Orientalisme scientifique

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'orientalisme scientifique est une discipline ayant pour objet l'Orient sur les plans historique, culturel, artistique, religieux et linguistique.

[modifier] Études orientales (regards croisés)

Le fantasme prend corps dans un mouvement autoproduit de définition de l'autre, basé sur des idées préconçues obtenues par les observations des récits de voyage.Ici, un harem plaisant à l'imaginaire érotique du peintre Ingres, aux antipodes du réel.
Le fantasme prend corps dans un mouvement autoproduit de définition de l'autre, basé sur des idées préconçues obtenues par les observations des récits de voyage.Ici, un harem plaisant à l'imaginaire érotique du peintre Ingres, aux antipodes du réel.

Le professeur de littérature comparée Edward Saïd s'est livré, dans son œuvre principale, à une déconstruction de l'Orientalisme tel qu'il est pratiqué en Amérique du Nord. La constatation de départ vient des experts géopolitiques sur le Moyen-Orient, qui se présentent comme des sommités dans leur domaine alors qu'ils ne parlent pas la langue des peuples dont ils décrivent les cultures et sociétés. Dans son livre, Edouard Saïd relie ces études orientales à la pratique de l'Orientalisme en Europe du XIXe siècle, notant que ce développement spectaculaire de connaissances en ethnologie, sociologie, archéologie accompagne l'apogée de l'ère coloniale (ex : l'Angleterre victorienne dans les propos rapportés d'Arthur Balfour à la représentation nationale, se targuant d'en connaître plus sur l'Égypte par le biais de l'égyptologie que les autochtones eux-mêmes sur leur propre pays ; ce qui légitime la présence de l'administration coloniale). Pour lui, l'Orientalisme est, sans être une idéologie politique, un courant de pensée qui a légitimé d'un point de vue culturel l'impérialisme colonial européen. D'une manière plus générale, il met en exergue que l'Occident s'est construit en définissant, par la négative, ce qu'il n'était pas, projetant sur un Orient fantasmé et exotique sa distinction de l'Autre. On retrouve donc par le clivage occidental/oriental une perpétuation du schéma de pensée civilisé/barbare, qui se retrouve intuitivement par le fait que les dits orientaux ne se définissent pas comme tels, alors que les ressortissants occidentaux se nomment ainsi eux-mêmes.

Voir l'article détaillé Histoire de l'art islamique au XIXe siècle

Dans une introduction nouvelle à la réédition de son livre en 2003, Edouard Saïd a relié le sujet à la préparation médiatique de l'opinion américaine à la veille de l'invasion en Irak, fustigeant un recours grossier des médias à la présentation des poncifs occidentaux sur le monde oriental, parfaite illustration de son étude sur les effets de l'orientalisme dans l'inconscient collectif: dénigrement des sociétés comme primitives, archaïsmes dans la religion, place des femmes dans la société islamique.

L'acception américanocentrée de l'adjectif "Eastern" se rapportant plus à l'extrême-Orient qu'au Proche-Orient pour les Européens, se développent aujourd'hui aux États-Unis les études asiatiques "Asian studies", dénomination plus précise.

Les études orientales, débutées à la toute fin du XVIIIe siècle avant son essor au siècle suivant (essentiellement sous l'impulsion de Sylvestre de Sacy), demeurent pourtant, quoi qu'on en dise, un fantastique mouvement des chercheurs occidentaux vers cet Orient inconnu. Jusque là, la civilisation orientale est l'objet soit d'une fascination somme toute superficielle (Les Contes des mille et une nuits...), soit d'un dédain (hostile ou amusé). Le Journal asiatique regroupe les chercheurs (Sylvestre de Sacy, Garcin de Tassy, Clément Huart, Grangeret de la Grange, Hammer...), souvent jeunes, qui découvrent que l'on a rien découvert sur l'Orient et entreprennent un travail important de fouilles, de traduction (de l'arabe, du persan, de l'hindoustani, du sanskrit...) et d'études sur le terrain.

Autres langues