Patrick Le Lay

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Patrick Le Lay, né le 7 juin 1942 à Saint-Brieuc, est un dirigeant d'entreprise français et ancien président-directeur général de TF1. Il est désormais président de la Une depuis le changement de statut des dirigeants de la chaîne.

Sommaire

[modifier] Carrière

Il a étudié à l'École spéciale des travaux publics avant d'intégrer l'univers du BTP. C'est en tant que responsable de la diversification du groupe Bouygues qu'il prépara le dossier de candidature à la privatisation de TF1 en 1987, selon la volonté de Francis Bouygues. Il est également ancien élève du CPA (Centre de Perfectionnement aux Affaires), l'executive MBA d'HEC. Président-directeur général de la chaîne de télévision française TF1 depuis le 23 février 1988, il est à compter du 22 mai 2007 président du Conseil d'administration de la chaîne, laissant la direction générale à Nonce Paolini[1],[2]

Breton affirmé, il est à l'origine de la création de la chaîne régionale bretonne TV Breizh, filiale du groupe TF1.

Il a été fait chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur en janvier 2003. En 2001, Michel-Constant Verspieren avait révélé dans le livre L’Impasse maçonnique que Le Lay était un haut-gradé franc-maçon.

Il a remporté en novembre 2007 à New York, l'Emmy Award du meilleur directeur de télévision.[3]

[modifier] Citations polémiques

Patrick Le Lay est particulièrement réputé pour ses analyses perçues comme franches (ou brutales), incisives (ou cyniques) et sujettes à polémique.

Une polémique fit rage en juillet 2004 à la suite de la publication de ses propos recueillis dans Les Dirigeants français et le changement par la société de conseil EIM, qui y présentait les réponses de dirigeants tels que Patrick Le Lay, Michel Bon (ex-France Télécom), Robert Louis-Dreyfus (LD Com), Michel Pébereau (BNP Paribas), Henri de Castries (Axa), à des questions portant sur les nouveaux défis des entreprises françaises face au changement.

« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective 'business', soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. […] Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. […] Rien n'est plus difficile que d'obtenir cette disponibilité. C'est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l'information s'accélère, se multiplie et se banalise… […] La télévision, c'est une activité sans mémoire. Si l'on compare cette industrie à celle de l'automobile, par exemple, pour un constructeur d'autos, le processus de création est bien plus lent ; et si son véhicule est un succès il aura au moins le loisir de le savourer. Nous, nous n'en aurons même pas le temps ! […] Tout se joue chaque jour sur les chiffres d'audience. Nous sommes le seul produit au monde où l'on 'connaît' ses clients à la seconde, après un délai de vingt-quatre heures. »

La polémique fut relayée notamment par Les Guignols de l'info et plus globalement par les opposants au leadership de TF1 sur l'audiovisuel français. Ceux-ci reprirent les propos sous la forme raccourcie « Notre boulot, c'est de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible », mettant en parallèle TF1 et les world companies.

Patrick Le Lay donne quelques explications[4] dans un entretien pour Télérama en septembre :

« Ce n'était pas une interview officielle. Le MEDEF m'avait appelé en me disant : on interroge des dirigeants d'entreprise sur le changement et le mouvement. Je ne me souviens plus précisément de cet entretien, mais, comme souvent, j'ai dû parler deux heures à bâtons rompus et tenir ces propos pendant la conversation.
Je ne reconnais cependant pas le métier de TF1 dans cette formule et je ne me retrouve pas dans les propos qu'on me prête : on me transforme en marchand de cerveaux ! Je reconnais que cette formule était un peu caricaturale et étroite. Mais, encore une fois, c'était une conversation et j'ai l'habitude de forcer le trait pour faire comprendre les concepts.[5] Le métier de TF1, c'est l'information et le programme (fiction divertissement, sport, magazines de découverte). Nous sommes une grande chaîne populaire et familiale dont l'objectif est de plaire à un maximum d'audience. Nous vivons de la publicité, mais ce sont nos clients qui mettent au point les spots que nous diffusons. En réalité, que vendons-nous réellement à nos clients ? Du temps d'antenne. La logique de TF1 est une logique de puissance. Nous vendons à nos clients une audience de masse, un nombre d'individus susceptibles de regarder un spot de publicité. Pour les annonceurs, le temps d'antenne ne représente rien d'autre que des contacts clients. De l'attention humaine. En particulier celle de la fameuse ménagère de moins de 50 ans, largement décisionnaire dans les achats de produits alimentaires, entretien ménager et de beauté. »

Et il analyse ainsi les rapports entre culture et audimat :

« On ne vit plus qu'avec les chiffres de l'audimat. [...]. Passer une émission culturelle sur une chaîne commerciale à 20 h 30, c'est un crime économique ! C'est quand même à l'État d'apporter la culture, pas aux industriels. » 9 septembre 1987, Libération.

L'autre « coup de gueule » de Patrick Le Lay fut prononcé en août 2005 quand, dans le magazine Bretons, il a accusé la France d'avoir organisé un génocide culturel (ethnocide) en Bretagne, et qu'il a affirmé « Je ne suis pas français, je suis breton ».

[modifier] Anecdotes

Dans le documentaire de Maurice Dugowson Télévision (Histoires secrètes), Jack Lang confie que l'idée de créer une présidence commune entre Antenne 2 et FR3 lui est venue lors d'une conversation avec Patrick Le Lay.

[modifier] Notes et références

  1. toutelatele.com Patrick Le Lay
  2. telerama.fr TF1 de règne.
  3. AFP, 20 novembre 2007, "Patrick Le Lay et Muriel Robin distingués aux Emmy Awards"
  4. Cité dans Les Dirigeants français et le changement, collectif d'auteurs, éditions Huitième Jour, juin 2004, ISBN 2-91411933-X [1], [2], [3], [4].
  5. lemonde.fr Patrick Le Lay s'explique dans Télérama sur ses propos controversés.
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