Paul Collette

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Paul Collette, né le 12 août 1920 à Mondeville (Calvados) et décédé le 5 janvier 1995, est un résistant français.

Pendant l'Entre-deux-guerres, Paul Colette a milité aux Volontaires nationaux, l'organisation de jeunesse des Croix-de-feu.

Il s'engage dans l'armée en 1938 puis, après l'ouverture des hostilités, participe aux combats de 1940. Le 20 mai, il participe à Dunkerque pour tenter l'embarquement en Angleterre mais son navire est bombardé puis coulé. Rapatrié en France, démobilisé, il souhaite rejoindre les Forces françaises libres mais ne trouve aucune filière de passage vers l'Angleterre, ni même pour l'Afrique du Nord.

La création de la L.V.F en août 1941 lui donne l'idée de s'y engager et, selon lui, de profiter des circonstances qui pourraient se présenter pour mettre en œuvre un attentat contre les dirigeants de Vichy. Les raisons de son geste restent obscures.

Lors de son engagement, Collette apprend alors, que le lendemain, le 27 août, à l'occasion du départ au front de l'Est de cette première unité, une prise d'armes doit avoir lieu dans la caserne Borgnis-Desbordes à Versailles et que des hautes personnalités, pour marquer cette première étape de la collaboration active, seront présentes.

Lorsque Pierre Laval arrive, accompagné de Jacques Doriot, Marcel Déat, de Fernand de Brinon, Collette tire sur le groupe cinq balles de 6,35. La faiblesse du calibre, la distance, l'inexpérience sans doute, expliquent l'inefficacité relative du tireur. Aucune de ces cibles ne sera mortellement touchée. Dans la bousculade qui suit, Collette est brutalement maîtrisé par les gendarmes. Dans ses mémoires, il raconte : « Les légionnaires qui avaient filé, reviennent eux aussi à toutes jambes, maintenant que le danger est écarté. Ils me bousculent, m'insultent, me crachent à la figure, me frappent. Leurs coups m'atteignent partout, et je sens deux longues traînées de sang qui coulent sur mon visage ».

Après quelques semaines d'emprisonnement, Collette est condamné à mort le mercredi 1er octobre 1941 par un tribunal d'exception (peine commuée en travaux forcés à perpétuité par Pétain) et sera détenu dans plusieurs prisons françaises, puis déporté en Allemagne. Il meurt de sa belle mort, le 5 janvier 1995, à 75 ans, après avoir été, en 1984, fait chevalier de la Légion d'honneur.

Les autorités puis les historiens se sont perdues en conjectures sur le sens de cet attentat. La clémence de Vichy semble particulièrement étonnante si on tient compte des habitudes du temps. Voyant d'abord la main du parti communiste, le gouvernement a ainsi immédiatement fusillé trois membres du PCF. Puis, on a soupçonné un complot du MSR (ex-Cagoule). Enfin, l'engagement de Collette auprès du colonel François de La Rocque (résistant et futur déporté), Croix de Feu puis membre du Parti social français (PSF) n'a pas contribué à éclaircir le sens de son geste.

Le geste de Collette est isolé, son efficacité réelle est limitée, mais son retentissement est immense. Jean Anouilh s'en inspire pour son Antigone.