Mesure pour mesure

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Mesure pour Mesure est une pièce écrite en 1603 par William Shakespeare, à l'origine classée dans le Premier Folio comme comédie. C'est une des trois pièces à problème du dramaturge, car elles ne peuvent pas êtres facilement classifiées comme tragédie ou comédie par les éditeurs d'aujourd'hui.Cette oeuvre est une comédie satirique

Sommaire

[modifier] Caractères

Isabella, une nonne novice, est une jeune femme vertueuse et chaste qui fait face à une décision difficile quand son frère est condamné à mort pour fornication. Isabella n'approuve pas les actions de son frère, mais elle plaide pour sa vie par loyauté et dévouement de sœur. Beaucoup de ses décisions pendant la pièce vont contre la moralité qu'elle revendique et elle est très imprévisible. En fin de compte, elle préférerait que son frère meure et aille au ciel, qu'elle-même ne vive une vie d'enfer. « Plus fort que notre frère c'est notre chasteté ».

Le Duc, autre personnage central, passe la plupart de son temps vêtu comme un Frère, (Frère Ludovic), pour observer ce qui se passe en son absence. Il est apparemment vertueux, plein de bonté et de bon aloi. Il a tendance à régner un peu doucement, et c'est pourquoi il a enrôlé l'aide d'Angelo. Dans le Premier Folio, le Duc est inscrit dans les Personnages Dramatis comme « Vincentio », mais ce nom n'apparaît nulle part ailleurs dans la pièce.

Claudio est le frère d'Isabella, un jeune homme condamné à mort pour avoir mise enceinte une femme célibataire. Il était fiancé avec elle selon un accord de droit coutumier, mais ils ont eu des relations sexuelles avant que le mariage légal n'ait eu lieu.

Angelo est le bandit de la pièce, un homme qui règne strictement et sans pitié. Il a ses faiblesses propres, cependant il est détestable plus pour son hypocrisie que pour autre chose. Il présente Isabella avec une proposition difficile, de coucher avec lui en échange de la vie de son frère, mais ne tient pas son côté du marché.

Escalus est un Lord sage qui conseille à Angelo d'être plus charitable. Il est loyal envers le Duc et cherche à exécuter ses ordres justement, mais ne peut pas aller contre la volonté d'Angelo. Comme son nom le suggère (« la Balance ») il prend toujours une décision équilibrée, ce qui le fait l'un des personnages les plus sage de la pièce.

Lucio, décrit par Shakespeare comme « un fantastique », est un célibataire flamboyant qui fournit la plupart de la comédie de la pièce. Il est un ami de Claudio et essaye de l'aider. Il est un coureur de jupons lui-même, mais préférerait mourir que d'épouser « la putain » qui porterait son enfant.

Mariana a été destinée à épouser Angelo, mais il a annulé le mariage quand elle a perdu sa dot dans un naufrage qui a tué son frère.

Maîtresse Exagérée tient un bordel à Vienne.

Pompey est le clown qui travaille pour Maîtresse Exagérée.

Le Prévôt dirige la prison et est responsable d'effectuer tous les ordres d'Angelo.

Le Coude est un agent de police « gourde » qui arrête les gens pour inconduite, surtout du genre sexuel. Il fournit un certain moment de détente par son utilisation fréquente d'impropriétés de langage dans son discours.

Barnardine est un prisonnier à long terme de la prison, condamné à être exécuté. Le Duc le considère à l'origine désespéré et donc dispensable, mais change d'avis plus tard.

[modifier] Synopsis

Vincentio, le Duc de Vienne, fait savoir qu'il a l'intention de quitter la ville pour une mission diplomatique. Il laisse le gouvernement dans les mains d'un juge strict, Angelo. Sous le gouvernement de Vincentio, les lois dures contre la fornication ont été mollement mises en application, mais on sait qu'Angelo est un intransigeant en matière d'immoralité sexuelle.

Claudio, un jeune noble, est fiancé avec Juliette ; ayant remis leur mariage, il la rend enceinte hors mariage. Pour cet acte de fornication, il est puni par Angelo. Bien qu'il soit enclin à l'épouser, il est condamné à mort. Son ami Lucio rend visite à Isabella, la sœur de Claudio, une nonne postulante et lui demande d'intercéder avec Angelo pour le compte de Claudio.

