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Invitation à la lecture sur le Portail:Littérature (Conseil : masquer le sommaire)

Sommaire

[modifier] Recommandations

  • Une invitation à la lecture est constituée par un extrait cohérent - et plutôt emblématique de l'oeuvre tant qu'à faire - qui doit rester de taille raisonnable (environ 120-150 mots ou 15-20 vers), avec le nom de l'auteur, ses dates ?, le titre de l'œuvre en italique, et, impérativement pour les œuvres sous copyright, l'éditeur et la date de publication.
  • Une illustration est souhaitable pour animer la page du Portail:littérature où s'affiche l'invitation à la lecture.
  • L'expérience montre que prendre appui sur les commémorations du mois ou sur le contexte des saisons et des fêtes (14 juillet, 11 novembre, Noël ...) peut-être une bonne idée, même si le choix d'un texte n'a pas besoin d'être justifié, il doit simplement ne pas constituer une provocation. Il est par ailleurs souhaitable aussi de faire référence à Wikisource quand cela est possible. Cependant, comme la littérature est vivante, le droit de citation est un outil précieux pour faire une place à des textes récents.
  • La variété des textes est la bienvenue : variété des genres (poésie – roman – théâtre...) et des siècles en s'ouvrant aux littératures étrangères, mais aussi variété des sensibilités par la diversité des contributeurs. Cependant, pour conserver une visibilité satisfaisante à chaque texte qui sera affiché de façon aléatoire, le nombre maximum pourrait être fixé à 6 textes pour un mois.

[modifier] Marche à suivre

Il faut enregistrer chaque invitation individuellement en créant une page propre pour chaque texte. Cliquer sur un des liens rouges du tableau ci-dessous pour ouvrir une telle page.

Concrètement, sur cette page, il faut

  • Placer la balise d'ouverture :

<div style="margin-bottom: 0.7em; padding:1em; text-align:justify; font-weight:normal; font-family:Georgia, Times New Roman, Times Roman, Times, serif; font-size:95%;">

  • Insérer l'illustration :

[[Image:Nom_de_l'image|90px|right]]

  • Insérer le nom de l'auteur et le titre de l'extrait.
  • Insérer le texte de l'extrait ainsi que ses références.
  • Placer la balise de fermeture :

</div>
NB : Pour établir un renvoi à Wikisource, utiliser la balise de fermeture suivante en la complétant :
<div align="right" style="position:float;float:left;">[[Image:1rightarrow.png|16px]]''[[s:Auteur|Retrouvez l'œuvre de Nom de l'auteur dans Wikisource]]''</div> <div style="position:float;float:right">[[Image:Wikisource-logo.svg|30px|left|Wikisource]]</div>

LE PLUS SIMPLE est de copier les consignes ci-dessus, de cliquer sur un lien rouge dans le tableau du mois à venir, de coller et de compléter la page.

Le tableau du mois suivant est créé automatiquement et rempli au fur et à mesure :


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[modifier] s:janvier 2009 Invitation 1

Wikipédia:Lumière sur/s:janvier 2009 Invitation 1
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Wikipédia:Lumière sur/s:janvier 2009 Invitation 2
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[modifier] s:janvier 2009 Invitation 5

Wikipédia:Lumière sur/s:janvier 2009 Invitation 5
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[modifier] s:janvier 2009 Invitation 6

Wikipédia:Lumière sur/s:janvier 2009 Invitation 6


Ce tableau mensuel sera archivé régulièrement dans la section Archives (voir infra partie 5).

