Mohamed Ben Teffahi

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Mohammed Ben Teffahi, né à Alger en 1870, appartenait à une famille gardienne de vieilles traditions et profondément pratiquante. Il fut le disciple des Maîtres Abderrahmane Menemmeche, Ben Farachou et, surtout, de Mohamed Sfindja dont il a été longtemps le compagnon fidèle. Ben Teffahi n’était pas, à cette époque, ce qu’on peut appeler un artiste consacré, mais était un simple amateur ayant la passion de la musique. D’ailleurs, sa situation sociale le dispensait – contrairement à ce que fut le cas de grands Maîtres – de vivre de la générosité des hommes.

Après la mort successive, en 1928 de l’homme de culture qu’était le Muphti Mohammed Boukandoura, fervent amateur de musique, et des Maîtres Mouzinou et Yafil, Mohammed Ben Teffahi, dont la modestie et la discrétion étaient proverbiales, allait se révéler – alors que rien ne le destinait à jouer ce rôle – un sauveur providentiel d’un patrimoine musical millénaire en perdition.

Saisissant l’occasion opportune de la commémoration du centenaire de la colonisation française, de fervents mélomanes voulurent affirmer l’identité culturelle algérienne à travers l'une de ses expressions et décidèrent de fonder une association musicale, affranchie de certaines exigences de l’administration coloniale de l’époque, en en confiant la présidence à Mohammed Ben Teffahi. C’est ainsi que naquit, le 27 janvier 1930, cette association à laquelle fût donné le nom hautement symbolique d’ « El Djazaïria », plus connue par la suite sous celui d’ « El Djazaïria – El Mossilia » à la suite de la fusion, intervenue le 15 octobre 1951 pour une simple question de local, des associations « El Djazaïria » et « El Mossilia ».

C’est alors que va se révéler le vaste savoir musical de Ben Teffahi que ses élèves, parmi lesquels les frères Mohammed Fakhardji et Abderrezak Fakhardji – dont la notoriété dépassera plus tard les frontières du pays – Omar Bensemmane et Abdelkrim Mehamsadji, vont assimiler et transmettre, à leur tour, aux générations qui vont leur succéder.

Ayant marié sa fille à Tlemcen, il fit souvent un séjour dans cette ville où il se liât avec les Maîtres du lieu, en particulier Cheikh Hadj Larbi Ben Sari et son fils Redouane, qui, à son contact, enrichirent substantiellement leur répertoire.

Dans un article publié en 1981 et destiné à faire connaître Mohammed Ben Teffahi, le Maître Sid Ahmed Serri avait écrit que « les chanteurs et musiciens andalous de ces dernières décennies et les jeunes qui, de nos jours, s’initient à la musique classique (algérienne) doivent, parfois sans le savoir, une grande partie de leurs connaissances ou de leurs acquisitions dans ce domaine – fussent-elles imparfaites ou « ajustée » au style de leur région – à ce que Ben Teffahi a légué ».

C’est au cours d’une visite rendue à sa fille qu’il mourut à Tlemçen le 19 avril 1944 et y fût enterré au cimetière de Sidi Senoussi.

Source : Sid Ahmed Serri