Ripisylve

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La ripisylve bénéficiant à la fois de l'eau et de la lumière réverbérée, elle est généralement exhubérante
La ripisylve bénéficiant à la fois de l'eau et de la lumière réverbérée, elle est généralement exhubérante
Ripisylve et succession de végétaux, ici sur une seule berge, ayant valeur de corridor biologique, d'aménité paysagère, de lieu d'intense productivité ligneuse et d'épuration de l'eau, gage de protection des berges.
Ripisylve et succession de végétaux, ici sur une seule berge, ayant valeur de corridor biologique, d'aménité paysagère, de lieu d'intense productivité ligneuse et d'épuration de l'eau, gage de protection des berges.
L'entrelac racinaire hors d'eau et immergé fait partie intégrante des écosystèmes de ripisylve, avec des fonctions dépassant celle de maintien des berges. Elles sont notamment impliquées dans l'épuration de l'eau et l'offre en caches et lieux de reproduction pour de nombreuses espèces
L'entrelac racinaire hors d'eau et immergé fait partie intégrante des écosystèmes de ripisylve, avec des fonctions dépassant celle de maintien des berges. Elles sont notamment impliquées dans l'épuration de l'eau et l'offre en caches et lieux de reproduction pour de nombreuses espèces
Boisement riparien linéaire jouant un rôle manifeste de corridor biologique boisé, de zone tampon et probablement de filtration et protection de l'eau (turbide)
Boisement riparien linéaire jouant un rôle manifeste de corridor biologique boisé, de zone tampon et probablement de filtration et protection de l'eau (turbide)
En zone tropicale, les ripisylves sont souvent les dernières zones déboisées (Rio de Papaloapan, Cosamaloapan)
En zone tropicale, les ripisylves sont souvent les dernières zones déboisées (Rio de Papaloapan, Cosamaloapan)
En zone tempérée, en hiver et au printemps, les ripisylves de feuillus laissent passer la lumière.
En zone tempérée, en hiver et au printemps, les ripisylves de feuillus laissent passer la lumière.
Ripisylve encastrée, bénéficiant d'un microclimat favorable, Baie de Bolata, près de la côte de la mer noire.
Ripisylve encastrée, bénéficiant d'un microclimat favorable, Baie de Bolata, près de la côte de la mer noire.
Ici c'est un marais saumâtres qui est entouré d'une ripisylve
Ici c'est un marais saumâtres qui est entouré d'une ripisylve

La forêt riveraine, rivulaire ou ripisylve (étymologiquement du latin ripa la rive et sylva la « forêt ») est l'ensemble des formations boisées présentes sur les rives d'un cours d'eau.

La notion de rive désignant l'étendue du lit majeur du cours d'eau non submergée à l'étiage.

Les ripisylves sont généralement des formations linéaires étalées le long de petits cours d'eau, sur une largeur de 25 à 30 mètres, ou moins (Si la végétation s'étend sur une largeur de terrain inondable plus importante, on parlera plutôt de forêt alluviale ou forêt inondable ou inondée).

Sommaire

[modifier] Fonction de maintien des berges

Des arbres isolés et hauts seraient rapidement déchaussés par le courant. Des berges uniquement couvertes d'herbacés sont creusées par le dessous, et s'écroulent par pans entiers. C'est la multiplicité des essences, des types de plantes et de racines qui rend les ripisylves si résistantes.

Pour assurer une protection maximale des berges contre l'érosion, la ripisylve doit être large d'au moins 6 mètres, sur chaque berge. Elle doit être dense et équilibrée et dominée par les buissons pour conserver 15 à 20 % d’éclairement. « Équilibrée » signifie qu'elle doit être composée d'arbres de tous les âges et de 3 strates :

L'association des systèmes racinaires des végétaux rivulaires maintient dans ce cas de manière optimale la terre des berges à toutes les échelles : Les graminées stabilisent le sol à l'échelle des mottes de terre grace à leurs racines, les arbustes fixant de petites portions de berges grâce à leurs racines et radicelles, les arbres stabilisant le tout par sections de plusieurs mètres de berges.

[modifier] Fonction Corridor

La ripisylve est un corridor biologique, et a des fonctions importantes d'abri et de source de nourriture pour un grand nombre d'animaux (insectes, oiseaux, mammifères) qui la colonisent, ou en dépendent pour leur nourriture. Certaines espèces s'y réfugient lors d'inondations importantes.

