Missi dominici

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Les missi dominici (en latin, « envoyés du seigneur », au singulier missus dominicus) sont des envoyés extraordinaires du roi mérovingien, devenus ordinaires lorsque Charlemagne en fait des agents réguliers de contrôle de l'administration locale (capitulaire de 802).

Les missi vont par deux — un laïc (comte) et un clerc (évêque ou abbé) — et sont chaque année affectés à la visite d'une région – dite missaticum, pluriel missatica. Leur compétence est théoriquement collective et universelle.

[modifier] Histoire

Leur institution date de Charles Martel et de Pépin le Bref, qui les envoient pour vérifier l'exécution de leurs ordres. Quand Pépin devient roi en 751, il envoie des missi de manière désordonnée.

Charlemagne en fait un élément de l'administration, et un capitulaire de 802 définit précisément leurs tâches. Ils devaient rendre la justice, faire respecter des droits royaux, contrôler les comtes (qui étaient encore des officiers royaux), recevoir les serments d'allégeance et superviser la conduite et le travail du clergé. Ils devaient, ensemble, réunir les fonctionnaires du district et leur expliquer leurs fonctions et rappeler leurs obligations civiles et religieuses. En bref, ils étaient les représentants du roi ou de l'empereur. Les habitants du district devaient pourvoir à leur subsistance et éventuellement ils menaient l'armée au combat.

Des instructions spécifiques étaient données aux missi, et de nombreuses nous sont parvenues.

Les districts placés sous le contrôle des missi, qu'ils devaient visiter quatre fois dans l'année, étaient appelés missatica ou legationes (terme qui illustre l'analogie avec les légats du Pape). Ce n'étaient pas des fonctionnaires permanents, mais ils étaient généralement choisis parmi les personnes de la cour et durant le règne de Charlemagne des personnes de haut rang exécutèrent ce travail. Ils étaient envoyés en collège, normalement de deux - un ecclésiastique et un laïc. Ils étaient en général étrangers au district qu'ils administraient. De plus, il y avait des missi extraordinaires qui représentaient l'empereur dans des circonstances spéciales, et éventuellement en dehors de sa région. On connaît quelques inspections de missi dominici, telles celles d'Arimodus et Wernerius en 778 ou de Leydrade et Théodulfe en 798. Même sous le règne de Charlemagne, il était difficile de trouver des hommes pour exécuter ces fonctions sans partialité, et après sa mort en 814 cela devint pratiquement impossible.

Dès le temps de Louis le Pieux, cependant, l'insécurité et les troubles politiques donnent une importance accrue aux responsabilités exercées localement. Le gouvernement central n'est plus en état d'assurer un contrôle régulier et renonce à l'envoi de missi.

Le lien entre le roi et ses grands ne tient alors plus qu'à la participation de ceux-ci aux assemblées, ce qui interdit au roi d'entendre les éventuelles plaintes de la population.

Les missi furent la dernière tentative de préserver le contrôle centralisé du Saint Empire romain germanique. Au cours du IXe siècle, les forces qui conduisit la féodalité à rendre les fiefs héréditaires comme seul moyen pour assurer la stabilité et en particulier face aux agressions externes, en particulier de Vikings.

[modifier] Les missatica, régions gérées par les missis dominicis

Certains missatica sont connus :

  • En 802 :
  • En 853, capitulaire de Servais