Munich (film)

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Munich est un film américain de Steven Spielberg, sorti en France en 2006 et écrit par Tony Kushner et Eric Roth.

Le film s'inspire du drame des JO de Munich de 1972, où des Palestiniens membres du groupe Septembre noir prirent en otages des athlètes de la délégation israélienne. Le film se passe après la prise d'otages, et décrit ce qui fut l'Opération Colère de Dieu, à travers l'histoire d'un agent issu du Mossad, incarné par Eric Bana, chargé de traquer les responsables et de les éliminer.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Suite à la prise d'otages de Munich, le gouvernement israélien décide d'exécuter plusieurs responsables palestiniens liés à cet attentat.

Avner, ancien garde du corps de Golda Meir et agent du Mossad, est chargé de constituer une équipe fonctionnant de manière autonome (Avner sera ainsi obligé de démissionner officiellement du Mossad, pour ne pas impliquer ce dernier). Ainsi, il sera chargé avec les quatre hommes qui composent son équipe d'assassiner plusieurs responsables palestiniens à travers l'EuropeRome, Paris, Chypre ou encore Londres), mais aussi au Liban.

Chasseurs, ils craignent d'être eux-mêmes traqués et la méfiance se transforme en psychose. Petit à petit, Avner et certains membres de son équipe se demandent si un État démocratique tel qu'Israël a le droit d'exécuter des hommes alors qu'il interdit la peine de mort, et, surtout, de procéder à ces exécutions en dehors de tout cadre judiciaire.

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

[modifier] Autour du film

  • Le film s'inspire du livre controversé Vengeance: The True Story of an Israeli Counter-Terrorist Team (Vengeance : L'histoire vraie d'une équipe anti-terroriste israélienne) du journaliste canadien George Jonas, d'après l'histoire de Juval Aviv, le protagoniste Avner dans le livre et le film.
  • Le film a été critiqué par les deux parties. Abou Daoud, le chef du commando, et Zvi Zamir, le chef du Mossad, se sont plaints de ne pas avoir été consultés. [réf. souhaitée] Toujours du côté israélien, Ehud Danoch, le Consul général à Los Angeles, a reproché après avoir vu le film que les tueurs du Mossad et les terroristes palestiniens étaient mis sur un pied d'égalité. « Cette production est superficielle, prétentieuse et problématique, car elle place sur le même plan le Mossad et les terroristes palestiniens, ce qui est moralement incorrect. Du point de vue du cinéma hollywoodien, ce film sera probablement classé comme un bon film, mais en ce qui concerne le message qu'il véhicule, il pose problème », a-t-il déclaré lors d'un entretien radiophonique sur une radio israélienne. [réf. souhaitée] Ces propos ont été soutenus par Gideon Meir, un haut responsable au ministère des Affaires étrangères.
  • En raison du manque d'informations fiables, étant donné le secret qui entoure l'opération, le film s'inspire des évènements ayant réellement eu lieu, en romançant certaines parties. Un des scénaristes, Tony Kushner, considère Munich comme une fiction historique. [réf. souhaitée]
  • Steven Spielberg a reçu plusieurs menaces de mort durant la préparation du film. [réf. souhaitée] Lui et certains de ses collaborateurs ont même été protégés par plusieurs gardes du corps. Cela peut expliquer l'ambiance de secret qui a entouré le tournage et l'interdiction à la presse d'y assister.
  • Le livre de George Jonas fut une première fois adapté en 1986, dans le film L'Épée de Gédéon, de Michael Anderson avec Michael York.
  • Spielberg fut vivement critiqué par le choix de faire co-écrire le scénario par Tony Kushner, juif américain qui a declaré que « la fondation d’Israël a été une calamité historique, morale, politique pour le peuple juif ». [réf. souhaitée]
  • Le film rapporta 130 millions de dollars au Box Office, pour un budget de 70 millions[1].

[modifier] Commentaires

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

[modifier] Métaphore familiale et métaphore culinaire

La vision donnée au spectateur est par cercles concentriques : celle d'un rappel des faits tel que les médias de l'époque l'ont retransmis aux populations occidentales et au Proche-Orient, celle des cercles du pouvoir israélien, et enfin le point de vue personnel du protagoniste principal, qui vit de manière traumatisante les diverses étapes de la prise d'otages tout au long du film. À plusieurs reprises, il lui est rappelé l'importance du noyau familial pour la stabilité de tout individu. Cette métaphore de la famille est filée tout au long de la projection. Par le Premier ministre d'abord, Golda Meir argumentant qu'elle a assisté à l'enterrement de sa sœur au lieu de celui des athlètes de Munich, plaçant sa considération pour la famille avant ses prérogatives au sommet de l'État.

