Viking

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Représentation de Vikings datant du IXe ou du Xe siècle
Représentation de Vikings datant du IXe ou du Xe siècle

Un Viking (vieux norrois víkingr, pluriel víkingar) est un explorateur, commerçant et/ou pillard scandinave au cours de la période 793-1066, selon les dates traditionnellement retenues. Certains préfèrent faire démarrer l’histoire viking en 789 avec l’attaque de Portland[1].

Sommaire

[modifier] Définition

Au sens large, le terme « viking » désigne parfois l’ensemble des Scandinaves de la période caractérisée par le phénomène viking. Les peuples en contact avec les Vikings leur ont donné différents noms : Normands pour les Francs, Danois pour les Anglais, Rus pour les Slaves, les Arabes et les Byzantins. Ils étaient parfois aussi qualifiés de « païens » ou d’« étrangers »[2]. Varègue est le nom donné aux Vikings exerçant sur la route de l’Est.

Aujourd'hui, les historiens ne peuvent avancer avec certitude les raisons qui ont poussé des Scandinaves à s'organiser pour piller, rançonner, envahir et finalement s'établir sur des terres éloignées de leurs pays (voir chapitre Causes hypothétiques du phénomène ci-dessous). Leurs expéditions audacieuses, les strandhögg, par voie terrestre ou maritime, ont eu un impact considérable sur l'histoire de l'Europe et de la proche Asie.

Les Vikings de toutes origines établirent rapidement des bases semi-permanentes sur les côtes, et les îles côtières puis s’installèrent définitivement dans nombre de ces « comptoirs », nommés « vicus » par les peuples latins, notamment sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord ou en Russie, du VIIIe au XIe siècle.

Bien qu’ils se soient également installés aussi bien en Irlande, où ils ont fondé la plupart des villes (telles Dublin), qu’en Grande-Bretagne, notamment à York, c’est en Normandie et en Russie que leur entreprise a le mieux réussi, puisqu’elle connaît la pérennité jusqu’à nos jours.

Navigateurs hors pair, les Vikings furent d’abord des commerçants au long cours. Mais, plus qu’à l’hypothèse mauresque (l’installation des Maures en Espagne, à partir de 711, leur aurait coupé la route de la Méditerranée), c’est probablement à la faiblesse militaire de l’ancien Empire carolingien à la mort de Charlemagne et des territoires situés au nord et à l’est de celui-ci qu’on doit l’attirance particulière que les côtes du nord de l’Europe exercèrent sur ces marins.

Avec son faible tirant d’eau (parfois augmenté par un lest de pierres) et sa proue relevée, navigant aussi bien à la voile qu’à la force délivrée par deux rangs de rameurs, le bateau viking, nommé knörr, snekkar ou langskip, possède de remarquables qualités maritimes. Le terme utilisé en français est drakkar, signifiant « dragons » ; datant de 1840, c'est un barbarisme sans doute pour marquer les esprits. Embarqués à son bord, les Vikings menaient des raids d’une redoutable efficacité, jusqu’à l’intérieur des terres en remontant les fleuves, voire en le portant à dos d’hommes d’un fleuve à l’autre.

[modifier] Étymologie du mot « viking »

Village viking en Norvège.
Village viking en Norvège.

Le mot « viking » désigne le guerrier, explorateur et pillard d’origine scandinave. Le terme est d’utilisation assez récente (XVIIIe siècle et XIXe siècle) hors du monde scandinave. Son étymologie est très discutée. Il vient probablement soit :

  • des termes vik, la « baie », l'« anse » (que l’on retrouve dans Reykjavík), et ing « en provenance de »,
  • du terme vicus / wik qui désignait, durant le haut Moyen Âge, les agglomérations marchandes,
  • de la manière de vivre des gens du Viken, dans la baie d’Oslo,
  • du substantif scandinave vig signifiant « combat ».

