Pont de l'île de Ré

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Pont de l'île de Ré

Pays France
Région Poitou-Charentes
Département Charente-Maritime
Ville La Pallice - Rivedoux-Plage
Coordonnées 46°10′18″N 01°14′21″W / 46.17167, -1.23917
Type Pont à poutres cantilever
Longueur 3 840 m
Largeur 15,5 m
Hauteur 42 m
Matériau Béton précontraint
Inauguration 1986 - 1988
Architecte(s) Michel Virlogeux
Charles Lavigne
Pham X. Thao
Michel Placidi
Catégories de ponts
Par type · Par pays · Par villes · Par cours d'eau
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Liste de ponts · Ponts les plus longs

Le pont de l'Île de Ré, est le pont le plus long de France. Situé en Charente-Maritime et inauguré le 19 mai 1988, date à laquelle il a ravi le titre au pont de l'île d'Oléron. Le pont relie l' île de Ré au continent par une élégante courbe de 3 840 mètres de longueur culminant à 42 mètres au-dessus de la mer. Il va du lieu dit La Repentie, proche du port de La Pallice au nord ouest de La Rochelle, à la pointe de Sablanceaux à Rivedoux-Plage à l'est de l'Île de Ré.

Sommaire

[modifier] Caractéristiques

Destiné à assurer la continuité territoriale entre le continent et l’île de Ré, le pont a été construit en régie par le département (sans recourir à un concessionnaire) et est classé dans la voirie départementale. C'est l'entreprise Bouygues qui a été choisie pour la réalisation de l'ensemble.

Ouvrage d'art entièrement réalisé en béton précontraint, c'est un pont à poutres cantilever constitué de 28 piles distantes de 110 mètres, et de 27 travées de type poutre-caisson.

Le pont a un longueur totale de 3840 mètres avec les rampes d'accès, la longueur de l'ouvrage d'art étant de 2927 mètres, pour une portée principale de 2640 mètres (24x110 m). Il est constitué de 28 piles, distantes de 110 mètres, et de 27 travées, dont le point culminant se trouve à 42 mètres au-dessus du niveau de la mer, l'ensemble de l'ouvrage présentant un rayon de courbure horizontale de 5000 mètres.

Large de 15,5 mètres, le tablier offre 2 voies de circulation (9 m de voies routières), une piste cyclable à double sens d'un coté et une autre réservée aux piétons de l'autre (2,5 mètres), et 30 mètres de tirant d'air sur 4 passes navigables entre ses piles.

Le pont a nécessité pour sa construction 50 000 m³ de béton, 6 000 tonnes d'acier et 796 voussoirs pesant de 80 à 130 tonnes.

Projet financé par le Conseil Général de la Charente-Maritime, le coût total s'élève à 385 millions de francs (58,7 millions d'euros). Un tunnel a été pendant un temps envisagé, mais bien que moins long (2,4 km) serait revenu à 620 millions de francs (94,5 millions d'euros). La traversée du pont est soumise à un péage (en 2006 : gratuit pour les insulaires, les piétons et les vélos, 16,50 € pour une berline de mi-juin à mi-septembre et 9 € hors saison, dont une écotaxe de 3,05 €), mais il est question qu'elle devienne gratuite à partir du 1er janvier 2012, bien que l'on parle du maintien d'une écotaxe.

Le trafic, initialement prévu à 10 000 véhicules par jour en basse saison, 25 000 véhicules par jours les mois d'été, a été largement supérieur et croît constamment chaque année. En 2006, la circulation routière a approché les trois millions de véhicules, soit 2,34% de plus qu'en 2005 (chiffres du Conseil général de la Charente-Maritime).

[modifier] Construction

Un des 796 voussoirs du pont dont les formes varient suivant leur position
Un des 796 voussoirs du pont dont les formes varient suivant leur position

Fruit d'une décision du Conseil Général de la Charente-Maritime datant de 1980, et d'un arrêté d'utilité publique signé par le Préfet de Charente-Maritime le 28 août 1984, la construction, qui débute le 26 février 1987 et voit la pose du dernier voussoir le 15 février 1988, met en œuvre des techniques de pointe. L'utilisation d'une plateforme maritime a permis aux équipes de travailler par tous les temps, et de réaliser dans le calcaire des fonds marins plusieurs pieux forés de 2 mètres de diamètre sur 12 mètres de profondeur, d'une inclinaison de 20 degrés, et dans lesquels fut coulé du béton armé, permettant ensuite aux piles, des cylindres de 5,50 mètres de diamètre, de prendre appui sur ces fondations.

La technique mise en œuvre est la méthode de construction en encorbellement par voussoirs préfabriqués, permettant au pont de progresser de plus de 20 mètres par jour. Une centrale à béton fabriquait les voussoirs sur place à La Repentie/La Pallice. Un engin nommé « poutre de lancement », mesurant 285 mètres de long, prenait appuis sur deux piles et déposait des voussoirs sur une troisième et les assemblait ensuite en formant des demi-arches de façon symétrique par rapport à cette pile, la progression de l'ensemble se faisant dans le sens continent-île de Ré.

L'utilisation de poutre-caissons (l'intérieur des voussoirs est vide) permet le passage des approvisionnements en eau et en électricité de toute l’île, ainsi que l’inspection de l’ouvrage.

Achevé en 23 mois à peine, et inauguré le 19 mai 1988, le pont détient un record de rapidité de construction (avec trois semaines d'avance sur les prévisions).

[modifier] Sécurité

Le Pont depuis la pointe de Chauveau - Rivedoux-Plage
Le Pont depuis la pointe de Chauveau - Rivedoux-Plage

L’ensemble des voussoirs est relié par des câbles de précontrainte, permettant ainsi au pont de résister à la dilatation causée par la chaleur, aux contraintes causées par le vent, ou aux phénomènes sismiques (le dernier en date ayant eu lieu le 24 août 2006). Le tablier du pont est libre et posé simplement sur des patins fixés sur chaque pile.

