Non-modernité

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La « non-modernité » est un concept introduit par le sociologue des sciences français Bruno Latour dans Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique (1991). Il correspond à ce que d'autres penseurs contemporains nomment « hypermodernité », notion dans laquelle le préfixe hyper- est compris au sens d'« au-delà » (de la modernité) et non comme exprimant l'idée d'une supériorité (« plus » de modernité) ou d'une quantité supérieure. Latour de définir le concept à travers une sélection et un rejet de propositions associés au trois épistémè considérés comme précédant la « non-modernité », à savoir la prémodernité, la modernité et la postmodernité. Ce qui est « gardé » (dans le tableau ci-dessous) constitue les composantes de ce que Latour entend par « non-modernité ».

[modifier] Tableau

  Ce que nous gardons Ce que nous rejetons

Des modernes

XVIIe XIXe

  • Réseaux longs
  • Taille
  • Expérimentation
  • Universels relatifs
  • Séparation de la nature objective et de la société libre
  • Séparation de la nature et de la société
  • Clandestinité des pratiques de médiation
  • Grand Partage extérieur
  • Dénonciation critique
  • Universalité
  • Rationalité
Des prémodernes
  • Non-séparabilité des choses et des signes
  • Transcendance sans contraire
  • Multiplication des non-humains
  • Temporalité par intensité
  • Obligation de lier toujours l'ordre social et l'ordre naturel
  • Mécanisme d'accusation victimaire
  • Ethnocentrisme
  • Territoire
  • Échelle

Des postmodernes

XXe

  • Temps multiple
  • Déconstruction
  • Réflexivité
  • Dénaturalisation
  • Croyance dans le modernisme
  • Impuissance
  • Déconstruction critique
  • Réflexivité ironique
  • Anachronisme

[modifier] Bibliographie

  • Bruno Latour, Nous n'avons jamais été modernes : Essai d'anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1991.

[modifier] Liens internes