Les utilisations connues les plus anciennes proviennent de textes anglo-saxons du VIIe siècle, avec la mention de divers termes (uuicingsceadan, uuicingsceadae, saewicingas) qui se rapportent tous aux activités maritimes, et notamment à la piraterie. Les textes scandinaves contemporains à la période viking font eux la distinction entre un terme féminin, víking, qui désigne l’activité (fara í víkingu, « ceux qui partent en expédition ») et un terme masculin, víkingr ou vikingar, qui renvoie aux Vikings en tant qu’individus. Hors du monde scandinave, les chroniques franques ou anglo-saxonnes utilisent plus fréquemment les termes « Normands », « Danois » ou « païens » pour désigner les Vikings, tandis que les Irlandais parlent plus simplement d'« étrangers » (gaills). Certains nommaient les Vikings Norvégiens les « Vikings blancs » et les Danois les « Vikings noirs ». En Orient, ils sont appelés « Rus » ou « Varègues ». Chez les Arabes les Madjus, bab el Madju désignant « la porte des païens » (détroit de Gibraltar)[3].

Selon Pierre Bauduin (2004), la connotation du terme serait plutôt positive dans les inscriptions runiques et négatives dans les poèmes scaldiques.

[modifier] Causes hypothétiques du phénomène

Le baptême forcé des Saxons par Charlemagne.
Le baptême forcé des Saxons par Charlemagne.

Les écrits norrois de cette époque se bornant à quelques épitaphes runiques, l’analyse des historiens se fonde essentiellement sur les témoignages des victimes, souvent largement postérieurs aux événements, influencés et déformés. L’archéologie apporte cependant des éclaircissements déterminants.

[modifier] Origine sociologique

Les Vikings ne représentaient qu’un faible pourcentage de la population norroise de l’époque. Dans un premier temps, les hommes qui le devenaient n’avaient pas beaucoup d’autres choix. Les règles norroises en matière d’héritage n’étaient favorables qu’à l’aîné et jetaient probablement sur les routes nombre de cadets de famille. Conjugué à une période d’accroissement de population et à la guerre interne (comme la lutte entre le roi Haraldr aux Beaux Cheveux et les chefs insoumis du Sud), ce phénomène s’amplifiait. De plus, le droit clanique prononçait, comme châtiment suprême pour les fautes les plus graves, le bannissement.

Les premières expéditions furent sûrement l’œuvre de renégats avides de reconnaissance. Leurs succès furent vite récupérés par les chefs qui les organisèrent pour leur propre compte. Les valeurs religieuses et culturelles scandinaves de bravoure du guerrier se mêlaient à l’appât du gain.

[modifier] L’appât du gain

À l’heure actuelle, les invasions vikings sont analysées à travers le prisme élaboré par Lucien Musset. Ce dernier divise les invasions vikings en France en trois phases :

  • entre 800 et 850, les Vikings sont des pillards avides des richesses des monastères ;
  • entre 850 et 900, les Vikings découvrent la faiblesse des défenses franques et organisent de véritables opérations militaires depuis des îles situées sur les fleuves francs ;
  • de 900 à 950, c’est le temps de la colonisation : les Francs incapables de mettre fin aux invasions par la force autorisent les Vikings à s’installer sur leurs terres.

[modifier] Raisons politiques

Il est possible que les invasions des Vikings danois, de loin les plus nombreuses, aient des raisons politiques. Certains historiens affirment que les invasions coïncident avec les guerres intestines des Vikings danois. Les raids en Europe auraient permis de financer les guerres entre clans et d’augmenter le prestige des candidats au pouvoir. Ceci expliquerait également pourquoi les Vikings de Norvège et les Vikings suédois auraient été en règle générale plus commerçants que pillards.

[modifier] Résistance religieuse

En plus des facteurs précédemment cités, les premiers Strandhögg vikings pourraient avoir aussi pour origine la résistance à la christianisation forcée, notamment aux persécutions de Charlemagne contre les peuples païens, qui devaient accepter « la conversion ou le massacre »[4].

