Myxomatose

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Le virus, introduit à partir de l'amérique du sud étant généralemnent transmis par de petites mouches, l'atteinte des yeux est souvent le premier signe de la maladie.
Le virus, introduit à partir de l'amérique du sud étant généralemnent transmis par de petites mouches, l'atteinte des yeux est souvent le premier signe de la maladie.

La myxomatose est une maladie virale très souvent mortelle atteignant les lagomorphes et en particulier les lapins. Après une incubation d'une dizaine de jours, elle se traduit par une inflammation purulente des yeux puis par une tuméfaction qui gagne les autres organes. Il n'existe pas de traitement curatif efficace à 100 %. Le traitement des terriers par pesticides est trop délicat, et il est lui même source de pollution. Pour l'élevage, le seul moyen de protection est la prévention par vaccination des lapins. Le virus est transmis par de petites mouches qui se posent sur les yeux, les narines, l'anus du lapin, par des insectes suceurs de sang (puces et moustiques par exemple) d'où les pics d'infections en automne. Il est possible que le recul des populations de prédateurs carnivores (chasse, piégeage) ait contribué à la dispersion de la maladie par le fait que les animaux malades ne sont plus mangés rapidement, et qu'ils constituent, de même que leurs cadavres, une source importante de dispersion du virus dans l'environnement. Curieusement, dans les zones où le lapin a disparu, du fait de la myxomatose selon certains, des populations ont survécu dans des espaces non chassés, voire en ville.

La maladie évolue généralement avec un cycle d'environ 3 ans, qui atteint un pic quand les lapins sont plus nombreux, avant de diminuer après des mortalités qui peuvent être importantes.

Sommaire

[modifier] Histoire de la myxomatose

Le "myxome de Sanarelli", un poxvirus, est originaire d'Amérique du Sud ; la maladie a été identifiée en Uruguay en 1898 par le Professeur Giuseppe Sanarelli directeur de l'Institut d'Hygiène de Montevideo. Les populations de lapins américains sont des porteurs sains ou développent une forme bénigne de la maladie alors que celles des autres continents sont très sensibles et présentent une forme mortelle de la maladie.

Au milieu des années 1920, un Brésilien du nom d'Henrique de Beaurepaire Aragao a le premier l'idée d'infecter les lapins qui pullulent en Australie. En 1926, il expédie des cultures de virus en Nouvelle-galles du Sud. Mais, les Australiens repoussent l'expérience de quelques années. Les premières véritables expériences, qui se déroulent cependant sous la direction du CSIRO (Council for Scientific Industrial Research Organization ) sont effectuées à Cambridge dès 1933. Puis, sous la direction de Sir Charles Martin, des lâchers se déroulent dans une île britannique. En 1938, la Suède tente des expériences et en 1939 le Danemark fait aussi un essai. D'autres expériences sont réalisés en Amérique du sud (Patagonie). Mais, dès 1950, les Australiens font de la lutte contre les léporidés nuisibles une priorité. En 1952, les services australiens considèrent les premiers essais à grande échelle comme une réussite. À long terme, la myxomatose n'éradique cependant pas les populations de lapins.

