Sarcoïdose

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Sarcoïdose
CIM-10: D86 - D86.9

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La sarcoïdose ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann (communément dénommée BBS) ou lymphogranulomatose bénigne est une maladie inflammatoire systémique de cause inconnue, qui atteint préférentiellement les poumons, mais peut atteindre n'importe quel organe. Généralement sans gravité, elle guérit spontanément dans la grande majorité des cas[1],[2]. Cependant, chez 20 % des malades, elle provoque des complications respiratoires menaçantes ce qui justifie un diagnostic précoce et un suivi régulier. Il n'existe pas à ce jour de traitement spécifique et les indications pour débuter un traitement sont rares.

Sommaire

[modifier] Épidémiologie

La Sarcoïdose peut toucher les hommes ou les femmes de tout âge et de toute origine ethnique. La plupart des personnes sont atteintes par la maladie à l’âge adulte entre 20 à 40 ans. Chez les caucasiens, on note une égale fréquence de survenue chez les hommes et chez les femmes, la population noire (Africains et Antillais) est plus souvent touchée avec une préférence pour les femmes, les formes de sarcoïdose dans cette population sont en outre plus graves.

Son incidence varie de par le monde avec par exemple, pour l'Europe, un gradient nord-sud (64 pour 10 000 habitants en Suède contre 0,4 pour 100 000 habitants en Espagne). En France, la prévalence est de 10 pour 100 000 habitants.

Dans la plupart des cas, la Sarcoïdose affecte les poumons et les lymphes.

[modifier] Physiopathologie

La sarcoïdose se caractérise par des désordres immunologiques, qui expliquent les répercussions de la maladie. Le système immunitaire produit une réponse très forte à un antigène inconnu, ce qui entraîne :

  • une accumulation de lymphocytes CD4 activés qui se concentrent dans les alvéoles du poumon (provoquant une alvéolite) Ces lymphocytes sécrètent des molécules pro-inflammatoires (ce sont des médiateurs de l'inflammation : Il-2 par exemple).
  • Ils entraînent aussi une activation des lymphocytes B, qui sécrètent en réponse des anticorps.
  • Des macrophages activés sont attirés par l'activation des lymphocytes CD4, ils s'accumulent aussi dans le poumon. Ils secrètent notamment l'enzyme de conversion et forment des granulomes tuberculoïdes
  • Une anergie tuberculinique est fréquente (absence de réaction du corps au test de la tuberculose malgré une vaccination par le BCG), liée à une lymphopénie (baisse du nombre de lymphocytes « normaux », mais il n'y a pas d'immunodépression)
  • À terme, les granulomes entraînent une fibrose pulmonaire, principale complication pulmonaire de la sarcoïdose.

[modifier] Signes cliniques

On retrouve, plus ou moins associés d'un malade à l'autre, différents signes qui peuvent faire suspecter une sarcoïdose :

Cependant, dans la majorité des cas, il n'y a aucun symptôme, la maladie étant découverte par hasard (souvent lors d'une radiographie des poumons à la médecine du travail).

Le syndrome de Löfgren est une forme particulière de sarcoïdose, fréquente : il associe fièvre, douleurs articulaires, érythème noueux, adénopathies médiastinales à la radiographie, et anergie tuberculinique.

[modifier] Diagnostic

On doit recueillir des éléments de plusieurs ordres :

  • clinique : signes présentés par le patient (souvent aucun) ;
  • radiologique : anomalies à type d'adénopathies médiastinales, infiltrat interstitiel, fibrose pulmonaire ;
  • biologique : absence de syndrome inflammatoire (sauf cas du syndrome de Löfgren), lymphopénie, hypercalcémie, élévation du taux sanguin d'enzyme de conversion ;
  • lavage broncho-alvéolaire : hyperlymphocytose à lymphocytes CD4 dans les alvéoles pulmonaires ;
  • histologique : la biopsie d'un granulome est capitale pour affirmer le diagnostic. On cherche un granulome accessible (bronche, glande salivaire, adénopathie, sarcoïde cutané) dont l' étude microscopique objective un granulome sans nécrose caséeuse.

[modifier] Examens complémentaires

On peut également rechercher une atteinte extra-pulmonaire de la maladie. Ces atteintes imposent un traitement urgent et efficace :

  • examen ophtalmologique ;
  • examen cardiaque et électrocardiogramme ;
  • examen neurologique ;
  • épreuves fonctionnelles respiratoires, fibroscopie bronchique (avec lavage alvéolaire et biopsies bronchiques) ;
  • bilan rénal ;
  • scanner pulmonaire, de plus en plus souvent.

[modifier] Diagnostic différentiel

1) Éliminer les autres causes d'atteinte médiastinales et pulmonaires :

En cas d'adénopathies médiastinales :

  • lymphomes (hodgkinien et non hodgkinien) ;
  • primo-infection tuberculeuse ;
  • cancer du poumon.

En cas d'atteinte interstitielle diffuse :

  • lymphangite carcinomateuse ;
  • miliaire tuberculeuse ;
  • pneumopathie d'hypersensibilité ;
  • pneumopathie médicamenteuse ;
  • pneumopathie interstitielle idiopathique (UIP, NSIP, AIP, BOOP, DIP, LIP).

2) Éliminer les autres causes d'atteinte organique extra-pulmonaire :

  • autres causes d'uvéites ;
  • étiologies de l'érythème noueux ;
  • étiologies d'adénopathies périphériques.