Montesquieu dans De l'esprit des lois, expliquait ainsi la cause des pillages vikings contre les biens de l’Église : « Les Vikings attribuoient aux ecclésiastiques la destruction de leurs idoles, et toutes les violences de Charlemagne, qui les avait obligés les uns après les autres à se réfugier dans le nord. »

[modifier] Origines géographiques et aires d’expansion

Territoires et routes vikings
Territoires et routes vikings

Le territoire d’origine des Vikings influença fortement la répartition de leurs aires d’expansion.

Les Vikings originaires de l’actuelle Suède, bientôt nommés « Varègues », étendirent leur domination à l’est de la Mer Baltique. Vivant du commerce, de la piraterie et du pillage, et s’offrant comme mercenaires, ils écument le réseau fluvial (Volga notamment) de ce qui sera plus tard l’Ukraine et la Russie. Ils atteignent ensuite la mer Caspienne, Constantinople et même Bagdad. Dans les années 1040, une expédition varègue dirigée par Ingvar atteint même l’Afghanistan. Invités à pacifier la région par les tribus slaves et finnoises, les Varègues (Varyags en russe), appelés Russ (« rameurs ») par les Slaves, arrivent vers le milieu du IXe siècle d’au-delà de la Baltique, menés par Rurik et ses frères. Après leur installation autour de la ville de Novgorod (peut-être fondée par les Varègues), une véritable colonisation suédoise, Aldeigjuborg, est établie autour du lac Ladoga. Ces Vikings suédois installent, à partir d’un ensemble de forts et de postes d’échanges, le premier État russe.

Les Danois se lancèrent en premier contre le Jutland occupé par les Francs, par expédition terrestre depuis leur frontière fortifiée, le Danevirke (construit par le roi Gudfridr). Après quelques succès, les Francs opposèrent une solide défense militaire qui obligea les Vikings à chercher les voies d’incursions par la mer. La mort de Charlemagne en 814 marqua le début d’une longue période de fragilité de l’Empire Franc dont ils surent tirer parti. Ils orientèrent leurs conquêtes et leurs pillages le long des côtes de la mer du Nord et de la Manche. Ils gagnèrent les côtes d’Angleterre, et remontèrent le cours des fleuves anglais (l’Humber et la Tamise). Dans le nord de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Belgique, ils fondèrent un état éphémère sur la Frise médiévale. Enfin, en France, où ils menèrent une série de raids en remontant la Seine, la Loire, la Garonne et les petits fleuves côtiers, ils gagnèrent le nom de « Normands » avant de s’établir durablement dans la région qui porte aujourd’hui le nom de Normandie. Leurs nombreuses guerres de conquête coïncidèrent avec les guerres de succession danoises : il est également fort probable que les Vikings du Danemark partaient en raid pour rapporter de quoi financer leurs guerres internes et pour s’auréoler du prestige du conquérant.

Quant aux Vikings originaires des côtes occidentales de la Scandinavie (l’actuelle Norvège), leurs raids et leurs conquêtes concernèrent principalement l’Écosse, l’Irlande, les îles Féroé, l’Islande et le Groenland. Ils menèrent des raids d’exploration jusqu’au Vinland, où un petit avant-poste fut créé, à partir duquel ils pratiquèrent le cabotage le long des côtes américaines.

Les conséquences de leurs expéditions se firent ressentir au-delà de l’Europe continentale, sur les routes commerciales qui existaient avec l’Orient : on a ainsi retrouvé une pièce de monnaie scandinave dans une tombe indienne. À l’opposé, on a découvert un bouddha de jade dans une tombe norvégienne.

Icône de détail Article détaillé : Normands.


[modifier] Éphéméride

Navire viking exposé au Musée de Roskilde
Navire viking exposé au Musée de Roskilde

Ces dates sont identiques à celles présentées ci-dessus. Elles sont proposées dans cet article afin de permettre aux lecteurs d’accéder facilement aux informations dont ils pourraient avoir besoin.

