Mineuse du marronnier

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Mineuse du marronnier
(Cameraria ohridella)
(Cameraria ohridella)
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Classe Insecta
Superordre Endopterygota
Ordre Lepidoptera
Famille Gracillariidae
Sous-famille Lithocolletinae
Genre Cameraria
Nom binominal
Cameraria ohridella
(Deschka & ?Dimic, 1985)
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Le Cameraria ohridella est un lépidoptère dont la chenille ravageuse est appelée mineuse ou teigne minière du marronnier. Cet insecte a infesté les marronniers d'Europe occidentale (Aesculus hippocastanum) depuis quelques années, provoquant le dessèchement du feuillage prématurément en été.

Sommaire

[modifier] Origine et dispersion

Ce minuscule papillon (3 mm) a été découvert en 1984 au bord du lac d'Ohrid (d'où il tire son nom spécifique), à la frontière entre la Macédoine et l'Albanie. Décrit comme espèce nouvelle en 1986, il s'est rapidement répandu dans toute l'Europe, principalement grâce à une colonisation anthropique. En effet, l'homme reste le moyen préféré pour C. ohriddella pour se propager. En 20 ans, le ravageur s’est installé sur tout le continent, de l’Angleterre à la Russie. Il a ainsi été repéré en Albanie, Bulgarie, Roumanie, Croatie et Autriche en 1989. Il a ensuite colonisé l’Italie du nord en 1992, l’Allemagne et la Tchéquie en 1993, la Slovaquie en 1994, la Slovénie en 1995. Les pays limitrophes de la France sont enfin contaminés, avec la Suisse en 1998, puis la Belgique et les Pays-Bas en 1999. Le ravageur est arrivé en France en 2000 par l'Alsace venant d'Autriche et d'Allemagne. Parallèlement, il est repéré en Île-de-France autour de l'aéroport d'Orly, probablement grâce à l'import de bois contaminé. Les pays les plus excentrés sont aussi touchés, comme l’Angleterre et l’Espagne en 2002, puis le Danemark en 2003. En 2005, 80 % du territoire français est touché. Seuls les départements du Finistère et du Sud-ouest sont épargnés.

[modifier] Description

C'est un petit papillon brun ocre, de 3 à 5 mm de long, dont les ailes antérieures, brunes, ont des stries argentées, et les ailes postérieures, étroites, sombres, sont longuement frangées. Les antennes sont rayées et environ aussi longues que les ailes.

[modifier] Cycle biologique

En fonction des conditions climatiques, C. ohridella présente 2 ou 3 générations par an, voire 4 ou 5 dans les zones climatiquement très favorables. La durée de son cycle de développement s’étend sur 7 à 11 semaines. Au printemps, le premier vol des papillons a lieu vers la mi-avril en région parisienne. Ils sont issus des chrysalides hivernantes, qui ont passé l'hiver dans les feuilles tombées au sol à l'automne précedent. Ils sont facilement repérables car la sortie se fait en grand nombre et les adultes sont visibles sur le tronc où ils se retrouvent pour l’accouplement. Une fois fécondée, la femelle pond des dizaines d’œufs minuscules (de 20 à près de 1000 œufs suivant la littérature) à la surface des feuilles, le long des nervures.

Trois semaines plus tard, les jeunes chenilles apparaissent, s’enfoncent dès l’éclosion dans les feuilles et minent une galerie de 1 à 2 mm de long pour se nourrir. La chenille mesure de 0,5 à 5 mm selon le stade de développement. Elle est très plate, à segments abdominaux mamelonnés et tête triangulaire. Le développement larvaire présente deux formes distinctes : les premiers stades larvaires sont apodes et adaptés à la réalisation de mines dans les feuilles de marronniers. Le dernier stade est caractérisé par un corps à section plus cylindrique, la présence d’embryons de pattes et la capacité à tisser un cocon de soie. Dans tous les cas, la chenille reste à l’intérieur de la mine pendant une période de 20 à 45 jours. A la fin du développement larvaire, la nymphose se produit le plus souvent dans un petit cocon blanc à l’intérieur de la mine et dure un peu moins de deux semaines. La chrysalide perce ensuite la paroi du cocon et l’épiderme de la feuille. Le papillon sort dès cet instant, laissant souvent l’exuvie coincée dans le trou de sortie. Toutefois, au cours de l’été, il est possible de trouver tous les stades de développement sur une feuille attaquée. La seconde génération n’apparaît plus sous la forme d’un pic d’émergence, mais s’étale sur tout le mois de juillet. Cet échelonnement est dû à l’hétérogénéité dans le développement de la première génération. La troisième génération émerge à la fin du mois d’août, les populations d’insectes dépendent du niveau atteint à la seconde génération. S’il y a surpopulation, le taux d’entrée en diapause est important et le vol est amoindri par rapport aux deux précédentes sorties. Sinon, la population du ravageur peut encore augmenter.

