Nicolas-Jérôme Herlaut

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Blason des Herlaut (Paris et Compiègne).
Blason des Herlaut (Paris et Compiègne).

Nicolas-Jérôme Herlaut (1650-1716), financier, proche de Michel Chamillart (1652-1721), trésorier général des Gardes-Françaises et des Gardes suisses (France), l'un des six grands financiers lotisseurs de la place Vendôme. Son prénom est parfois écrit Nicolas-Hierosme et son nom orthographié Herlaud ou Herlant.

Sommaire

[modifier] Sa famille

Henri Herlaut est en 1687 conseiller du roi et ancien échevin de la ville de Paris. Nous connaissons par un document les voix qu’il obtient pour être échevin de Paris en 1696[1]. L’armorial de Rietstap’s nous dit que les Herlaut sont de Paris et portent : D'or, au chevron d'azur, accompagné de trois roses de gueules. Antoine Herlaut a le même blason et est prêtre et docteur en théologie de la faculté de Paris. Maistre Guillaume Herlaut est cité dans des lettres du roi Louis XI (1423-1483)[2].

Mais son père, Jérôme Herlaut, est marchand à Paris, et achète l’hôtel des rats à Compiègne en 1683, pour 4050 livres, à Jean le Caron de Brissocourt, maître des Eaux et Forêts de Laigue [3]. Nicolas-Jérôme constitue une rente à son père Hiérosme Herlaut, marchand résidant ordinairement en la ville de Compiègne, le 24 juillet 1685 [4]. Son père a été l'élu[5] à Compiègne[6].

Pour plus de précisions sur sa famille, voir Famille Mottet.

[modifier] Fermier de la terre de Montfermeil

Michel Chamillart, contrôleur général des finances en 1699 et secrétaire d'État à la Guerre l'année suivante.
Michel Chamillart, contrôleur général des finances en 1699 et secrétaire d'État à la Guerre l'année suivante.

Nicolas-Jérôme Herlaut rencontre Michel Chamillart dans les années 1690. Il n'est encore lui-aussi qu'un marchand bourgeois de Paris. Michel Chamillart le choisit en 1695 pour fermier des revenus de sa terre de Montfermeil[7], montrant par là son affection pour le personnage[8]. Le bail est conclu pour six ans moyennant 5 000 livres par an et quelques redevances en nature. Montfermeil c'est deux châteaux, 336 arpents de terres labourables, 63 arpents de prés et 180 de bois[9]. Nicolas-Jérôme Herlaut fait des réparations au château pour le compte de Chamillart. En 1701, le dernier compte que rend Herlaut de sa gestion faît apparaître le ministre a dépensé 15 000 livres et a eu des recettes égales à 13 000 livres[10]

[modifier] Trésorier général des Gardes-Françaises et des Gardes suisses (France)

Le bourgeois de Paris Nicolas-Jérôme Herlaut fait partie désormais des gens de finance, traitants ou maltotiers, pour employer les termes de l'époque. Michel Chamillart le favorise de tout son possible dans ses multiples affaires financières.

Nicolas-Jérôme Herlaut achète en 1702 la charge de trésorier général des Gardes[11], certainement grâce à Michel Chamillart, qui est secrétaire d'État à la Guerre. C'est une fonction très importante car les Gardes sont nombreux et largement dotés au niveau financier. Ces unités d'élite ne se limitent pas au seul Garde du corps du roi, mais la Maison militaire du roi de France regroupe sous ce nom de nombreuses unités. Toutefois d'autres sources[12] précisent qu'il n'est que trésorier général des régiments des Gardes-Françaises et des Gardes suisses (France), ce qui est déjà une charge très importante, qu'il a du acheter et revendre une fortune.


Icône de détail Article détaillé : Maison militaire du roi de France.

