Discuter:Salomon ibn Gabirol

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La philosophie d'ibn Gabirol est néo-platonicienne dans son essence même, et on y chercherait en vain une "touche de Judaïsme". Platon est le seul philosophe nommément cité. Tout comme lui, ibn Gabirol spécule sur un Etre Intermédiaire entre Dieu et le monde, entre la forme et la matière, le monde sensible et le monde des idées.

Pour Philon, ce lien entre idées (substances incorporelles) et matières (formes sensibles sans idéation possible) est le Logos. Pour ibn Gabirol, il s'agit de la volonté divine. Cette conception n'est pas sans analogie avec les idées plus récentes de Schopenhauer et Wundt.

Notons que les Kabbalistes croient eux aussi à un dévoilement progressif de Dieu dans le monde, via les dix sephirot. Cependant, ce système de pensée est on ne peut plus éloigné de celui d'ibn Gabirol (même si Isaac l'Aveugle a eu les mêmes "lectures" et influences que son aîné)

Si cette œuvre inspire, tant dans le fond que dans la forme, le très néo-platonicien Abraham ibn Ezra, Abraham ibn Dawd Halevi, en revanche, loue également le poète, mais critique vertement le philosophe, allant jusqu'à rédiger dans son livre, écrit en Arabe, mais connu sous son titre hébraïque de "Emouna Rama", une attaque en règle de toutes ses assertions, qu'il finit par démonter, en lui reprochant, entre autres, d'avoir philosophé sans avoir tenu compte du moindre point de vue religieux.

De fait, même si l'on peut trouver de vagues similitudes entre "Mekor Haïm" et son plus grand poème "Keter Malkhout", on est avant tout frappé par les différences de Weltanschauung : le Dieu impersonnel, aristotélicien, mécanistique du philosophe, fait place au Dieu Miséricordieux, qui aime, et Se soucie de la moindre de ses créatures, qui infléchit le cours du monde et de l'histoire en fonction de Ses desseins, en agissant directement sur la fabrique même de la réalité. C'est le Dieu qui dit d'une chose "Sois" et elle est.

Comme Philon, qui avait introduit la philosophie grecque en Orient, ibn Gabirol assimile la pensée gréco-arabe, et la répand en Occident.

L'œuvre d'ibn Gabirol n'aura pas davantage d'influence sur ses contemporains Juifs que son prédécesseur en son temps.

En revanche, tout comme le message de Philon (assez déformé au passage) avait influencé les Pères de l'Église, ibn Gabrirol marqua profondément les Scolastiques chrétiens, y compris Albertus Magnus et son élève, Thomas d'Aquin. C'est ironiquement par leur biais que le philosophe, dont le nom aura été déformé en Avicebron, sera connu d'Abravanel, Juda Abravanel, Moïse Almosnino, et Joseph Delmedigo.

Son empreinte marqua si fortement la pensée chrétienne que ce ne fut qu'en 1846 que le grand orientaliste Salomon Munk redécouvrit qu'Avicebron n'était pas un philosophe chrétien mais Juif.