[modifier] Rotation

Au changement de mois la rotation aléatoire se fera automatiquement avec les nouveaux textes. Le hasard a ainsi désigné pour cette session le texte suivant :

Wikipédia:Lumière sur/s:juin 2008 Invitation 6



[modifier] Invitations du mois en cours, juin 2008

[modifier] s:juin 2008 Invitation 1

Margaret Mazzantini – Naissance

Entre les bras de Kentu, c'est toi : un petit singe rouge dans une couverture blanche. Je te reçois, je te scrute. Tu es vraiment affreuse. Tu es vraiment magnifique. Tu as des lèvres épaisses, déjà dessinées, tournées vers l'extérieur de ton visage encore chiffonné, les yeux gonflés, mi-clos à cause de cette lumière soudaine qui te gêne. Je lève le coude pour te protéger de ce violent rayon qui tombe du Scialytique encore allumé. C'est le premier geste que je fais pour toi, le premier pour te protéger. Et je me penche sur ta mère. Je n'oublierai jamais le visage avec lequel elle te regarde. Un visage comblé et stupéfait, mais avec un imperceptible fond de tristesse. Je comprends le sentiment qu'il exprime : la conscience subite de la tâche que lui confie la vie.

Margaret Mazzantini - « Écoute-moi » (page 261) - (éditions Robert Laffont, 2004)

[modifier] s:juin 2008 Invitation 2

Fernando Pessoa - Ulysse

Le mythe est le rien qui est tout.
Le soleil lui-même qui épanouit les cieux
Est un mythe brillant et silencieux –
Le corps mort de Dieu,
Vivant et nu.
Celui qui aborda ce port,
Il fut sans avoir existé.
Sans exister il nous suffit.
Pour n’être pas venu il vint
Et nous créa.
Ainsi s’écoulant, la légende
Entre dans la réalité,
Qu’elle féconde en advenant.
En bas, la vie, moitié néant,
S’en va mourant.

Fernando Pessoa (13/06/1888 – 1935) - Message (Traduit par Bernard Sesé - coédition Unesco /José Corti, éd. Bilingue 1988)

[modifier] s:juin 2008 Invitation 3

Federico García Lorca - Poema de la Saeta : Paso

Vierge en crinoline,
Vierge de la Soledad,
épanouie comme une immense
tulipe.
Dans ta barque de lumières
tu vas
sur la marée haute
de la ville,
parmi les saetas troubles
et des étoiles de cristal.
Vierge en crinoline,
tu vas
sur le fleuve de la rue
jusqu'à la mer!

Federico García Lorca (5/06/1898 -1936) - Poema del cante jondo (1921-1931)

[modifier] s:juin 2008 Invitation 4

Erich Maria Remarque - Assaut

Personne ne croirait que dans ce désert tout déchiqueté il puisse y avoir encore des êtres humains ; mais, maintenant, des casques d’acier surgissent partout dans la tranchée et à cinquante mètres de nous, il y a déjà une mitrailleuse qui, aussitôt, se met à crépiter.

[…] Nous reconnaissons les visages crispés et les casques ; ce sont des Français. Ils atteignent les débris de barbelés et ont déjà des pertes visibles. Toute une file est fauchée par la mitrailleuse qui est à côté de nous ; puis nous avons une série d’enrayages et les assaillants se rapprochent. Je vois l’un d’eux tomber dans un cheval de frise, la figure haute. Le corps s’affaisse sur lui-même comme un sac, les mains restent croisées comme s’il voulait prier. Puis le corps se détache tout entier et il n’y a plus que les mains coupées par le coup de feu, avec des tronçons de bras qui restent accrochés dans les barbelés.

Erich Maria Remarque (22/06/1898 - 1970) - À l’Ouest, rien de nouveau (Éditions Stock, 1928)

[modifier] s:juin 2008 Invitation 5

Jorge Semprun - Fidélité à l'exil

Je demanderais à être enterré dans le petit cimetière de Biriatou. Dans ce lieu de frontière, patrie possible des apatrides, entre l'une et l'autre appartenance – l'espagnole, qui est de naissance, avec toute l'impériosité, accablante parfois, de ce qui va se soi ; la française, qui est de choix, avec toute l'incertitude, angoissante parfois, de la passion – , sur cette vieille terre d'Euskal Herria. Voilà un lieu qui me conviendrait parfaitement pour que se perpétue mon absence.

D'ailleurs, si je me laissais aller à ce désir profond, dont je mesure bien l'inconvenance, du moins les inconvénients pour ceux qui se croiraient obliger de le combler, je demanderais également que mon corps fût enveloppé dans le drapeau tricolore – rouge, or, violet – de la République (espagnole).

