Réalisme (relations internationales)

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Le réalisme (ne pas confondre avec Realpolitik) est un courant de pensée en théorie des relations internationales.

Sommaire

[modifier] Racines intellectuelles du réalisme

Plusieurs auteurs sont considérés comme des références du réalisme politique:

[modifier] Postulats du réalisme

Les postulats fondateurs sont les suivants:

  1. L'État est l'unique acteur important des Relations internationales, considéré comme unitaire (les processus de décision internes, le régime politique ne sont pas pris en compte pour analyser son action internationales) et rationnel (il agit selon une logique coût-avantage et cherche à maximiser son intérêt).
  2. Le système international est par définition anarchique: en l'absence de gouvernement supérieur aux États, ceux-ci sont autonomes et indépendants.
  3. Le principal objectif poursuivi par un État est la recherche de la puissance. Les auteurs néoréalistes amèneront la recherche de la survie, et donc sa propre sécurité.

Les réalistes considèrent donc que :

  1. Les organisations internationales et les acteurs transnationaux ont une influence faible, voire nulle, sur les relations internationales.
  2. Les États sont des acteurs rationnels agissant dans leurs seuls intérêts nationaux, en vue de leur survie. La coopération durable entre États est donc difficile, puisqu'il est plus rationnel d'être méfiant envers les autres États.
  3. Le meilleur et principal moyen pour un État d'assurer sa survie est de maximiser sa propre puissance.

Les principaux penseurs du réalisme sont:

  1. Hans Morgenthau
  2. Edward Hallett Carr
  3. Raymond Aron (avec de nombreuses références à Clausewitz) est couramment classé parmi les auteurs réalistes, cependant ses écrits sont bien plus nuancés que ceux des auteurs américains de son époque.

[modifier] Les critiques du réalisme

Le réalisme et le néoréalisme ont été accusés par les auteurs critiques, féministes et post-modernes, de propager une vision paranoïaque des relations internationales, qui agirait comme une « prophétie auto-réalisatrice »: la pratique des décideurs étatiques étant guidée par les principes du réalisme politique, la réalité viendrait se conformer à la théorie réaliste, considérée comme la vision la plus pessimiste des rapports interétatiques.

Les auteurs incriminés répondent en général que leurs détracteurs sont des idéalistes incapables de voir le monde tel qu'il est, et que l'expérience historique leur donne raison[réf. nécessaire].

Les critiques portées au réalisme peuvent être globales ou partielles.

  • Les critiques globales déclarent une rupture totale avec la théorie réaliste. Les tenants de ces critiques reprochent aux réalistes « de ne produire aucune connaissance scientifique vérifiable et transmissible[réf. nécessaire]  ». Il leur reprochent aussi d’individualiser le centre de décison au sein d’un gouvernement alors que ce dernier est composé de plusieurs organisations (poursuivant des objectifs divergents qui plus est). De plus, la théorie réaliste fait de la puissance son concept central au détriment d’autres variables. A force de se concentrer sur le conflit Est-Ouest (pendant la guerre froide), la théorie réaliste est restée aveugle devant les crises du Sud. Cette théorie est parfois considérée d’être cynique et pessimiste[réf. nécessaire]. Il lui est reproché également de refuser l'inclusion d’autres paramètres dans leurs analyses comme le facteur économique et la coopération.
  • Les critiques partielles s’attaquent à quelques concepts du réalisme. La dissociation entre politique étrangère et politique interne est considérée comme artificielle. Elles reprochent aussi à l’« interêt national » d’être une notion floue puisque aucun État n’agira contre son intérêt, et que l’intérêt national diffère d’un dirigeant à l’autre. L’équilibre de la puissance a été critiqué lui aussi puisqu'il aurait d’autres modes de restructuration de la scène internationale ainsi une unité politique ou un groupe d’unités constitue un exemple de cette structuration. De plus l’histoire a montré que « les périodes d’équilibre ne seraient que des temps exceptionnels[réf. nécessaire] ».

[modifier] Bibliographie

  • Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 1962.
  • Edward H. Carr, The twenty years' crisis : 1919-1939 : an introduction to the study of international relations, 2nd ed,. London, Macmillan, 1949.
  • George F. Kennan, « The sources of the Soviet Conduct » , Foreign Affairs, juillet 1947, Vol. 25, n°4, pp. 566-582.
  • Henry Kissinger, A World Restored : Metternich, Castlereagh and the problems of peace, Boston, Mass. 1973, pp. 1-28.
  • Henry Kissinger, Diplomatie, Paris, Fayard, 1996.
  • Hans Morgenthau, Politics Among Nations : the struggle for power and peace, New-York, Knopf, 1948.
  • Hans Morgenthau, « Une théorie réaliste de la politique internationale. », in Philippe Braillard, Théories des relations internationales, PUF, 1977
  • Trevor Taylor, « Power Politics », in Taylor, Trevor (ed.), New Thinking in International Relations Theory, Boulder, Westview Press, 1997, pp. 163-201.
  • Richard Falk, Explorations at the Edge of Time : The Prospects for World Order, Philadelphie, Temple University Press, 1992, pp. 214-227.
  • Aziz Hasbi, Théories des relations internationales, L'Harmattan, 2005
  • Dario Battistella, Théories des relations internationales, Presses de sciences po, 2003
  • Alex Macleod, Évelyne Dufault, Guillaume Dufour (dir.), Relations internationales ; théories et concepts, Montréal, Athéna, 2004
  • Hubert Védrine, Continuer l'Histoire, Champs actuels, 2008