[modifier] Banquier

Nicolas-Jérôme Herlaut est l'ami de Michel Chamillart[13], contrôleur général des finances en 1699 et secrétaire d'État à la Guerre l'année suivante. Même si ses autres proches font au ministre Michel Chamillart, tout au long de sa vie, des dons importants, Nicolas-Jérôme Herlaut est vraiment le plus généreux d'entre eux[14]. Mais lui aussi s’enrichit comme financier grâce à Chamillart et il considère Michel II Chamillart, qui est parfois dit son neveu [1], comme un fils.

Comme banquier, il prend trois sols quatre deniers sur vingt. Luillier, Sauvion, Fontanieu, ses collègues prennent les mêmes intérêts. Besnier prend encore plus : quatre sols deux deniers[15]. Il se montre un associé prudent. Il retarde une opération financière qui n'a lieu que le 19 juin 1705 et les jours suivants devant l'Intendant des finances Nicolas de Heudebert du Buisson.

[modifier] La place Vendôme

La place Vendôme, construite sur le terrain de l'hôtel Vendôme par Jules Hardouin-Mansart et Germain Boffrand et donc financée par un groupement de six spéculateurs :

  • Le remuant Le Thouanne possède le sixième de son capital,
  • le fermier général Alexandre Lhuilier,
  • le trésorier de l'extraordinaire des guerres Jean de Sauvion possède le sixième de son capital,
  • le receveur général des finances Moïse Fontanieu,
  • Nicolas-Jérôme Herlaut de la Motte, l'architecte Pierre Bullet
  • l'avocat Mathurin Besnier.

Une fois les façades édifiées, les terrains sont revendus à des particuliers pour qu'ils construisent le reste des bâtiments.[16] La superficie achetée est de 9 980 toises, soit 3 ha 78.

Pour sa part, Herlaut, trésorier général des gardes, a acquis de compte à demi avec Bernier vingt huit arcades de la future place, soit 1395 toises[17]. Nicolas-Jérôme Herlaut acquiert ses terrains le plus souvent sous le nom de sa belle-fille Claude Marescot, dont un contrat homologué dès le 9 juin 1701 [18].

  • Il acquiert en 1699 avec Mathurin Besnier, avocat au Parlement de Paris, beau-père de l’architecte Jacques V Gabriel, les lots n° 10 et 12, correspondant aux futurs hôtels de La Tour-Maubourg et Baudart de Saint-James. Concrétement, il achète sous le nom de Madeleine Beaunier de Marine une place de 385 toises environ dont la face contient huit arcades, tenant d'un côté et par derrière aux terrains qu'il possédait déjà et l'autre côté ceux de Claude François Paparel, trésorier général de l'ordinaire des guerres[19]. Ils les revendent en 1700 à Louis Dublineau, Docteur en Sorbonne. Herlaut lors du partage avant la vente se voit attribuer le lot n° 12.
  • Nicolas-Jérôme Herlaut est aussi l'un des premiers habitants de la place en 1703[20]. Il se fait construire une maison donnant sur la place et achète en 1704 un petit corps de logis avec un jardin donnant sur la rue de la Corderie[21] .
  • Ce financier achète également, en 1710, le lot n° 18 qui correspond à l’hôtel Duché des Tournelles, pour agrandir son propre hôtel situé au 20 place Vendôme. Un espace séparait l'hôtel Herlaut de celui des Paparel-La Fare.
  • La parcelle du n° 16, futur Hôtel Moufle, est acquise par Herlaut, puis vendue à l'entrepreneur Pierre Grandhomme en 1723 qui construira l'hôtel.

Traversant par la suite quelques difficultés Herlaut refuse de payer ce qui donne lieu à procès[22].


Icône de détail Article détaillé : place Vendôme.

[modifier] La fin de sa vie

Nicolas-Jérôme Herlaut fait en 1704, une bonne affaire en vendant une masure et son terrain derrière le couvent des Jacobins[23]

Michel Chamillart écrit à son successeur : Je vous recommande M. Herlaut, et vous serai très redevable de régler ses changes de 1707 le plus tôt que vous pourrez ; je ne saurois assez me louer de son bon cœur et de son affection...[24].