  • 753 : fondation de la première colonie suédoise en Russie : « Aldeigjuborg » (aujourd’hui Staraya Ladoga).
« Russe » signifiait « Suédois » en vieux finnois. On retrouve cette racine dans le nom « Ruotsi » désignant la Suède et non la Russie en finnois.
En réponse, Charlemagne fait tenir en alerte permanente des navires d’intervention dans tous les ports de la côte atlantique. Cette mesure coûteuse n’est pas maintenue après sa mort[7].
Les Vikings de cette région sont dès lors nommés Normands par les historiens.
Troisième attaque viking contre Constantinople.
La milice de Guérande face aux Normands en 919 - in : « Vie de Saint Aubin », manuscript du XIe siècle provenant de l’abbaye d’Angers, BNF
La milice de Guérande face aux Normands en 919 - in : « Vie de Saint Aubin », manuscript du XIe siècle provenant de l’abbaye d’Angers, BNF

[modifier] Quelques Vikings célèbres

  • Saint Olaf est le patron de la Norvège mais avant de christianiser son pays, ce roi a sévi comme pirate et/ou mercenaire dans un grand nombre de contrées d’environ 1007 à 1016.

[modifier] L’héritage viking

Si la christianisation a marqué la fin du mouvement et le début de l’assimilation des peuples scandinaves, on garde d’eux, encore aujourd’hui la toponymie normande, de nombreux legs linguistiques dans l’anglais, l’allemand, le français, les patois de l’Ouest de la France, de la technologie et des traditions marines, ainsi que des découvertes géographiques.

La Russie leur doit son unification identitaire, son système patronymique, et une partie de sa structure linguistique.

[modifier] Le mythe

Représentation des Vikings au XIXe siècle.
Représentation des Vikings au XIXe siècle.

L’Occident leur doit un héritage culturel et légendaire qui a inspiré la littérature et l’imaginaire européen. Les pays nordiques usent de cet attrait pour leur promotion touristique. Et l’image toujours subjective des Scandinaves d’aujourd’hui est encore teintée d’admiration (et peut-être mêlée de crainte) et on leur prête encore les qualités de leurs ancêtres, à savoir : bravoure, audace, curiosité, ingéniosité… Le mythe s’est par ailleurs chargé d’idées fausses.

[modifier] Idées fausses sur les Vikings

Les Vikings ne sont pas un peuple : ils n’ont jamais constitué de nation, mais le terme désigne les navigateurs danois, norvégiens, suédois, islandais, groenlandais, et par extension les peuples scandinaves auxquels appartenaient ces marins.

Les Vikings ne portaient pas de casques à cornes. Ils portaient des casques essentiellement lors des demandes en mariage pour montrer leur richesse, et lors des grandes cérémonies. Ce mythe a été créé en Suède vers la fin du XIXe siècle, puis popularisé par des bandes dessinées comme Astérix ou Hägar Dünor et de nombreuses autres fictions. En revanche leur casque a un nasal (tige de fer devant le nez, comme l’atteste la tapisserie de Bayeux) qui lui donne un air de casque grec.

Le nom de « drakkar » sous lequel sont communément connus les navires vikings, quels qu’ils soient, est un barbarisme erroné construit au XIXe siècle, inspiré du terme suédois moderne « drake » (dragon) – et non « dreki » en norrois – auquel un double « k » a été ajouté pour en accentuer l’aspect exotique. Or les Vikings désignaient leurs embarcations, suivant leur forme et leur tonnage, sous les noms de « knörr » (pluriel : « knerrir »), « snekkja » ou « langskip » : on préfèrera, en français, le terme d’« esnèque » ou « senèque » (mots féminins).