Contrairement aux tentatives antérieures et étrangères, l'origine de l'épizootie française résulte d'une initiative privée. Il s'agit d'une action initiée par le docteur Armand-Delille, membre de l'Académie de Médecine et Vice-président de la Société de Biologie. Ce dernier possède un domaine de 300 hectares situé en Eure-et-Loir. Il en exploite les parties non boisées. Les préjudices portés à ses cultures par les lapins sont énormes. Pour éviter un désastre complet, il chasse les lapins et en tue jusqu'à 4 000 par an. Ayant eu l'occasion de rencontrer le descripteur de la maladie, Armand-Delille espère trouver une solution définitive à ses problèmes grâce à la myxomatose. Le 19 janvier 1952, il reçoit de Suisse un échantillon de cultures du virus de la myxomatose. Quelques semaines plus tard, il réalise une inoculation sur deux lapins. Moins de deux mois plus tard, près de 90 % des lapins de son domaine sont morts ou présentent des symptômes de la maladie. En octobre 1952, l'Institut Pasteur identifie le virus à partir du cadavre d'un lapin récupéré à Rambouillet. Mais, il faut attendre la publication, en octobre 1953, d'un article du Docteur Armand-Dellile pour connaître l'origine de l'introduction de cette nouvelle maladie. Si des actions en justice sont intentées contre le Docteur Armand-Delille, il faut aussi reconnaître que, en même temps, nombreux sont les agriculteurs qui se félicitent de cette initiative. Il existe même un trafic de lapins contaminés. Ces déplacements d'animaux atteints expliquent en partie la progression très rapide de la maladie. Le 4 août 1956, le domaine du Docteur Armand-Delille est le siège d'une réception privée. Sont présentes à cette réception de nombreuses personnalités du Ministère de l'Agriculture. Une médaille est offerte à Armand-Delille. Elle porte l'inscription : "La Sylviculture et l'Agriculture reconnaissantes". L'État reprendra d'ailleurs des expériences d'éradication des lapins dans l'archipel des Kerguelen en 1955 et 1956. L'impact de la myxomatose est alors très modéré.

[modifier] Symptômes

Après une incubation comprise entre cinq et dix jours, les symptômes sont les suivants : apparition de myxomes (tumeurs fluides) sur le corps, en particulier sur les muqueuses ; paupières enflammées, gonflement de la tête, hyperthermie, sensibilité à la lumière, etc.

[modifier] Aspects juridiques et pénaux

L'introduction volontaire de la myxomatose a entraîné diverses conséquences juridiques, très sévères.

  • une sanction spécifique existe en France, initialement codifiée par l'article 454 bis (loi du 5 octobre 1955 n° 55-1422), puis 331 du Code Rural, devenue depuis l'article L 228-3 de ce Code, prévoyant un emprisonnement de 5 ans et une amende de 500 000 FF (75 000 €) pour celui qui aurait fait naître ou contribué à répandre volontairement une épizootie chez les vertébrés domestiques ou sauvages notamment.

La tentative est punie par les mêmes peines.
La peine est de deux ans de prison et 100 000 FF (15 000 €) d'amende pour ceux qui auront commis la même infraction par inobservation des règlements et donc involontairement.

Ces pénalités pourraient être aggravées dans l'avenir, en particulier pour les maladies transmissibles à l'homme. Elle seront bien évidemment accompagnées de sanctions civiles, mais la loi pénale n'est cependant pas en France rétroactive, et est donc sans conséquences pour le Professeur Armand-Delille, qui a introduit la maladie en France ou pour ceux qui ont introduit des animaux malades avant 1955[1].

La vaccination à grande échelle s'est montrée très efficace contre la rage, mais semble plus délicate contre la myxomatose. Un projet similaire contre la myxomatose a été envisagé à partir de quelques individus traités, qui auraient transmis à leurs congénères un vaccin vivant à base d'OGM (organismes génétiquement modifiés), mais non autorisé en raisons d'incertitudes liés à la technique (risque de diffuser dans la Nature des microbes transgéniques susceptibles de muter et produire une nouvelle épidémie).

[modifier] Bibliographie et sources

- Giuseppe Sanarelli, "Das myxomatogene Virus", dans Centralblatt für Bakteriologie, Parasitenkunde und Infektionskrankheiten, n°20, 1898

- Paul Félix Armand-Delille, "Une méthode nouvelle permettant à l'agriculture de lutter efficacement contre la pullulation du lapin", dans CR des séances de l'Académie d'Agriculture de France, 1953

- Rémi Fourche, Contribution à l'histoire de la protection phytosanitaire dans l'agriculture française, thèse de doctorat, Université Lyon II, 2004.

- Henri Siriez, La Myxomatose, moyen de lutte biologique contre le lapin, rongeur nuisible, Editions SEP, 1957

- Franck Fenner, F.N. Ratcliffe, Myxomatosis, Cambridge, University press, 1965

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Note ONCFS