En 1709, Madeleine Isidore de Guéribalde aliéna Les Bruels en faveur de Nicolas-Jérôme Herlaut, Trésorier Général des Gardes-Françaises et des Gardes suisses (France). Ce vieillard qui avait acheté cette seigneurie du vivant de son fils, la légua après la mort de ce dernier à Michel Chamillart, chevalier, marquis de Cany, son neveu[25]. La seigneurie des Bruels sera estimé en 1746 à 133 299 livres et vendue 748 864 livres comme bien national.

Toujours en 1709, Nicolas-Jérôme Herlaut, seigneur des Bruels, occupe des fonctions importantes au niveau des relations avec l'Eglise et essaie de trouver des solutions à la disette de pain à Paris en 1709[26].

[modifier] Héritage

Nicolas-Jérôme Herlaut teste le 10 avril 1710 et meurt le mardi 12 mai 1716 à Paris. Philippe de Courcillon de Dangeau, dans son Journal[27] écrit : Arlot (sic), trésorier du régiment des gardes, mourut subitement. On a trouvé son testament, par lequel il donne à Madame de Chamillart sa maison dans la place de Vendôme qui est belle, et fait de Monsieur de Cany [28] son légataire universel. Il laisse un bien considérable ; mais comme il étoit sujet à la chambre de justice, cela pourra diminuer beaucoup le legs qu'il fait à Monsieur de Cany.

Enrichi grâce à Michel Chamillart, il fait effectivement don à la femme de son protecteur, Élisabeth-Thérèse Le Rebours (1657-1731), de l'hôtel construit en 1703, place Vendôme et à l'ancien ministre des tableaux et des glaces qui se trouvent à l'intérieur.

Il donne à la demoiselle Beaunier de Marine une petite maison, rue de la Corderie, ainsi qu'une pension de 1 200 livres à prendre sur les revenus de l'hôtel donné à Élisabeth-Thérèse Le Rebours. Le 20 janvier 1717, Michel Chamillart rachète et le jardin attenant à cette demoiselle et lui promet 36 000 livres qu'il achève de verser en 1719.

Nicolas-Jérôme Herlaut fait de Michel II Chamillart, marquis de Cany, fils de son ami, son légataire universel [29],donc l'héritier entre autres de la terre des Bruels, dans l'Orléanais, et de la vente de sa charge de Trésorier général des gardes.

Il désigne Michel Chamillart comme exécuteur testamentaire. La mort de son fils deux mois après celle d'Herlaut, le 23 juillet 1716 et des difficultés imprévues poussent le ministre, alors disgracié, à se séparer de la plus grande partie de cet héritage.

Un inventaire après décès est dressé par les commissaires de la Chambre des comptes probablement dans le cadre de la chambre de justice établi par un édit du mois de mars précédent[30].

Le 2 avril 1717, une estimation est faite par Jean-Baptiste Loir et Denis Gobin des réparations à faire en une maison, place Louis-le-Grand [31], saisie réellement sur la succession de défunt Nicolas-Jérôme Herlaut, et où demeure la marquise de Parabère, à la requête du sieur Jannin de Saint-Germain, fermier judiciaire. [32]. Michel Chamillart fait officiellement cadeau de cette demeure et du mobilier à cette Madeleine de La Vieuville, veuve de César Alexandre de Baudéan-Parabère, maitresse du Régent[33]. En réalité dans l'inventaire après décès il apparait que la marquise de Parabère a payé 126 000 livres l'ensemble, c'est à dire l'hôtel de la place Vendôme et la maison attenante.