[modifier] Personnages de fiction empruntés au mythe viking

[modifier] Monde agricole[29]

[modifier] Types de cultures

Comme dans la majeure partie de l’Europe médiévale, la grande majorité des habitants de la Scandinavie médiévale étaient des agriculteurs. Les surfaces idéales aux activités agricoles et pastorales n’étant cependant pas légions dans ces pays, de nombreux paysans devaient avoir recours à la pêche et à la chasse pour assurer leur survie. Une schématisation grossière montrerait des Norvégiens principalement pêcheurs et des Suédois et des Danois principalement agriculteurs et éleveurs. Cette réalité est cependant à nuancer en fonction des différentes régions de chacun des pays. Dans tous les cas, les « bönder », c’est-à-dire les fermiers indépendants formant la majorité de la population scandinave de l’époque, étaient de véritables travailleurs polyvalents et étaient bien obligés de s’adonner aussi bien à la pêche qu’à l’élevage et à la culture.

L’élevage (notamment bovins, moutons, porcs et volaille) était extrêmement important et il était pratiqué même au-delà du cercle polaire. Il est probable aussi que ce soit la recherche de nouveaux pâturages qui ait poussé de nombreux Scandinaves à s’établir en Islande, aux Îles Féroé ou au Groenland. Les végétaux cultivés consistaient, eux, principalement en seigle, orge, avoine, pois, haricots et choux. La culture du seigle, et notamment celle du seigle d’hiver, a connu une période d’expansion durant l’âge viking.

Parmi les spécialités alimentaires, on peut citer le thorrablot, conservé de façon très édulcorée par les Normands dans les tripes à la mode de Caen, les andouillettes, fromage au lait cru et de nombreuses spécialités culinaires au goût fort. Le célèbre « smalahove » de Voss, spécialité de tête d’agneau calcinée et fumée accompagnée de rutabagas pourrait aussi remonter à l’âge viking. Du côté des boissons, les Scandinaves étaient de grands consommateurs de bière au malt d’orge non houblonnée, et de boisson de type hydromel.

[modifier] Habitat rural

Le sud de la Scandinavie connaît un habitat groupé relativement précoce. Dans le Västergötland et l’Uppland, ce type d’habitat se met en place à la fin de la période viking. En revanche, dans le reste de la Scandinavie (autres parties de la Suède, Norvège, Islande après la colonisation), on a plutôt affaire à un habitat dispersé.

L’archéologie a permis de mettre au jour des restes d’habitat rural de cette période. L’exemple le mieux connu est celui de Vorbasse, dans le Jutland.

[modifier] Outillage

L’usage de l’araire semble avoir été dominant dans toute la Scandinavie viking, mais la charrue était également connue. Le moulin à eau est une exception, mais il est tout de même attesté dès le IXe siècle.

[modifier] Les raisons du succès militaire normand en France au IXe siècle

La France au IXe siècle fut la cible de nombreuses attaques vikings, dont la plus connue est sans doute le siège de Paris qui commença vers la fin du mois de novembre 885. Si la résistance française allait commencer à s’organiser de façon plus sérieuse après ce siège, il n’en demeure pas moins que les incursions vikings avaient été d’une redoutable efficacité tout au long du siècle. Ce succès s’explique d’abord par la qualité de la machine militaire normande, efficace et novatrice, et par l’audace de ses actions en territoire français. Par ailleurs, la situation politique en France après la mort de Charlemagne, en 814, a peut-être facilité la tâche aux vikings car les successeurs du grand carolingien sont souvent occupés à se quereller entre eux ou manquent simplement d’initiative, ce qui fait que la principale résistance face aux vikings ne vienne pas souvent des chefs mais des victimes directes des raids.

