Oblast autonome juif

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ru : Еврейская автономная область
(Ievreïskaïa avtonomnaïa oblast´)
yi :ייִדישע אױטאָנאָמע געגנט
(yidishe oytonome gegnt)
(Oblast autonome juif)
Drapeau de l'Oblast autonome juif Armoiries de l'Oblast autonome juif
Drapeau Armoiries

Carte de l'Oblast autonome juif (en rouge) à l'intérieur de la Russie

Administration
Capitale Birobidjan
Statut politique Oblast autonome
District fédéral Extrême-oriental
Région économique Extrême-Orient
Chef du gouvernement Nikolay Mikhaylovich Volkov
Premier vice-chef du gouvernement Viktor Spiridonovich Gozhy
Géographie
Superficie
 · Totale
Classé 62e
36 000 km²
Démographie
Population
 · Totale (2002)
 · Densité
Classé 80e
190 915 hab.
5,3 hab./km²
Autres informations
Langue(s) officielle(s) Russe, yiddish
Cadastre 79
Code OKATO {{{code OKATO}}}
Hymne celui de la Russie, mais en yiddish
Fuseau horaire UTC+10

L'Oblast autonome juif (russe : Еврейская автономная область ; yiddish: ייִדישע אױטאָנאָמע געגנט), ou Birobidjan (russe : Биробиджан ; yiddish : ביראָבידזשאַן), est un sujet de la Fédération de Russie situé en Sibérie, sur la frontière chinoise.

Le Birobidjan a été fondé à l’initiative de Staline en 1928, avec le yiddish comme langue officielle (ce qu'elle n'est plus actuellement). Il a conservé le statut de terre d'accueil pour les Juifs de Russie.

Sommaire

[modifier] Histoire

Après la révolution russe de 1917, la Déclaration des droits des peuples de Russie proclame « l'égalité et la souveraineté des peuples de Russie ». Les Juifs sont reconnus comme une nationalité au sein de l'URSS, mais alors que la Constitution fédérale du 31 janvier 1924 garantit un territoire à chaque nationalité soviétique, aucune région ne leur est attribuée.

À l'initiative de Staline, une « Région autonome juive » est créée en 1928, au Birobidjan (qui est en fait le nom de la capitale du territoire), à l'extrémité orientale de la Russie, à la frontière avec la Chine. Elle sera « dégradée » au rang d'oblast après la fin de l'URSS, en raison notamment du nombre réduit de Juifs vivant encore au Birobidjan au tournant du XXIe siècle. Au début, la région autonome accueille des milliers d'individus, qui devaient y organiser une certaine vie nationale juive. Le Birobidjan a une langue officielle : le yiddish, l'hébreu étant alors une langue liturgique, interdite par le régime soviétique, hostile aux religions et donc à la religion juive.

La place centrale de Birobidjan.
La place centrale de Birobidjan.

Les raisons de la création du Birobidjan sont la volonté de permettre aux Juifs soviétiques de disposer d'un territoire pour pouvoir s'y exprimer en tant que nationalité soviétique. Ce projet était conçu comme une alternative au sionisme jugé « nationaliste-bourgeois ». Mais la population juive ne sera jamais majoritaire dans cette Région Autonome qui fut une « entité » politique communiste « pour le peuple juif », à l'opposé du projet officialisé en Palestine par le mandat de la SdN de 1922, sur des bases « capitalistes » (voir histoire du sionisme). La politique des nationalités de l'URSS « prouvait » ainsi que le régime pouvait répondre aux aspirations juives sans soutenir un mouvement que le communisme soviétique réprouvait.

Plusieurs motivations sur la création du Birobidjan ont été exposées, notamment par l'historien Nikolaï Bougaï dans ses nombreux articles et ouvrages sur les déplacements et la déportation des peuples d'URSS :

  • Volonté de « renforcer » la zone autour du fleuve Amour, dans l'Extrême-Orient soviétique, historiquement contestée par la Chine. Et donc volonté de peupler cette région de la Sibérie.
  • Volonté d'« éloigner en douceur » les intellectuels juifs du centre de la Russie, communistes ou ralliés, mais jugés peu fiables et « cosmopolites ».

Ce projet politique se poursuit après la création d'Israël en 1948 : on comptait alors 30 000 Juifs au Birobidjan. Dès la mort de Staline en mars 1953, la population juive du territoire ne devait cesser de décroître, tant sous Khrouchtchev que sous Brejnev et en 1959, elle n'était plus que de 9 %, chutant même à 7 % en 1970.

[modifier] Aujourd'hui

Malgré des tentatives d'aide financière sous Gorbatchev, la majorité des Juifs qui restaient au Birobidjan émigra après la chute de l'URSS en 1991. Les traces du judaïsme y sont aujourd'hui bien maigres : en 2002, il ne restait que 2 327 Juifs sur une population de 190 915 habitants, une synagogue, quelques inscriptions en yiddish, et un journal régional Birobidjanèr chtern ou étoile du Birobidjan (ביראָבידזשאנער שטערן, bjraobjdzšan‘r štaren).

Depuis 1996, le Birobidjan a perdu son caractère officiel de « République autonome juive ». Sa population est russe à 90 % et on n'y trouve que 1,2 % de Juifs. À présent, seuls quelques vieillards discutant en yiddish sont les derniers témoins de cette histoire du Birobidjan.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Robert Weinberg, Le Birobidjan, 1928-1996 : l'histoire de l'État juif fondé par Staline, Autrement Mémoires, 2000, ISBN : 2862608823
  • Dr Patrick Braun et Jean Sanitas, Le Birobidjan, une terre juive en URSS, Robert Laffont, 1989, ASIN : 222105928X
  • Henri Sloves, "L'État juif de l'Union Soviétique", Les presses d'aujourd'hui, 1982, adapté du yiddish par l'auteur, préface de Léon Poliakov, ISBN : 2901386040

[modifier] Lien externe