Cet accord secret permet à Michel Chamillart de pouvoir hériter malgré la situation financière douteuse de Nicolas-Jérôme Herlaut à sa mort.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. 01 39 fol 298 v° & Noms et blasons des Échevins de la ville de Paris, 1411 – 1789. Les échevins prêtent serment entre les mains du roi. C’est un titre de noblesse (Edit de 1706 et 1716)
  2. Lettres de Louis XI (1423-1483), roi de France- publiées d'après les originaux pour la Société de..., Joseph Frédéric Louis Vaesen, Étienne Charavay, Bernard Édouard de Mandrot, Librairie Renouard, H. Laurens, successeur, 1909, p. 105
  3. Bulletin de la Société historique de Compiègne, Par Société historique de Compiègne, 1911, p. 71
  4. Arch. dép. Sarthe 1 E 959
  5. Cette charge consiste à répartir l'impôt et à juger en première instance les contribuables. A cette époque, l'office d'élu non-seulement est vénal, contrairement au sens même de cette dénomination, mais de plus il peut s'exercer par délégation
  6. 16 I, partage Herlaut (financier) et l'inv ap d (le père était élu de Compiègne)
  7. Arch.nat. Min. centr. LXV. 137, bail du 12 septembre 1695
  8. Pénicaut Emmanuel, Michel Chamillart, p. 355
  9. Arch.nat. Min. centr. LXV. 137, bail du 12 septembre 1695 à Augustin Fabre dont Herlaut se porte caution
  10. Arch. dép. Sarthe, 28 J 5, 29 juillet 1701, décharge générale de Chamillart à Herlaut pour le compte de Mgr de Chamillart (...) du revenu de la terre de Montfermeil, par le Sr Herlaut caution d'Augustin Fabre, suivant le bail du 12 septembre 1695. L'acte porte sur la période 1700/1701.
  11. Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1874, p. 143
  12. Pénicaut Emmanuel, Michel Chamillart, p. 287
  13. Emmanuel Pénicaut, Michel Chamillart, ministre et secrétaire d'État de la guerre de Louis XIV (1654-1721), Thèse soutenue en 2002
  14. Emmanuel Pénicaut, Michel Chamillart, ministre et secrétaire d'État de la guerre de Louis XIV (1654-1721), Thèse soutenue en 2002
  15. Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1874, p 145
  16. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris
  17. Revue Hommes et Mondes, p. 321
  18. A. de Boislisle, La place des Victoires et la place Vendôme, Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, t. XV, 1888, p. 167
  19. Pénicaut Emmanuel, Michel Chamillart, p. 288 et Arch. Paris, DQ 738, hôtel de la place Vendôme ayant appartenu à Chamillart et à John Law, acquis par le Aymard-Félicien Boffin, marquis de La Sône, pièce 4
  20. Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1874, pp. 174 et 272.
  21. Arch. dép. de la Sarthe, 1 E 959, cautionnement par Herlaut devant le notaire Charpentier, de la vente par Barthélémy François Neyret, sr de Preuilly et Catherine Neyret, sa soeur, d'un petit corps de logis, place et jardin en dépendant ayant entrée sur la rue de la Corderie, près de la place Louis-le-Grand contenant 197 toises, moyennant le prix de 60 livres la toise, de 17 876livres...
  22. Revue Hommes et Mondes, p. 321
  23. Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1874, p. 174
  24. Mémoires de Saint-Simon
  25. Légendes de l'Orléanais, Par Charles Vassal, Impr. d'Alexandre Jacob, 1846, p. 64
  26. Provisioning Paris Merchants and Millers in the Grain and Flour Trade During the Eighteenth Century Par Steven Laurence Kaplan, p. 587
  27. t. XVI, p. 377 et 378
  28. Le fils du ministre
  29. Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, p. 194
  30. Dessert D., Argent, pouvoir et société... p. 751, n31
  31. Ancien nom de la place Vendôme
  32. Z 1J 530
  33. Arch. nat. Min. centr., CV, 119 et A. de Boislisle, Notices historiques... p. 194

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens et documents externes

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