[modifier] Les atouts militaires normands

Les premiers raids vikings étaient surtout dirigés vers des cibles situées à proximité du rivage et consistaient surtout à piller les villages ou les monastères avec peu de moyens, de façon a pouvoir regagner le large avec des richesses rapidement gagnées. Mais dès 830, on peut noter une évolution dans le modus operandi des Vikings : ceux-ci bénéficient désormais d’une plus grande flotte et attaquent des cibles (surtout des églises ou des monastères) à l’intérieur du pays. Ils emploient des éclaireurs ou des espions pour connaître la disposition de leurs cibles et s’attardent même parfois en territoire français. Noirmoutier, situé à l’embouchure de la Loire, figure peut-être parmi les premiers lieux à avoir servi de base fixe aux Vikings. Progressivement, les Vikings entreprendront de conquérir des territoires afin de pouvoir y cultiver le sol. Ce changement d’objectif nécessitera une évolution militaire : pour assumer leurs conquêtes, les Vikings auront besoin d’une armée plus grande et mieux organisée. À travers cette évolution, on remarque que les Français n’ont pas su se défendre contre l’envahisseur : une des raisons serait probablement une flotte trop faible et peu nombreuse. En effet, les villages côtiers ne pouvaient que s’organiser sommairement pour faire face à un ennemi qui frappait rapidement et qui repartait tout aussi rapidement, sans être intercepté par une marine ennemie. À cet effet, Charlemagne aurait construit une flotte mais n’aurait pas su établir de système de défense efficace à l’intérieur du réseau fluvial de France, pourtant fortement exploité par les Vikings après sa mort. Il est pertinent d’ajouter que les Vikings au IXe siècle siècle ne sont pas des pirates : ils ne combattent pas en mer et leur flotte ne sert que pour le transport; cela porte à croire qu’une France mieux organisée, munie d’une véritable flotte, aurait pu rivaliser contre cet ennemi très mobile.

Leurs bateaux étaient adaptés aux déplacements dans les eaux peu profondes, grâce à une coque plus plate, et ainsi ils pouvaient circuler à travers de petits cours d’eau. Les Vikings pouvaient également trainer leur flotte sur une bonne distance : durant le siège de Paris, ils l’auraient même traîné hors de la Seine pour la remettre à l’eau deux mille pieds plus loin, en amont de la Seine. Les Vikings ont progressivement adopté une cavalerie, mais ne s’en servaient que pour le transport car ces derniers préféraient combattre à pied. Ces guerriers étaient généralement armés de grands glaives lourds, de lances, de haches d’arcs et de javelots. Ils possédaient également des boucliers qui pouvaient servir à former des « tortues », ce qui leur donnait une bonne défense. Mais c’est l’élément tactique des Vikings et non leurs armes qui garantissait leur efficacité au combat. La principale caractéristique de leur tactique demeure l’effet de surprise. Ils utilisaient la noirceur de la nuit pour surprendre l’adversaire et pour pouvoir se retirer si l’issue du combat était incertaine. Renseignés sur la disposition de leurs adversaires, soit grâce à des espions ou par la corruption, ils réussissent souvent à le surprendre. Leurs ruses sont nombreuses : pièges, replis stratégiques et feintes sont souvent utilisées. Ils étaient également enclins à changer de religion comme de paire de souliers et cette disposition semble avoir joué en faveur du moral des troupes à quelques reprises. Lors d’un raid, les Vikings n’épargnaient personne, pas même les enfants ou les vieillards: cette façon de faire la guerre découle surtout de la nécessité de terroriser l’adversaire afin de lui enlever tout goût de résistance, dans la mesure où les Vikings sont parfois peu nombreux et pourtant très avancés à l’intérieur du pays, donc vulnérables. Cet aspect de leur tactique, qui consiste à répandre la peur et la terreur lors des attaques, est une arme de dissuasion redoutable dont les effets sur l’adversaire, quoique non quantifiables, ont sûrement joué un rôle important dans le succès des incursions normandes en France.