Les piles du pont sont prévues pour résister au choc des plus gros navires lancés à pleine vitesse pouvant passer sous l'ouvrage.

Tous les neuf ans, le pont subit une inspection intérieure et extérieure complète (obligatoire pour ce genre d'ouvrage d'art), y compris des parties aériennes et sous-marines. La dernière, qui a duré un mois entier, a été réalisé en juillet 2006 pour les 18 ans du pont par les services de la SNCF, pour un coût estimé de 200 000 euros. Les piles du pont étant creuses, des plongeurs sont descendus à l’intérieur inspecter la partie hors d’eau, puis sous-marine, de chacune.

[modifier] Controverses

Construction

Le pont de l'île de Ré a été l'objet d'une vive controverse, se déplaçant de tribunaux en émissions de télévision (qui valut notamment son éviction de TF1 à Michel Polac). Lors de l'élaboration du projet, des voix se sont élevées contre l'idée de relier l'île au continent par un pont, et ont œuvré jusqu'au bout pour enterrer le projet.

Aussi, lorsque les travaux ont débuté, un recours a été déposé au tribunal administratif. Cependant, en raison de la vitesse à laquelle ont été menés les travaux et des lenteurs de la justice française, le pont était déjà achevé lorsque le juge administratif a statué sur les demandes tendant à l'arrêt des travaux (fin novembre 1988). Le pont n'a pas été démoli car il était dès lors protégé par son statut d'ouvrage public. En tout état de cause, la règle générale qui dispose que l'intérêt général doit prévaloir sur quelques intérêts particuliers a été appliquée. C'est ainsi qu'il y eut la bataille entre les «anti-pont» et les «pro-pont». Cependant que les premiers cherchaient à n'importe quel prix à préserver leur tranquilité et leur nostalgie de l'insularité, les seconds, de loin les plus nombreux, voyaient les avantages que pouvait leur apporter une liaison fixe, notamment pour une grande partie de Rétais allant travailler quotidiennement sur le continent, pour les enfants scolarisés dans les collèges et lycées de La Rochelle et pour les évacuations sanitaires urgentes. En effet, les bacs qui assuraient précédemment le passage entre Ré et le continent (en général de 6 heures du matin à minuit), outre l'attente d'embarquement (jusqu'à plus de six heures l'été) et la durée de la traversée (entre 45 mn et 1h30 au total selon les heures pour une traversée de 5 km), étaient immobilisés lorsque la mer était trop mauvaise. Si une évacuation sanitaire d'urgence devait être effectuée, il était nécessaire de faire venir un hélicoptère du CHU de Poitiers, un tel mode de transport n'étant pas à l'époque disponible sur La Rochelle. Sous ces aspects-là, il apparaît évident que le pont a indéniablement apporté un confort indispensable aux insulaires.

Péage

Une majorité des Rétais et certains résidents issus du continent s’opposent à la gratuité du pont prévue en 2012 mais uniquement en ce qui concerne les continentaux ; l’île étant déjà sur-envahie par la circulation automobile principalement chaque grand week-end. Le village de Rivedoux-Plage est traversé obligatoirement par tous véhicules rentrant ou sortant de l’île, les fins de week-end, ceux-ci figent intégralement la circulation des habitants, comme des secours, de 16 à 21 heures. À ces périodes, le temps de sortie de l’île est généralement de plus de deux heures pour un véhicule venant d’un autre village. Les Rétais ont la gratuité du passage du pont depuis quelques années, les résidents secondaires, les travailleurs non insulaires ou saisonniers ont accès à un tarif réduit.

[modifier] Galerie

Vues du pont de l'île de Ré
Construction du Pont. La grue «poutre de lancement» de manipulation des voussoirs mesurait 285 m de long, elle sera détruite sur l'île à la fin des travaux.
Construction du Pont. La grue «poutre de lancement» de manipulation des voussoirs mesurait 285 m de long, elle sera détruite sur l'île à la fin des travaux.
Le bac Maréchal de Thoiras passe devant le pont en construction (11/1987)
Le bac Maréchal de Thoiras passe devant le pont en construction (11/1987)
Le pont en construction, vue côté île de Ré
Le pont en construction, vue côté île de Ré
Le jour de la pose du dernier voussoir le 15 février 1988, côté île.
Le jour de la pose du dernier voussoir le 15 février 1988, côté île.
Pose du dernier voussoir, dans quelques minutes l'île devient presqu'île.
Pose du dernier voussoir, dans quelques minutes l'île devient presqu'île.
Le pont depuis la plage de Sablanceaux - Rivedoux-Plage - Île de Ré
Le pont depuis la plage de Sablanceaux - Rivedoux-Plage - Île de Ré
Le Pont depuis La Repentie/La Pallice, en premier plan le péage.
Le Pont depuis La Repentie/La Pallice, en premier plan le péage.
Le péage du pont sur le continent à La Repentie (La Pallice).
Le péage du pont sur le continent à La Repentie (La Pallice).
Sur le pont, côté piéton, en descendant vers l'île.
Sur le pont, côté piéton, en descendant vers l'île.
Côté piste cyclable, au fond à droite la baie de Rivedoux-Plage.
Côté piste cyclable, au fond à droite la baie de Rivedoux-Plage.
Le pont de l'Île de Ré, vue de nuit depuis la baie de Rivedoux.
Le pont de l'Île de Ré, vue de nuit depuis la baie de Rivedoux.

[modifier] Liens

Forum débat (Rivedousais-Rétais) sur le devenir du pont et de l'île de Ré après 2012 [1]