(...) Il symboliserait simplement une fidélité à l'exil et à la douleur mortifère des miens : ceux à qui je n'ai cessé de penser sur la terrasse ombragée de Biriatou, encore aujourd'hui, quand il m'arrive d'y revenir.

Jorge Semprun - Adieu vive clarté (page 219) - (Éditions Gallimard, 1998).

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[modifier] s:juin 2008 Invitation 6

Wikipédia:Lumière sur/s:juin 2008 Invitation 6


[modifier] Archives récentes

L'archivage des derniers tableaux mensuels doit être effectué régulièrement ici.

Pour les archives complètes on se reportera à Wikipédia:Sélection/Invitation à la lecture/Archives.



#Décembre 2007 #Novembre 2007 #Octobre 2007

[modifier] Décembre 2007

[modifier] s:décembre 2007 Invitation 1

Sur le Rhin - Heinrich Heine

Montagnes et donjons regardent dans le fleuve clair comme un miroir, et mon petit esquif cingle joyeusement, illuminé de l'éclat du soleil.

Tranquille, je regarde le scintillement des vagues qui se replient avec des reflets d'or ; silencieusement s'éveillent les pensées qui dormaient au fond de mon cœur.

La magnificence du fleuve me salue et m'attire par d'amicales promesses ; mais je le connais ; sa surface trompeuse cache au dedans la mort et la nuit.

Au dehors le bonheur, et des embûches dans le sein, fleuve, tu es l'image de ma bien-aimée : elle aussi a l'air si amical, elle aussi sourit doucement.

Heinrich Heine (13/12/1797 - 1856) - Sur le Rhin

Wikisource

[modifier] s:décembre 2007 Invitation 2

Alphonse Daudet - Les Trois Messes basses (Conte de Noël)

La nuit était claire, les étoiles avivées de froid ; la bise piquait, et un fin grésil, glissant sur les vêtements sans les mouiller, gardait fidèlement la tradition des Noëls blancs de neige. Tout en haut de la côte, le château apparaissait comme le but, avec sa masse énorme de tours, de pignons, le clocher de sa chapelle montant dans le ciel bleu noir, et une foule de petites lumières qui clignotaient, allaient, venaient, s’agitaient à toutes les fenêtres, et ressemblaient, sur le fond sombre du bâtiment, aux étincelles courant dans des cendres de papier brûlé... Passé le pont-levis et la poterne, il fallait, pour se rendre à la chapelle, traverser la première cour, pleine de carrosses, de valets, de chaises à porteurs, toute claire du feu des torches et de la flambée des cuisines. On entendait le tintement des tournebroches, le fracas des casseroles, le choc des cristaux et de l’argenterie remués dans les apprêts d’un repas ; par là-dessus, une vapeur tiède, qui sentait bon les chairs rôties et les herbes fortes des sauces compliquées, faisait dire aux métayers comme au chapelain, comme au bailli, comme à tout le monde : — Quel bon réveillon nous allons faire après la messe !

Alphonse Daudet (1840 - 16/12/ 1897) - Lettres de mon moulin.

Wikisource

[modifier] s:décembre 2007 Invitation 3

Marguerite Yourcenar – Tellus stabilita

Je voulais que l'immense majesté de la paix romaine s'étendît à tous, insensible et présente comme la musique du ciel en marche ; que le plus humble voyageur pût errer d'un pays, d'un continent à l'autre, sans formalités vexatoires, sans dangers, sûr partout d'un minimum de légalité et de culture ; que nos soldats continuassent leur éternelle danse pyrrhique aux frontières ; que tout fonctionnât sans accroc, les ateliers et les temples ; que la mer fût sillonnée de beaux navires et les routes parcourues par de fréquents attelages ; que, dans un monde bien en ordre, les philosophes eussent leur place et les danseurs aussi. Cet idéal, modeste en somme, serait assez souvent approché si les hommes mettaient à son service une part de l'énergie qu'ils dépensent en travaux stupides ou féroces ; une chance heureuse m'a permis de le réaliser partiellement durant ce dernier quart de siècle.