[modifier] Fonction d'habitat

Pour les habitants de la rivière (poissons, insectes), cavités, racines et radicelles offrent de nombreux abris (vis-à-vis du courant et des prédateurs) et parfois de support de ponte. D'autre part, l'ombre portée sur la rivière semble rassurante pour de nombreuses espèces qui réduisent leur activité en pleine lumière (espèces lucifuges). Elle permet aussi de garder l'eau assez fraîche en été(essentiel pour les salmonidés) et de limiter le colmatage de frayères par des algues.

C'est un écotone notamment apprécié des martin-pêcheurs, des loutres, ou des castors (qui la modifient et y entretiennent des taches de lumières - là où ils n'ont pas disparu, ou là où ils ont été réintroduits).

[modifier] Fonctions épuratrices

Le système racinaire de la ripisylve, et la fonge et les bactéries qui y sont associés (symbiotes ou non) constituent également une pompe épuratrice pour certains polluants (phosphates et nitrates d'origine agricole ou urbaine, radionucléides, etc).

[modifier] Fonction inertielle

La ripisylve joue aussi un rôle majeur de ralentisseur de l'onde de crue, contribuant aussi à la rétention normale de sédiments (diminuant le risque de surcreusement des rivières qui peuvent entrainer une baisse de la nappe).
Si elle est source de matériaux (branches, feuilles) risquant de faire embâcle en aval, elle en bloque d'autres venant de l'amont, très efficacement dans le cas des ripisylves qui poussent sur des « chevelus » de rivière (systèmes aussi dits en tresses).

[modifier] Potentiel de restauration

Dans de nombreuses régions, un important linéaire de ripisylve pourrait être reconquis ou qualitativement amélioré.
Par exemple, la Wallonnie disposait en 2006 de 18 000 kilomètres de cours d’eau, constitués à 80 % de petits cours d’eau (moins de 5 mètres de large) de bonne qualité car situés en forêt pour plus d'un tiers de ce linéaire. JB Schneider[1] estime qu'environ 40 % des ripisylve wallonnes sont cependant trop artificielles (espèces et structure inadéquates). Les peuplements de résineux (acidification, ombre dense) sont en cause, mais aussi l'ombre des peuplements monospécifiques trop denses qui nuit aux strates basses qui fixent aussi les berges et à la biodiversité. Là où il n'y a plus de castors et de grands herbivores, les ripisylves ne sont plus éclaircies et là où les chevaux et vaches sont densément présents, ils mangent toutes les pousses avant qu'elles ne s'épanouissent.

[modifier] Évaluation de la qualité des ripisylve

Une évaluation peut être demandée par exemple lors de mesures agro-environnementales, ou dans l'application de la directive cadre sur l'eau ou de l'élaboration ou évaluation d'une trame verte ou d'un réseau écologique.

L'évaluation qualitative et quantitative peuvent notamment porter sur :

  • sa structure (strates verticales)
  • son importance par rapport au linéaire de berge
  • la diversité des essences, et la biodiversité qu'elle abrite
  • sa naturalité (incluant la conservation d'espaces de divagation du cours d'eau, de méandres, de bras morts, etc. absence de digue, murs, berges de palplanches, tunages, etc.)
  • son caractère de continuum biologique
  • son épaisseur et son opacité (selon la saison)
  • sa faune associée (poissons, loutre, castor, martin-pêcheur, etc)
  • son état, et l'état de l'eau et des berges (signes d'érosion par le bétail, etc.)
  • son degré de protection ou de vulnérabilité à la coupe
  • sa capacité à préserver l'eau des engrais, pesticides ou autres polluants du bassin versant

[modifier] Notes et références

  1. Schneider J-B [2007]. Plaidoyer pour une restauration des cordons rivulaires naturels des ruisseaux et ruisselets forestiers. Forêt Wallonne 86 : 43-57 (15 p., 11 fig., 18)

[modifier] Bibliographie

  • "Forêts alluviales d’Europe - Ecologie, Biogéographie, Valeur intrinsèque", Annik Schnitzler-Lenoble, Editions Lavoisier (2007) 400 p. ISBN 978-2-7430-0935-9
  • Frédéric Mouchet, Arnaud Laudelout, Natacha Debruxelles et al., Guide d’entretien des ripisylves, (http://www.fsagx.ac.be/gf/). Exemple belge, mais excellent document de présentation des problèmatiques.
  • Voir également www.ofme.org/documents/ForetPrivee/fiches/234001.pdf (Qu'est-ce qu'une riprisylve ?, une fiche du CRPF Paca), www.arbre-et-paysage32.com/pdf/page1/3_arbre_et_riviere.pdf - (l'arbre et la rivière, une fiche bien illustrée sur la composition de la ripisylve et les conséquences de son absence).

[modifier] Voir aussi

wikt:

Voir « ripisylve » sur le Wiktionnaire.

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