Physionotrace

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Physionotrace de Louis-Bernard Guyton-Morveau par Quenedey
Physionotrace de Louis-Bernard Guyton-Morveau par Quenedey

Le physionotrace est une invention de Gilles-Louis Chrétien (1745-1811), violoncelliste de la chapelle du roi à Versailles, graveur et portraitiste, datant de 1786.

À l'origine se trouve le portrait dit « immobile », portrait de profil, réalisé aux pastels, caractérisé par une facture assez naïve, réalisé par des artistes qui cheminaient de bourg en bourg et proposaient leurs services aux notables locaux. Pour les réaliser, on tendait derrière le sujet qui prenait la pose une toile noire afin que le profil se détache mieux. Leur taille est relativement petite, car les artistes transportaient les feuilles de papier dans des boîtes à dos. Certains étaient réalisés sur papier bleu.

Sommaire

[modifier] Principe

L'invention de Chrétien mécanisa le dessin du contour du portrait de profil par l'usage d'un pantographe équipé d'un œilleton de visée. En bougeant l'œilleton, on faisait bouger un crayon qui dessinait le profil du sujet. Le portrait grandeur nature, appelé « grand trait », était réalisé en quelques minutes et pouvait être colorié aux pastels par un dessinateur et le client en recevait une douzaine. Si le client le désirait, il était possible de réduire avec un autre pantographe le portrait et de le graver sur une plaque de cuivre à l'eau-forte, ce qui permettait d'en tirer ainsi autour de 2 000 épreuves pour un prix extrêmement modique[1]. Les portraits gravés portaient le nom et l'adresse de l’opérateur, par exemple : « Dess. aux Physionotrace et gravé par Quenedey, Rue Neuve de Petits Champs n° 15 à Paris, 1808 ». Ils pouvaient également mentionner le nom du modèle, mais la plupart sont anonymes. Ces gravures pouvaient aussi être imprimées en couleurs ou coloriées à la main.

Physionotrace par Bouchardy
Physionotrace par Bouchardy

Chrétien s’installe à Paris et s’associe entre avril 1788 et août 1789 avec Edme Quenedey des Ricets (1756-1830), puis cesse sa production vers 1798.

Les « physionotypes » qu'Edme Quenedey produisit de 1789 à sa mort en 1830 sont considérés comme la photographie de l'époque. Le cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France en conserve 2 800. Ils constituent, outre le portrait de personnalités de l'époque, une source inestimable de renseignements sur l'histoire du costume et de la coiffure à cette époque.

Par extension, on appelle physionotrace aussi bien l’appareil, le grand trait ou les portraits gravés ad vivum.

Ce procédé a laissé des milliers de portraits, qui sont d'une facture standard, inexpressifs et sans grande valeur artistique, de la société sous la Révolution française, de la famille royale aux Conventionnels, de Bailly, de Marat, de Pétion, de Robespierre.

René Hennequin, l’historien de Quenedey, a catalogué 850 portraits pour la première année (1788-1789). Au salon de 1796, six cents physionotraces ont été exposés.

En 1793, Charles Balthazar Julien Fevret de Saint-Memin, Français émigré au Etats-Unis, emmène l'invention et en répand l'usage en exécutant le nombreux portraits de profil des fondateurs révolutionnaires de ce pays au physiognotrace.


Physionotrace dessiné par Fouquet et gravé par Chrétien en 1793
Physionotrace dessiné par Fouquet et gravé par Chrétien en 1793

[modifier] Autres portraitistes au physionotrace

  • Etienne Bouchardy (1797-1849), miniaturiste élève de Sicardi
  • Adèle et Aglaée Quenedey, filles d'Edme Quenedey
  • François Gonord
  • Fournier
  • Jean Fouquet
  • Charles Balthazar Julien Fevret de Saint-Memin, réfugié pendant la Révolution aux Etats-Unis et qui y importa la technique
  • Louis Lemet (1779-1832), graveur de Philadelphie

[modifier] Notes et références

  1. Michel Melot, Le Physionotrace, Encyclopédia Universalis, Ed. 8.

[modifier] Bibliographie

  • Henri Koilski, Serge Nègre , Avant la photographie, le physionotrace, Cahier n°1 du Musée Arthur Batut (1989)
  • René Hennequin, Edme de Quenedey des Ricets, portraitiste au physionotrace (1756-1830), sa vie et son œuvre, J. L. Paton, Troyes (1926-1927)
  • René Hennequin, Avant les photographies ; les portraits au physionotrace, gravés de 1788 à 1830. Catalogue nominatif, biographique et critique, illustré des deux premières séries de ces portraits comprenant les 1 800 estampes cotées de "1" à "R27", J. L. Paton, Troyes (1932)
  • H. Koilski, Physionotrace, bulletin n° 39 du club Niépce Lumière

[modifier] Article connexe

[modifier] Liens externes

Autres langues