Palimpseste

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Codex Ephraemi Rescriptus de Bibliothèque nationale de France
Codex Ephraemi Rescriptus de Bibliothèque nationale de France

Le palimpseste (du grec ancien παλίμψηστος / palímpsêstos, « gratté de nouveau ») désigne un manuscrit écrit sur un parchemin préalablement utilisé, et dont on a fait disparaître les inscriptions pour y écrire de nouveau. Cette méthode fut utilisée au Moyen Âge surtout entre le VIIe siècle et le XIIe siècle, par des copistes qui, le parchemin coûtant cher, réutilisaient d'anciens manuscrits pour y copier de nouveaux textes. Pour cela, les vieux manuscrits étaient préalablement désencrés ou effacés grâce à de la pierre ponce.

À cause de cette méthode, plusieurs écrits ont été momentanément ou irrémédiablement perdus, que ce soit des textes juridiques tombés en désuétude, mais aussi des textes de penseurs grecs pré-chrétiens, ou des textes d'écriture gothique.

On arrive toutefois à retrouver l'ancien texte dans certains palimpsestes grâce aux techniques modernes de restauration de documents (chimie, imagerie aux rayons ultraviolets, rayonnement synchrotron).

Par extension, Olivier Mongin parle de la "ville palimpseste" dans son livre La condition urbaine, la ville à l'heure de la mondialisation (Seuil, 2005 ; rééd. coll. poche Points Seuil, 2007; page 50).

[modifier] Palimpsestes célèbres

  • Le Palimpseste d'Archimède : Une copie de l'ouvrage d'Archimède La Méthode datant du Xe siècle (traité sur la sphère et le cylindre ; la mesure du cercle ; la quadrature de la parabole ; des corps flottants ; etc.), fut transformé en Bible au XIIe siècle, à Constantinople. Le palimpseste fut redécouvert en 1907 par Johan Heiberg qui en fit une copie, permettant à la communauté scientifique de découvrir un texte inédit d'Archimède. Le palimpseste fut de nouveau perdu ou volé, puis retrouvé en 1998. Dans ce texte, Archimède donne une méthode mécanique par pesée, lui permettant de comparer les volumes de la sphère, du cône et du cylindre, ces trois volumes étant découpés en tranches infiniment fines.
  • Le Codex Ephraemi Rescriptus, contenant des parties de l'Ancien et du Nouveau Testament en grec, datant du Ve siècle, est recouvert par les travaux d'Ephraem le Syrien, datant du XIIe siècle (Bibliothèque Nationale de Paris).
  • Un double palimpseste, dans lequel un texte du IXe ou Xe siècle, de St Jean Chrysostome, en Syriaque, couvre un traité de grammaire latine du VIe siècle, qui à son tour recouvrait les annales latines de l'historien Granius Licinianus, du Ve siècle (British Museum).
  • Un hyper-palimpseste, le Codex de Novgorod, dans lequel des centaines de textes ont laissé leurs traces sur le dos en bois d'une tablette de cire.
  • Un texte de Cicéron, De republica, du IVe siècle, recouvert par des Psaumes de Saint Augustin, du VIIe siècle (Bibliothèque du Vatican). La découverte de ce texte de Cicéron a été faite par le cardinal Mai, au début du XIXe siècle.