Avner étant fin cuisinier, il accueille les membres de son équipe avec un plantureux repas. Ces hommes deviendront sa famille de substitution dans le cadre de ses opérations secrètes. Il ne retourne en Israël que pour assister aux évènements familiaux (naissance de sa fille), hormis lesquels il est coupé d'elle. La métaphore culinaire se poursuit lors de sa rencontre avec « Papa », patriarche survivant de la Seconde Guerre mondiale et à la tête d'une famille très nombreuse, agissant tel un mercenaire dans le milieu trouble du renseignement pendant la Guerre froide. Avner et Papa se rapprochent en se trouvant des points communs aussi bien sur le plan culinaire qu'à propos de la famille : lorsqu'il l'invite à l'appeler Papa comme tout le monde, Avner lui répond : "Non. J'ai déjà un Papa". Il faut une confiance totale pour accepter de manger les plats cuisinés qu'ils s'échangent dans ce contexte machinal d'assassinats par tous moyens permis. Lorsque la violence atteint un paroxysme, c'est encore un festin qui rassemble l'équipe, dont les points de vue laissent poindre une désunion.

Au gré des missions, il a l'occasion, sous couvert d'une identité d'emprunt, de confronter ses points de vue à un activiste de la partie adverse. Il constate alors que ses motivations ne sont pas si éloignée des siennes. L'un désire protéger sa terre, pour garder l'indépendance de son peuple et l'autre cherche à en avoir une et ainsi s'émanciper de toute tutelle. Avner commence à s'apercevoir ce que son engagement met en danger pour lui-même.

Les protagonistes en mission atteignent l'autre côté du miroir lorsqu'ils s'aperçoivent qu'eux-même sont chassés avec les mêmes méthodes et que leurs informateurs les livrent sans aucune forme de rattachement idéologique : seule la survie de la famille compte. Alors que les premiers membres de l'équipe sont assassinés, Avner en proie à la paranoïa s'aperçoit que son seul salut subsiste en sa famille propre, étant donné qu'il est allé au bout de son engagement pour sa patrie. Cette dernière lui réserve un accueil froid compte tenu du sacrifice produit. Il développe alors une éthique sur son engagement, et décide de s'isoler en quittant Israël et part pour New York rejoindre sa femme et sa fille qu'il avait déjà envoyées là-bas.

Suspectant une surveillance du Mossad, il doit alors se libérer des intrigues de ses compatriotes, visiblement attentifs à un possible revirement. Sa vision obsessive des évènements de la prise d'otages le libère, dans une ultime réminiscence qui s'achève alors qu'il est dans les bras de son épouse : exilé, la seule rédemption subsistante vient de ses intimes.

[modifier] La dernière image

Comme dans bien des conclusions, la dernière image donne lieu à une mise en abîme. Spielberg fait alors un lien entre la réponse du gouvernement américain au 11 septembre et celle du gouvernement israélien après la prise d'otages de Munich. Le film fait apparaître que la logique meurtrière menant à l'hyperterrorisme prend ses sources dans un cycle de violence qui se déroula trente ans auparavant. Spielberg le suggère en une image, la dernière, celle des crédits de fin du film, au centre de laquelle les tours jumelles ont été replacées numériquement sur Manhattan.

La scène de fin vient de s'achever sur la divergence de points de vue entre Avner et son officier de liaison, l'un ayant développé une éthique et un recul face à l'horreur qu'ont entraîné les agissements dans lesquels il a été impliqué. Il objecte que la violence ne peut qu'entraîner plus de violence, et que les assassinats de responsables de Septembre noir ont radicalisé encore plus les opinions, plaçant des personnes plus violentes encore à ces postes.

Son interlocuteur lui rappelle les moyens d'exception contre le terrorisme, tels que définis au début du film par les représentants du pouvoir politique, commanditaires de la vengeance (qui est la position du personnage figurant Golda Meir), et ne transige pas en se détournant d'Avner.

Sur cette séparation entre les protagonistes dans un parc sur les berges de l'Hudson dans les années 1970, le réalisateur utilise l'effet psychologique que maintient sur le spectateur américain la vision des tours aujourd'hui effondrées, cette image valant beaucoup plus qu'un beau discours. Prenant à contrepied l'idée reçue que l'évènement du 11 septembre ait déclenché une rupture et l'avènement d'une nouvelle ère sur le plan diplomatique international. Cette image induit donc la perception d'une continuité, polarisation extrême que la loi du Talion et le maelstrom de violence ont inexorablement amené.

[modifier] Voir aussi

Contexte 
Documentaire 

[modifier] Références

  1. Résultat au box office

[modifier] Liens externes