Marguerite Yourcenar(1903 - 17/12/1987 - Mémoires d'Hadrien (page 197) - (Éditions Gallimard, 1951)

[modifier] s:décembre 2007 Invitation 4

Olivier Adam - Effets de nuit

Ça a commencé comment ? Comme ça je suppose. Deux ronds de lumière, des feux bizarres posés sur rien, et l'horizon indistinct obscur et flou, tout là-bas au loin. Un halo mouillé dans la nuit des champs de betterave. Juste ça. Lentement mais sûrement ça s'approchait, dans un vacarme de moteur et de pneus dans la pluie ça s'approchait, une bouillie de lumière éblouissante. C'était juste un putain de camion, un machin énorme comme il en passait sur n'importe quelle route, la nuit, en rase campagne, c'était rien mais au moment de le croiser, au moment exact où je me suis trouvée prise dans le foyer blanc des phares, j'ai fermé les yeux. Un très court instant, un centième de seconde, peut-être moins. Mais quand je les ai rouverts tout s'est soudain réduit à un voile piqué de points jaunes, strié d'éclats, de traînées.

Olivier Adam - A l'abri de rien (page 34) - (Éditions de l'olivier, 2007)

[modifier] s:décembre 2007 Invitation 5

Conrad - La remontée du fleuve

La remontée de ce fleuve, c’était comme une remontée aux premiers commencements du monde, au temps où la végétation se déchaînait sur la terre, où les grands arbres étaient rois. Un fleuve vide, un vaste silence, une forêt impénétrable. L’air était chaud, épais, lourd, léthargique. Il n’y avait nulle joie dans l’éclat du soleil. Les longues lignes droites de la voie d’eau couraient, désertes, se perdre dans l’obscurité des lointains ombreux. Sur des bancs de sable argentés, hippopotames et crocodiles, prenaient le soleil. Les eaux s’élargirent, coulant au milieu d’une foule d’îles boisées ; on se perdait sur ce fleuve comme on le fait dans un désert, et l’on donnait de la proue dans les hauts-fonds du matin au soir, en essayant de trouver le chenal, jusqu’à se croire ensorcelé, et coupé à jamais de tout ce qu’on avait connu jadis...

Joseph Conrad (3/12/1857-1924) – Au cœur des ténèbres (1899 – trad. fr. Gallimard 1996)

Wikisource

[modifier] s:décembre 2007 Invitation 6

Guillaume Apollinaire - Les sapins

(...) Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs aînés
Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
A briller plus que des planètes


A briller doucement changés
En étoiles et enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses


Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
Au vent des soirs d'automne
Ou bien graves magiciens
Incantent le ciel quand il tonne (...)

Guillaume Apollinaire (1880-1918) - Alcools (1913)

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[modifier] Novembre 2007

[modifier] s:Lesage - Laquais

Laquais

Ne me parle donc point d’un poste de précepteur. C’est un bénéfice à charge d’âmes. Mais parle-moi de l’emploi d’un laquais. C’est un bénéfice simple, qui n’engage à rien. Un maître a-t-il des vices, le génie supérieur qui le sert les flatte, et souvent même les fait tourner à son profit. Un valet vit sans inquiétude dans une bonne maison. Après avoir bu et mangé tout son soûl, il s’endort tranquillement comme un enfant de famille, sans s’embarrasser du boucher ni du boulanger. Je ne finirais point, mon enfant, poursuivit-il, si je voulais dire tous les avantages des valets. Crois-moi, Gil Blas, perds pour jamais l’envie d’être précepteur, et suis mon exemple. Oui mais, Fabrice, lui repartis-je, on ne trouve pas tous les jours des administrateurs ; et si je me résolvais à servir, je voudrais du moins n’être pas mal placé. Oh ! tu as raison, me dit-il, et j’en fais mon affaire. Je te réponds d’une bonne condition, quand ce ne serait que pour arracher un galant homme à l’Université. La prochaine misère dont j’étais menacé, et l’air satisfait qu’avait Fabrice, me persuadant plus que ses raisons, je me déterminai à me mettre dans le service.