[modifier] Le manque d’efficacité de la France devant l’envahisseur

Mis à part le manque de marine, les Français, dont le pouvoir n’était pas assez centralisé en raison des rivalités de pouvoir qui caractérisent la période qui suit la mort de Charlemagne en 814, n’ont pas su réunir leurs forces pour chasser définitivement l’envahisseur. Un certain manque d’initiative ainsi que la divergence des intérêts des principaux acteurs en France ont permis aux Vikings de profiter d’une situation de faiblesse interne pour mettre à feu et à sang des villes, des monastères ou même des Églises et en tirer un butin considérable. Par exemple, en 879, il y aurait eu des rivalités entre Louis le Jeune, roi de Germanie et les deux fils de Louis le Bègue, Louis III et Carloman. Ces rivalités sévissaient au moment où les Vikings se dotaient d’une « grande armée », organisée pour des conquêtes plus ambitieuses qu’auparavant. C’est une conjoncture qui n’aide en rien à organiser de manière efficace une défense à l’échelle du pays. Aussi, des tributs sont versés à plusieurs reprises par les Français afin d’acheter une paix provisoire, comme en 866, lorsque Charles le Chauve achète la paix aux Vikings pour 4000 livres. En 877, le successeur de Charles le Chauve, Louis le bègue, incité par l’archevêque de Reims, achète également une paix aux Vikings pour 5000 livres. Finalement, lors du siège de Paris, Charles le Gros, enfin arrivé sur place avec une armée, suite aux pressions faites par l’assemblée de Metz, achète le départ des Vikings pour un certain nombre de livres et les autorise même à piller la Bourgogne. Même si ce dernier exemple est hors du commun, on peut comprendre qu’avec une telle attitude, les Français ont contribué à nourrir l’appétit des Vikings en ce qui concerne le fruit des pillages et des tributs. Il y a pourtant eu de plus en plus de résistance de la part des Français vers la fin du IXe siècle, mais celle-ci provient, de manière générale, du peuple lui-même et de guerriers locaux. Le roi lui-même retarde le problème normand par le paiement de tributs, qui sera évidemment assumé par le peuple[30],[31],[32].

[modifier] Notes

  1. John Haywood Atlas des Vikings 789-1100, 1996, p. 50. (ISBN 2-86260-569-7).
  2. Sawyer, Peter, The Oxford illustrated history of the Vikings, Oxford : Oxford University Press, 1997, p. 4. (ISBN 0192854348).
  3. Sources : Larousse, découvertes du monde n° 2, « l’aventure Viking », octobre 1978
  4. voir Capitulaire De partibus Saxoniae)
  5. selon la chronique anglo-saxonne [1]) par trois bateaux venus de Norvège. Il coutera la vie à l’intendant du roi Beaduheard et à ses hommes.
  6. « le récit des massacres et des exils, frappe les imaginations (…) de vieilles haines s’attisent (…) Au fer de Dieu doit répondre le fer d’Odin (…) Vengeance ! », Jean Mabire, Les Vikings, éditions l’Ancre Marine, 2004, p. 14-16 (ISBN 2-905970-49-9)
  7. Michel Dillange. Les Comtes de Poitou - Ducs d’Aquitaine (778-1204). La Crèche : Geste éditions, 1995. (ISBN 2-910919-09-9), p 53
  8. Michel Dillange op. cit., p 54
  9. Michel Dillange op. cit., p 55
  10. Michel Dillange op. cit., p 56
  11. Michel Dillange op. cit., p 56
  12. Michel Dillange op. cit., p 56
  13. Michel Dillange op. cit., p 56
  14. aujourd’hui Ile Botty dans la commune de Bouguenais
  15. Michel Dillange op. cit., p 56
  16. Michel Dillange op. cit., p 56
  17. Michel Dillange op. cit., p 56
  18. Michel Dillange op. cit., p 57
  19. Michel Dillange op. cit., p 57
  20. Michel Dillange op. cit., p 59
  21. Michel Dillange op. cit., p 59
  22. Michel Dillange op. cit., p 59
  23. Michel Dillange op. cit., p 59
  24. Michel Dillange op. cit., p 60
  25. Les Vikings
  26. Michel Dillange op. cit., p 60
  27. mentionné par plusieurs sources dont : dans le manuscrit du XIe siècle : « Vie de Saint Aubin », Biblio. Nat. et dans « Chroniques de Nantes »
  28. Michel Dillange op. cit., p 61
  29. Sources de cette partie : Bauduin [1994], pp. 14-16.
  30. Steenstrup, Johannes. Les invasions normandes en France. Étude critique par Johannes Steenstrup. Éditions Albin Michel, 1969
  31. Boyer, Régis, Les Vikings. Histoire et civilisation. Paris, 1992, Plon.
  32. Portner, Rudolf, La saga des Vikings. Econ Verlag et Dusseldorf, 1971

[modifier] Bibliographie

[[Image:Ledbergsstenen 20041231.jpg|thumb|250px|Pierre runique en Östergötland, Suède.