[modifier] Évolutions

80 % des sarcoïdoses guérissent spontanément et sans séquelles en moins de 2 ans. Le syndrome de Löfgren en particulier, guérit seul dans 90 % des cas. Des complications sont possibles, mais très rares : atteinte cardiaque, méningite, fibrose respiratoire, insuffisance respiratoire chronique. En dehors des cas sévères, aucun traitement n'est nécessaire (sinon, on propose une corticothérapie)

[modifier] Traitement

La sarcoïdose peut guerir spontanément dans la majorité des cas. Mais il est parfois nécessaire d'introduire un traitement médicamenteux dans les formes de plus mauvais pronostic.

[modifier] Corticothérapie

Le traitement le plus utilisé est la corticothérapie (traitement par corticoïdes), que ce soit localement (corticoïde sous forme inhalée, locale pour les uvéites antérieures ou injectable pour les uvéites postérieures) ou par voie générale.

Les indications formelles à la corticothérapie orale sont les localisations entrainant un risque vital ou fonctionnel majeur (coeur, systéme nerveux central, oeil, muscle, hypercalcémie persistante) ou les localisations cutanées importantes (préjudice esthétique). Dans les formes seulement pulmonaires, seuls les patients symptomatiques présentant des anomalies radiologiques et fonctionnelles significatives doivent être traités d'emblée.

Le traitement corticoïde est prolongé, d'au moins 2 ans, à la posologie initiale de 0.5 mg/kg/jour de prednisolone (parfois jusqu'à 1 mg/kg/jour chez les sujets noirs). Les doses seront ensuite très lentement dégressives, avec de possible rechute lorsque les doses deviennent inférieures à 15 mg par jour et à l'arrêt du traitement.

L'efficacité de la corticothérapie est meilleure si le traitement est instauré avant l'apparition de lésions irreversibles.

[modifier] Alternatives à la corticothérapie

Les antioxydants n'ont aucun intérêt démontré dans la prise en charge de la sarcoïdose.

[modifier] Historique

Jonathan Hutchinson (1828-1913) est le premier à avoir décrit la sarcoïdose. Il présenta en 1863 un patient goutteux (atteint de goutte), qui avait en outre des altérations de la peau et qui est décédé quatre ans après d’insuffisance rénale. Hutchinson croyait que la goutte en était la cause – aujourd’hui on sait que la sarcoïdose change le taux de calcium et que ceci était certainement la cause de la mort du patient.

Le dermatologue français Ernest Henri Besnier (1831-1909) décrivit en 1889 une lésion de la peau symétrique des extrémités.

Le dermatologue suédois Cæsar Peter Møller Boeck (1845-1917) mentionna en 1899 dans une dissertation Multiple Benign Sarcoid of the Skin les lésions histologiques de la peau et posa déjà alors le soupçon d’une maladie systémique. C’est pourquoi ces lésions sont appelés depuis lors comme étant la sarcoïdose de Boeck.

L’ophtalmologue danois Christian Frederick Heerfordt (1871-1953) décrit une infection fiévreuse de la conjonctive et à cause des analyses du laboratoire la classe comme étant due aux oreillons.

En 1924, le dermatologue suédois Jörgen Nilsen Schaumann (1879-1953) confirme la découverte de Boeck et qu’il s’agit d’une maladie systémique de plusieurs organes et dénomma la sarcoïdose « lymphogranulomatosis benigna », pour la distinguer du lymphome de Hodgkin.

Le Suédois Sven Halvar Löfgren (19101978) décrit en 1953 la forme aiguë, les « Trias », avec érythème noueux, arthrite et adénopathie ganglionnaire bi-hilaire

[modifier] Associations d'entraide

La sarcoïdose étant déjà connue depuis plus de cent ans et concernant une partie non négligeable de la population d’âge moyen, des organisations internationales se sont constituées comme pour d’autres maladies, ainsi les personnes concernées ont pu s’organiser et créer des cercles d’entraide. Ceux-ci travaillent souvent ensemble et se sont donnés pratiquement les mêmes buts.

Un des buts principaux est l’information sur la sarcoïdose des personnes atteintes et de leur entourage. Il leur est le plus souvent très difficile de trouver des informations destinées au grand public. Vu les symptômes très variés et la nécessité de diagnostics différentiels et des connaissances relativement infimes de beaucoup de médecins en ce qui concerne cette maladie, ils doivent en être informés également d’une façon plus vaste. Un autre but est la sensibilisation du grand public pour les problèmes des malades, qui à cause de leurs symptômes diffus, sont placés dans la catégorie des « simulants ».

Aussi une meilleure qualité des soins et la prise en charge des patients atteints de sarcoïdose sont un des buts principaux des organisations. Souvent sont de même demandés une meilleure structure pour les soins et des services ambulatoires spécialisés, ainsi qu’une recherche accrue des causes et des moyens thérapeutiques et de soulagement. La sensibilisation de la sphère politique, ainsi que des responsables de la santé et du social, joue aussi un rôle primordial. Beaucoup d’organisations d’entraide pour la sarcoïdose sont actives pour promouvoir la recherche concernant cette pathologie.

[modifier] Références

  1. Sarcoïdose sur http://www.orpha.net. « L'évolution spontanée vers la guérison est fréquente, en particulier dans les formes ganglionnaires médiastinales isolées, généralement asymptomatiques ».
  2. Sarcoïdose, Histoire naturelle - Facteurs pronostiques – Evolution sous traitement, Professeur C. Massot - Juillet 2002 (Mise à jour juin 2005). En ligne sur http://www-sante.ujf-grenoble.fr. « L’histoire naturelle d’une sarcoïdose peut être considérée comme globalement favorable avec une guérison spontanée dans près de la moitié des cas. »

[modifier] Liens externes

EUROPE

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AUTRES