Alain-René Lesage (1668 - 17/11/1747) - Histoire de Gil Blas de Santillane (1715) (Livre I, Ch. XVII)

Wikisource

[modifier] s:Kourouma - Enfant-soldat

Enfant-soldat

Je m'appelle Ibrahima. J'aurais pu être un sale gosse comme les autres (dix ou douze ans, selon les sources), ni meilleur ni pire, si j'étais né ailleurs que dans un foutu pays d'Afrique. Mais mon père est mort. Et ma mère, qui marchait sur les fesses, elle est morte aussi. Alors je suis parti à la recherche de ma tante Mahan, ma tutrice. C'est Yacouba qui m'accompagne. Yacouba, le féticheur, le multiplicateur de billets, le bandit boiteux. Comme on n'a pas de chance, on doit chercher partout, dans le Libéria et la Sierra Leone de la guerre tribale. Comme on n'a pas de sous, on doit s'embaucher, Yacouba comme grigriman et moi comme enfant-soldat. De camp retranché en ville investie, de bande en bande de bandits de grand chemin, j'ai tué pas mal de gens avec mon kalachnikov. C'est facile. On appuie et ça fait tralala. Je ne sais pas si je me suis amusé. Je sais que j'ai eu beaucoup mal. Mais Allah n'est pas obligé d'être juste avec toutes les choses qu'il a créées ici-bas.

Ahmadou Kourouma (24/11/1927 - 2003) - Allah n'est pas obligé (Editions du Seuil, 2000) (4e de couverture).

[modifier] s:Jarry - Ubu

Père Ubu, Mère Ubu

Père Ubu : - Merdre!

Mère Ubu : - Oh! voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou.

Père Ubu : - Que ne vous assom'je, Mère Ubu !

Mère Ubu : - Ce n'est pas moi, Père Ubu, c'est un autre qu'il faudrait assassiner.

Père Ubu : - De par ma chandelle verte, je ne comprends pas.

Mère Ubu : - Comment, Père Ubu, vous estes content de votre sort ?

Père Ubu : - De par ma chandelle verte, merdre, madame, certes oui, je suis content. On le serait à moins: capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l'ordre de l'Aigle Rouge de Pologne et ancien roi d'Aragon, que voulez-vous de mieux ?

Mère Ubu : - Comment ! Après avoir été roi d'Aragon vous vous contentez de mener aux revues une cinquantaine d'estafiers armés de coupe-choux, quand vous pourriez faire succéder sur votre fiole la couronne de Pologne à celle d'Aragon ?

Alfred Jarry (1873 - 01/11/1907) – Ubu Roi (1896) (Acte premier, scène première).

Wikisource

[modifier] s:Eichendorff - Clair de lune

Nuit de Lune (1835)
C'était comme si le ciel
Eût embrassé la terre,
Comme si dans la clarté des fleurs,
Elle eût à rêver de lui.
L'air passait à travers champs,
Les épis se berçaient lentement,
Les forêts bruissaient doucement,
Tant la nuit était claire d'étoiles.
Et mon âme étendait
Largement ses ailes,
Volait à travers des campagnes calmes,
Comme pour rentrer chez elle.

Joseph von Eichendorff (1788 - 26/11/1857)

Wikisource

[modifier] s:Dugain - Raison d'État

Raison d'État

Ces hommes (les sous-mariniers) devaient mourir pour que le doute puisse continuer à bénéficier au pouvoir, pour que la vérité ne lui soit jamais jetée à la face. Au bout du compte, que sont ces vingt-trois vies, comparées à un secret d'État à naître ? Rien. Et cela n'a rien de choquant. Le contraire aurait étonné. Dans un pays où la vie ne vaut rien, où la mort a longtemps été une délivrance, peut-on concevoir qu'on change des siècles d'exercice du pouvoir dans le secret contre les vint-trois vies d'hommes qui ont choisi le métier des armes ? Le contraire aurait été à lui seul une révolution. Et de révolution, dans ce pays, nous n'en avons jamais eu.

Marc Dugain - Une exécution ordinaire (éditions Gallimard, 2007) (page 233).