En première génération, un pourcentage faible des chrysalides reste en diapause dans les feuilles où elles passeront l’hiver. Elles s’ajoutent aux chrysalides des deux autres générations qui hivernent dans les feuilles tombées au sol, et donneront une nouvelle génération d’adultes au printemps suivant. La litière constitue donc le principal foyer de réinfestation des marronniers.

[modifier] Dégâts

Le papillon adulte sur une feuille de marronnier
Le papillon adulte sur une feuille de marronnier

C. ohridella est une mineuse à l’état larvaire. La chenille s’installe entre les deux épidermes de la feuille et se nourrit du parenchyme (le tissu de remplissage des feuilles). Sa présence est révélée par une tache rousse punctiforme qui s’allonge progressivement avec l’âge de la chenille jusqu’à mesurer entre 25 et 50 mm. La progression peut aller jusqu’à 2-3 mm par jour. Ce sont les chenilles de 1er stade qui s’enfoncent dès l’éclosion dans les feuilles et minent une galerie de 1 à 2 mm de long. Les chenilles de 2e et 3e stades élargissent les mines qui prennent une forme circulaire. Les chenilles âgées (4e et 5e stade) allongent ensuite ces mines parallèlement aux nervures de la feuille.

Selon le degré d’infestation, les mines peuvent fusionner et recouvrir toute la surface des feuilles. Dans les cas extrêmes, plusieurs centaines de mines peuvent être observées sur une même feuille. Un phénomène de compétition intraspécifique pour l’espace et la nourriture dans les feuilles apparaît alors : c’est le plus important facteur de mortalité en cours de saison. L’ensemble du houppier prend alors une couleur brune, et on observe la chute prématurée des feuilles dès le milieu de l’été. La nuisibilité de C. ohridella est avant tout esthétique. Une défoliation de 100 % en plein été limite l’ombre dans les parcs et jardins, et surtout provoque une inquiétude du public qui cherche des réponses auprès des instances locales.

Ainsi dépouillés de leurs feuilles, les arbres sont amputés d’une partie des réserves nutritives normalement accumulées durant la période végétative, et d’autant plus que l’infestation est précoce. Cette baisse de la photosynthèse a un impact direct sur les fruits et les graines. Pour les arbres les plus touchés, les marrons peuvent avoir un poids divisé par 2. C. ohridella semble toutefois affecter la qualité des fruits et des graines, mais pas leur quantité. La conductance foliaire et le potentiel hydrique sont également diminués dans les parties minées, mais inchangés dans les parties vertes autour des mines. De plus, l’arbre semble mettre en place un système de compensation en réponse à l’attaque. On a ainsi observé que les surfaces conductrices et les flux de sève sont augmentés pour permettre une meilleure efficience de l’alimentation des feuilles en eau et en nutriments. Les réserves en eau et la photosynthèse seraient donc suffisantes pour ne pas réduire la croissance de l’arbre.

Les marronniers à fleurs rouges (Aesculus x carnea) sont moins sensibles, mais peuvent également être touchés. Cependant, même si quelques adultes semblent pondre sur leurs feuilles, les taux d’éclosions et de chenilles viables semblent très faibles, car le développement des larves avorte à quelques exceptions près. Il peut également aller de façon opportuniste sur l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus) ou le platane (Acer platanoides), quand ces arbres se trouvent à proximité de marronniers infectés.

Comme les infections de marronniers par des chancres bactériens à Pseudomonas syringae se sont développés en Europe peu après l'apparition des mineuses, on a pu croire que la mineuse était responsable de cette maladie. Si elle contribue peut-être à véhiculer la bactérie en cause, aucun indice scientifiquement étayé ne laisse penser qu'elle en soit le vecteur principal.

[modifier] Moyens de lutte

Des études portant sur le taux de mortalité naturelle des populations de la mineuse indiquent que le principal facteur limitant est représenté par la compétition intraspécifique entre chenilles pour l’accès à la nourriture. Mais ce taux reste assez faible, généralement inférieur à 50 %, même en 2e ou 3e génération.

Les moyens de lutte sont encore limités, et c'est le ramassage et la destruction des feuilles mortes qui est la première étape pour retarder leur développement, puis leur incinération ou leur compostage par une société spécialisée semble être une solution plus efficace. Il existe un traitement chimique mais il est encore très cher. Pour trouver des moyens de lutte biologique contre ce ravageur, un programme européen baptisé Controcam a été lancé en 2001. Il rassemble huit partenaires, des centres de recherche de France, d'Allemagne, de Tchéquie, de Suisse, d'Autriche, d'Italie et de Grèce.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe