Discuter:Race (anthropologie physique)/VersionA

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Une race est un groupement naturel d'êtres humains fossiles, ou d'hommes actuels, qui présentent un ensemble de caractères physiques et physiologiques communs héréditaires, indépendamment de leurs langues, moeurs et nationalités.

« Une race est un groupe d'individus qu'on peut reconnaître comme biologiquement différent des autres. » Luigi Luca Cavalli-Sforza1

Sommaire

[modifier] Remarques préliminaires

Ces définitions correspondent à l'acception du mot race sous l'angle de l'anthropologie physique2, donc strictement biologique, qu'il ne faut identifier ni à l'ethnie, ni au peuple, unités culturelles et linguistiques. La race et l'ethnie en particulier constituent des complexes humains qui peuvent se recouper, mais qui ne coïncident parfaitement que pour quelques rares peuples primitifs ayant vécu pendant longtemps en isolement presque total.

Il est important de noter :

  • qu'il n'existe pas de race aryenne, celtique, élue, française du point de vue de l'anthropologie physique : race est ici synonyme d'ethnie, de peuple ;
  • que cet article ne concerne que des « groupements naturels d'êtres humains », et ne traite donc pas de l'eugénisme ou d'autres techniques génétiques destinées à améliorer les capacités humaines ;
  • que la réalité biologique est plus souple que nos catégories mentales : Si les genres semblent bien étanches, la notion d'espèce pose déjà quelques problèmes, qui sont encore amplifiés avec la notion de race (cf. la section Race et biologie de l'article race) ; l'espèce humaine ne fait pas exception : toute classification raciale est forcément arbitraire et contestable ;
  • pour cette raison, et suite à des utilisations politiques passées contraires aux principes moraux qui prévalent maintenant dans nos sociétés, la pertinence de la notion de race appliquée à l'espèce humaine est vivement contestée par de nombreux scientifiques, anthropologues3 et généticiens :

« En réalité, dans l'espèce humaine, l'idée de « race » ne sert à rien. » Luigi Luca Cavalli-Sforza4

[modifier] L'origine des races

Les races résultent du même processus évolutif ayant conduit à la complexité du monde vivant et à l'existence de nombreuses espèces différentes, animales et végétales (cf. section race et génétique de l'article race). La race n'est ainsi qu'un niveau de faible différentiation qui pourrait néanmoins, si elle était poursuivie pendant des milliers d'années évoluer vers une nouvelle espèce.

Les groupes humains primitifs n'ont pas échappé à la sélection naturelle favorisant, pour un groupe social déterminé, un certain nombre de caractères spécifiques adaptés aux conditions d'environnement propres à une région donnée.

Il faut préciser ici que l'évolution dûe à la sélection naturelle ne se limite pas aux seuls caractères physiques. Lire à ce sujet un extrait du dictionnaire du Darwinisme et de l'Évolution, l'article effet réversif de l'évolution sur le site de l'Institut Charles Darwin International - rubrique dictionnaire - lien extrait.

Compte-tenu de la durée nécessaire pour acquérir divers caractères physiques sous la pression de la sélection naturelle, leur étude contribue au retracement des grandes migrations humaines de l'Histoire et de la Préhistoire.

[modifier] Critères

De nombreuses classifications des races humaines ont été proposées. Elles se basent toutes sur plusieurs critères dont les plus importants sont la pigmentation de la peau, la morphologie (notamment la stature et la forme du crâne). Certains auteurs distinguent plusieurs dizaines voire des centaines de « races » mais tous accordent dans leurs descriptions une place particulière à de grands ensembles en nombre limité, le plus souvent basés sur la pigmentation de la peau.

Quelle que soit la définition qu'on en donne, la notion de race se trouve toujours associée à l'idée d'une évolution quasi-indépendante des différentes composantes de l'humanité pendant la préhistoire.

Ce découpage est critiqué pour différentes raisons par d'autres anthropologues qui défendent une vision non-taxinomique de la diversité humaine et souhaitent l'abandon du concept de race, source de confusion5. Les principales critiques portent sur :

  • L'arbitraire du découpage. Une caractéristique comme la pigmentation de la peau peut varier de façon graduée. Le découpage toujours présent dans les inventaires des races humaines entre mélanodermes (« Noirs »), flavodermes (« Jaunes ») et leucodermes (« Blancs ») est donc entaché d'un certain flou.
  • La faible covariance entre les critères. Ajouter des critères de classement (pigmentation, indice crânien, stature) conduit à définir des groupes de plus en plus petits à l'intérêt descriptif très limité.
  • La convergence entre différents groupes sous la pression de la sélection naturelle. Au sein d'une même continent, la pigmentation de la peau dépend ainsi de la latitude, alors que la stature dépend en plus du milieu et du mode de vie. Ces caractéristiques n'apporteraient donc que peu d'information sur l'histoire de l'humanité.
  • L'importance supposée des échanges génétiques et des brassages au sein de l'espèce humaine pendant la plus grosse partie de la préhistoire.

Jean Hiernaux résume bien ces critiques quand il souligne que « manifestement, des origines à nos jours, l'évolution humaine est loin d'avoir subi le schème de l'arbre ».

[modifier] Génétique des populations

Devant les difficultés des découpages basées sur les grands critères physiques, l'anthropologie s'est tournée vers les données de la génétique des populations pour retracer le développement de l'espèce humaine. Parmi ces données, celles qui résultent de l'étude de l'ADN mitochondrial sont particulièrement appréciée, parce qu'il se transmet sans recombinaison d'une mère à ses enfants et ne sont pas affectés par les phénomènes de convergence.

Image:Human-phylo-tree.JPG
Arbre phylogénétique de l'espèce humaine - les âges sur l'échelle de temps sont en millions d'années

L'arbre phylogénétique ci-dessus montre que la diversité humaine correspond à une variabilité du patrimoine génétique de l'espèce d'environ 0,1 % (échelle du bas), variabilité acquise au cours d'une période de 200 000 ans environ. Cette variabilité correspond approximativement au 1/20 de la différence génétique entre l'Homme, et l'espèce animale la plus proche, le Chimpanzé.

Genera Genre
Species Espèces
Subspecies Sous-espèces6
Africans Africains
Asians Asiatiques
Europeans Européens
Chimpanzee Chimpanzé
Carte des premières migrations humaines d'après l'étude de l'ADN mitochondrial des populations (les années sont comptées à partir du présent)
Carte des premières migrations humaines d'après l'étude de l'ADN mitochondrial des populations (les années sont comptées à partir du présent)


La carte ci-dessus représente les premières migrations humaines suivant la théorie assez généralement admise d'une origine africaine de l'espèce humaine.


[modifier] Débat sur la validité du concept de race humaine

Article détaillé : Histoire du concept de race dans l'espèce humaine

Un sondage datant de 1985 mené auprès de 1200 scientifiques reflète l'importance du débat autour du concept de race humaine. Il leur fut demandé s'il n'était pas d'accord avec l'assertion :

« il existe des races biologiques au sein de l'espèce Homo Sapiens ».

Parmi différentes catégories de scientifiques, les pourcentages de réponses en désaccord avec la proposition furent :

  1. Biologistes: 16 %
  2. Psychologues du développement : 36 %
  3. Anthropologues physiques : 41 %
  4. Anthropologues culturels : 53 %

Ce sondage montre d'importantes divergences d'opinions au sein même de la communauté scientifique quant à l'existence actuelle de races humaines.

[modifier] Notes

1. Dans Gènes, Peuples, et Langues. L'auteur y ajoute plus loin « Toute tentative de classification en races humaines est soit impossible, soit totalement arbitraire. ».
2. L'anthropologie physique est la science qui étudie les groupes humains du point de vue physique.
3. L'anthropologie se divise couramment en ethnologie, anthropologie sociale ou culturelle d'une part et anthopologie physique ou bioanthropologie d'autre part.
4. Dans Qui sommes-nous ?, p. 325 Ed. Flammarion.
5. Pour une introduction à ces questions destinée au grand public voir André Langaney, Ninian Hubert van Blyenburgh et Alicia Sanchez-Mazas, Tous Parents, Tous Différents, Chabaud, Bayonne, 1992.
6. Cet arbre provient de l'article correspondant du Wikipedia anglophone. L'appartenance de l'homme de Neanderthal à une sous-espèce d'Homo sapiens et non à une espèce distincte du genre Homo est actuellement l'objet d'un débat.

[modifier] Voir aussi