[modifier] Octobre 2007

[modifier] s:Nothomb - Lever du soleil au mont Fuji

Lever du soleil au mont Fuji

Soudain, un fragment rouge apparut à l'horizon. Un frémissement parcourut l'assemblée muette. Ensuite, à une vitesse qui n'excluait pas la majesté, le disque entier sortit du néant et surplomba la plaine.

Alors se produisit un phénomène dont le souvenir n'a pas fini de me bouleverser ; des centaines de poitrines réunies là, dont la mienne, s'éleva une clameur : - Banzaï !

Ce cri était une litote : dix mille ans n'auraient pas suffi à exprimer le sentiment d'éternité japonaise suscité par ce spectacle.

Nous devions ressembler à un rassemblement d'extrême droite. Pourtant les braves gens qui étaient là devaient être aussi peu fascistes que vous et moi. En vérité, nous ne participions pas à une idéologie mais à une mythologie, et sûrement à l'une des plus efficaces de la planète.

Les yeux emplis de larmes, je contemplais le drapeau nippon perdre peu à peu son rouge pour déverser son or dans l'azur encore blafard. Amaterasu n'était pas ma cousine.

Amélie Nothomb - Ni d'Eve, ni d'Adam (p. 125) – éd. Albin Michel, 2007

[modifier] s:Aragon - Strophes pour se souvenir

Strophes pour se souvenir

Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

(...)

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.


Louis Aragon (3/10/1897- 1982) - Le Roman Inachevé (1956) – éd. Gallimard

[modifier] s:Aymé - Le Passe-muraille

Le Passe-muraille

Il y avait à Montmartre, au troisième étage du 75 bis de la rue d'Orchampt, un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. (...)

Dutilleul venait d'entrer dans sa quarante-troisième année lorsqu'il eut la révélation de son pouvoir. Un soir, une courte panne d'électricité l'ayant surpris dans le vestibule de son petit appartement de célibataire, il tâtonna un moment dans les ténèbres et, le courant revenu, se trouva sur le palier du troisième étage. Comme sa porte d'entrée était fermée à clé de l'inté­rieur, l'incident lui donna à réfléchir et, malgré les remontrances de sa raison, il se décida à rentrer chez lui comme il en était sorti, en passant à travers la muraille. Cette étrange faculté, qui semblait ne répondre à aucune de ses aspirations, ne laissa pas de le contrarier un peu et, le lendemain samedi, profitant de la semaine anglaise, il alla trouver un médecin du quartier pour lui exposer son cas.

Marcel Aymé (1902 - 17/10/1967).Le Passe-muraille (1943) - éd. Gallimard

[modifier] s:Anouilh - Donner une âme

Donner une âme

Tu vois qu'il faut leur donner une âme à ces gens-là, une foi, quelque chose de simple. Il y a justement dans ta capitainerie une petite à qui saint Michel est apparu et aussi sainte Catherine et sainte Marguerite, à ce qu'elle dit. Je t'arrête. Je sais ce que tu vas me dire : tu n'y crois pas. Mais tu passes là-dessus, provisoirement. – C'est là que tu es vraiment extraordinaire. Tu te dis : c'est une petite bergère de rien du tout, bon ! Mais supposons qu'elle ait Dieu avec elle, rien ne peut plus l'arrêter. Et qu'elle ait Dieu avec elle ou non, c'est pile ou face. On ne peut pas le prouver, mais on ne peut pas non plus prouver le contraire... Or, elle est parvenue jusqu'à moi, malgré moi, et il y a une demi-heure que je l'écoute – çà tu ne le discutes pas, c'est un fait. Tu constates. Alors, tout d'un coup, il y a ton idée, ton idée qui commence à te venir. Tu te dis : puisqu'elle m'a convaincu, moi, pourquoi ne convaincrait-elle pas le dauphin et Dunois et l'archevêque ?

Jean Anouilh (1910 – 3/10/1987) – L'alouette (1953) – éd. de La Table Ronde

[modifier] s:Guillaume Apollinaire - L'Adieu

'

L'adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends

Guillaume Apollinaire - Alcools

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