alamo n'effraya pas les insurgés.

La mort des défenseurs fut utilisée par les promoteurs de l'indépendance du Texas, les présentant sous le jour de martyrs de la liberté.

Wiliam Barret Travis emmena ses hommes à une mort certaine mais il réussit à retarder l'armée gouvernementale dans son avancée vers le nord destinée à nettoyer le Texas de tous les insurgés.

Plus au nord, ce délai permit au général Sam Houston vétéran de la guerre de 1812 contre les anglais, partisan de l'annexion du Texas par les États-Unis et propriétaire lui aussi d'esclaves et adversaire de l'abolitionnisme [4] de recevoir des renforts en hommes, vivres, armes, munitions et argent des États-Unis et de constituer une armée de moins de 2 000 hommes qui défit celle de Santa Anna quelques semaines plus tard lors de la bataille de San Jacinto au cri de ralliement « Remember the Alamo! ». A noter que Houston et Santa Anna étaient tous deux franc-maçons comme nombre de notables de l'époque.

Prisonnier, le général mexicain (qui avait été déjà trois fois président et le sera à nouveau en 1837) dut se résoudre à donner l'ordre à ses troupes de quitter le Texas en échange de sa vie. Le major-général Vicente Filisola obéit aux ordres de son chef et ratifia le traité de Velasco. Le président mexicain José Justo Corro lui envoya plus tard l'ordre de rester au Texas, mais bien que lui "obéissant", il retira ses troupes jusqu'à Matamoros ou il fut relevé par un autre général José Urrea.

Lettre de Santa Anna à Filisola:

Campo de San Jacinto, abril 22 de 1836

Excelentisimo General de Division don Vicente Filisola ; Habiendo ayer tarde tenido un encuentro desgraciado la division que operaba a mis inmediaciones, he resultado estar prisoniero de guerra entre los contrarios, habiéndose guardado todas la consideraciones posibles : en tal concepto, prevengo a Vuestra Excelencia ordene al general Gaona contramarchar a Béjar a esperar ordenes, lo mismo que verificara V.E. con las tropas bajo sus ordenes, previniendo asimismo al general Urrea se retire con su brigada a la poblacion de Guadalupe Victoria, pues he acordado con el general Houston un armisticio interin se arreglan algunas negociaciones que haran cesar la guerra para siempre. Puede usted disponer para la manutencion del ejército de los caudales y viveres llegados a Matamoros, ademas de los 20 mil pesos que se sacaron de Béjar. Espero cumpla estas disposiciones sin falta dandome aviso cuando comience a ponerlas en practica. Antonio Lopez de Santa Anna.

A México, Filisola fut traité de traitre et accusé de lâcheté face à l'ennemi et d'impéritie, car un militaire ne doit pas obéir a un chef prisonnier, de nos jours il est encore considéré comme le véritable responsable de la perte du Texas.

Le gouvernement mexicain ne fit aucune tentative sérieuse pour récupérer le Texas, dont l'indépendance fut reconnue par les États-Unis en 1837, par la France en 1839 et par le Royaume-Uni en 1840. Il ne faut pas oublier que le gouvernement mexicain, envoyant une armée défendre l'intégrité de son territoire, ne faisait que son devoir.

Devant la puissance naissante des États-Unis que pouvait faire un Mexique mal équipé (les Mexicains utilisaient du matériel de guerre qui avaient servi à Waterloo en 1815 et achetées au moyen d'emprunts aux anglais en 1823 par l'ambassadeur du Mexique à Londres) [5]Plus tard la guerre américano-mexicaine le confirmera.

Il serait abusif par ailleurs de sanctifier Alamo, car le désir du Texas de s'affranchir du Mexique procédait aussi d'un refus de sa part d'abolir l'esclavage comme l'avait décrété le 15 septembre 1829 le gouvernement du président mexicain Vicente Guerrero [6].

Miguel Hidalgo à Guadalajara le 6 décembre 1810 avait proclamé la fin de l'esclavage et condamnait à mort tout proprétaire d'esclave.

[modifier] Illustrations

De ce fait, l'évènement a été illustré de nombreuses fois par le cinéma américain, parmi lesquelles :

  • The Last Command de Frank Lloyd (1955) - Titre français : "Quand le clairon sonnera"

[modifier] Bibliographie

  • Farid Ameur, "La victoire ou la mort !": les derniers jours de Fort Alamo, Paris, Larousse, collection "l'histoire comme un roman", 2007.
  • Remember The Alamo : de la légende à l'Histoire, Alain Sanders, Éditions de Paris, 2006, ISBN 2-85162-185-8
  • "Mi Historia militar y politica 1810-1874" - A. Lopez de Santa Anna - Editora Nacional, México 1973
  • "Historia sinoptica de México De los Olmecas a Salinas" - Luis Pazos ISBN 968-13-2560-5 edit, Diana - Mexico
  • "México a través de los siglos 5 tomos México" - Vicente Riva Palacio 1889
  • "Las grandes mentiras de nuestra historia" Francisco Bulnes México 1904

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Ce terme s'appliquait aux étrangers occupant illégalement une portion du territoire national et qui sont naturellement opposés aux autorités et s'adonnent a des trafics
  2. The Alamo and the Texas war for independance, page 177 à 179
  3. L. Briseno Senosain, L. Solares Robles, L. Suarez de la Torre : Valentin Gomez Farias y su lucha por el federalismo 1822-1858- Gobierno del Estado de Jalisco-México-1991
  4. James L. Haley - Sam Houston - University of Oklahoma press - ISBN 0-8061-3644-8
  5. Henry B. Parkes - A History of Mexico - Houghton Mifflin Company - Boston - 1970
  6. the decline of slavery in Mexico - The Americas, volume 44, pages 167-194. Academy of Franciscan Library - pub. 1987 et Vicente Riva Palacio - México a través de los siglos - tome IV page 214 México 1889 - reprint Editorial Cumbre sa Mexico 1979

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