Musique modale

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À Paris, le monde musical, dominé par la figure de Claude Debussy, reste perplexe face à la redécouverte des musiques traditionnelles — la musique orientale, qu'a fait connaître l'Exposition Universelle parisienne de 1889, la musique arabo-andalouse, que redécouvrent des compositeurs tels que Albeniz ou Manuel de Falla, etc. —, de la musique modale du Moyen Âge, influences auxquelles s'ajoute le wagnérisme encore présent dans les esprits à l'époque...

Avec ces pensées musicales se désagrège peu à peu la prépondérance de l'harmonie classique, fondée sur, d'une part un système d'accords parfaits plus ou moins dérivés des principes de l'acoustique, d'autre part l'omniprésence de la gamme qui, mineure ou majeure, définit les enchaînements d'un degré à un autre suivant des principes hiérarchiques immuables. Ainsi l'on commence à entrevoir, notamment dans la musique médiévale, des modes que l'on croit alors dérivés de l'antiquité grecque, et qui ne sont autres que la gamme classique décalée — ainsi le traditionnel « do-ré-mi-fa-sol-la-si-do » devient « ré-mi-fa-sol-la-si-do-ré », etc.

Mais très vite Claude Debussy va plus loin avec une innovation majeure — qu'il élabore de toutes pièces, notamment à partir de l'idée d'accords de septième diminuée perpétuellement renversés, omniprésente chez Richard Wagner et Franz Liszt — : le mode par tons, une gamme non plus de sept, mais de six notes seulement, qui découpent l'octave en six tons égaux.

Cette gamme par tons, très reconnaissable à la couleur feutrée et mystérieuse qu'elle confère à la musique, ouvre la voie à une pensée dé-polarisée de la musique : les notes de l'échelle étant toutes séparées par des intervalles égaux, la notion d'attirance ou de tension entre elles disparaît peu à peu et ouvre la voie à un langage qui n'est plus exclusivement organisé autour d'une note tonique faisant office de point de repère.

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