[modifier] Sources médiévales

Les sources écrites contemporaines proviennent principalement d’observateurs étrangers (arabes, byzantins, occidentaux). En Occident, il s’agit, la plupart de temps, du témoignage des victimes des raids vikings, notamment de clercs.

À l’exception des inscriptions runiques, les sources écrites médiévales scandinaves ne sont généralement pas plus anciennes que le XIIe siècle et donc postérieures à la période viking. Ces textes, notamment les sagas qui mêlent faits historiques et faits inventés, sont donc traités avec beaucoup de circonspection par les historiens. Les recueils juridiques dont on a connaissance sont également nettement plus récents que la période considérée.

L’archéologie est donc la principale source d’information sur cette période.

[modifier] Textes contemporains

[modifier] Ouvrages modernes

  • Dragons et drakkars : le mythe viking de la Scandinavie à la Normandie, XVIIIe ‑ XXe siècle, Caen, Musée de Normandie, 1996
  • L’ancien âge viking sépulture du Danemark, Copenhague, Thiele, 1980
  • Le Fondateur de la Russie, [S.l.s.n.], 1982
  • Les Vikings : les Scandinaves et l’Europe 800-1200, Paris, AFAA, 1992
  • Sagas des peuples du Nord : les Vikings, Amsterdam, Time-Life Books, 1997
  • René Adriers, Vladimir ou le soleil rouge, [s.l.s.n.], 1982
  • Jean M. Ball, Le Village viking à huttes de terre, Saint-John’s, Newfoundland Historic Trust Co-op Association, 1982

[[Image:Egil Skallagrimsson 17c manuscript.jpg|thumb|250px|Représentation du scalde viking Egill Skallagrímsson dans la saga d’Egill.]]

  • Pierre Bauduin, Les Vikings, Paris, Presses Universitaires de France, 2004
  • Henry Billings, Ces ponts merveilleux, Paris, France-Empire, 1964
  • Dominique Bona, Ce prince païen créateur de la Sainte Russie, Paris, Le Quotidien, 1982
  • Régis Boyer, Héros et dieux du Nord : guide iconographique, Paris, Flammarion, 1997
  • Régis Boyer, Jean Robert, Au nom du viking, Paris, Belles lettres, 2002
  • Régis Boyer, L’Art viking, Tournai, Renaissance du livre, 2001
  • Régis Boyer, Le Mythe viking dans les lettres françaises, Paris Éditions du Porte-Glaive, 1986
  • Régis Boyer, Les Vikings (800-1050), Paris, Hachette, 2003 (ISBN 2012356907)
  • Régis Boyer, Les Vikings : histoire et civilisation, Paris, Perrin, 2002 (ISBN 2262019541)
  • Régis Boyer, Les Vikings, Paris, Cavalier bleu, 2002
  • Régis Boyer, Les Vikings, premiers européens : VIIIe siècle : les nouvelles découvertes de l’archéologie, Paris, Autrement, 2005
  • Christian Brosio, Vladimir de Russie : un portrait magistral du père de l’empire russe, [S.l.s.n.], 1982
  • Édouard Calic, Amundsen, le dernier viking, [S.l.s.n.] 1962
  • Anne Civardi, James Graham-Campbell, Stephen Cartwright, L’aventure des Vikings, Paris, Bordas, 1978
  • Yves Cohat, Les Vikings, rois des mers, Paris, Gallimard, 1994 ISBN 2-07-053027-2
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Statue de Leif Erikson à Reykjavík.
Statue de Leif Erikson à Reykjavík.
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