Isabella obtient une audience avec Angelo et plaide pour la pitié. Durant les deux scènes entre Angelo et Isabella, il devient clair qu'il héberge des pensées de désir pour elle et il lui offre finalement une affaire : Angelo épargnera la vie de Claudio si Isabella couchera avec Angelo. Isabella refuse, mais elle se rend aussi compte que (en raison de la réputation austère d'Angelo), on ne la croira pas si elle fait une accusation publique contre lui. Au lieu de cela, elle visite son frère dans la prison et lui conseille de se préparer pour la mort. Claudio prie avec véhémence Isabella de sauver sa vie, mais Isabella refuse.

Le Duc n'a pas en fait quitté la ville, mais reste là déguisé comme un Frère, pour espionner les affaires de sa ville et, particulièrement, les actions d'Angelo. Dans son déguisement de Frère, il se lie d'amitié avec Isabella et arrange deux tours pour contrecarrer les mauvaises intentions d'Angelo :

  1. D'abord, « un tour de lit » est arrangé. Angelo a précédemment refusé d'accomplir les fiançailles le liant à Mariana, parce que sa dot a été perdue à la suite du naufrage. Isabella fait parvenir un mot à Angelo le faisant savoir qu'elle a décidé de se soumettre à lui, faisant une condition de leur réunion qu'il se passe dans l'obscurité parfaite. En fait, Mariana consent à prendre la place d'Isabella et elle fornique avec Angelo, bien qu'il continue à croire qu'il a fait l'amour avec Isabella. (Dans quelques interprétations de la loi, cette consommation constitue leurs fiançailles et ainsi mariage.)
  2. Contrairement à ce qui était prévu, Angelo ne respecte pas sa promesse, envoyant un message à la prison qu'il souhaite d'avoir la tête de Claudio, qui nécessite « le tour de la tête ». Le Duc essaye d'abord d'arranger l'exécution d'un autre prisonnier dont la tête peut être envoyé au lieu de celui de Claudio. Cependant, le bandit Barnadine refuse d'être exécuté dans son état d'ivresse actuel. Par pure chance, un pirate nommé Ragozine, d'apparence semblable à Claudio, est soudainement mort, donc c'est sa tête qui est envoyée à Angelo.

Ce complot principal se termine avec « le retour » à Vienne du Duc dans son personnage propre. Isabella et Mariana lui adressent publiquement une pétition et il entend leurs revendications contre Angelo, qu'Angelo réfute doucereusement. La scène construit un sens que le Frère sera blâmé pour les « fausses » accusations nivelées contre Angelo. Le Duc laisse Angelo juger la cause contre le Frère, mais revient déguisé plus tard quand le Frère est appelé. Finalement, le Frère se révèle être le Duc, exposant ainsi Angelo comme un menteur et Isabella et Mariana comme véridiques. Il propose l'exécution pour lui - avec ses biens allant à Mariana pour remplacer sa dot, afin qu'elle puisse se trouver un meilleur mari. Sur les réclamations de Mariana pour Angelo, le Duc est charitable mais le force à épouser Mariana. Le Duc propose alors le mariage à Isabella. Isabella ne répond pas (sa réaction est interprétée différemment dans les différentes productions).

Un sous-complot concerne l'ami de Claudio, Lucio, qui calomnie fréquemment le Duc au Frère et dans le dernier acte calomnie le Frère au Duc, fournissant des occasions de consternation comique sur la part de Vincentio et mettant Lucio dans l'embarras quand il est révélé que le Duc et le Frère sont la même personne. Sa punition, comme celle d'Angelo, est d'être forcé à un mariage indésirable : dans son cas avec la prostitué Kate Keepdown.

[modifier] Représentations

La première représentation répertoriée a lieu le 26 décembre 1604, pour la Saint Stéphane, à la cour du roi Jacques Ier d'Angleterre. Le texte que nous connaissons de cette comédie à problèmes (publié en 1623) a probablement subi une légère révision par Thomas Middleton en 1621. Cependant, cette pièce ne semble pas avoir été interprétée à l'époque, nous n'avons aucune trace de représentation jusqu'à la restauration anglaise, où une nouvelle adaptation voit le jour, par William D'Avenant (filleul de Shakespeare), sous le titre The Law Against Lovers (La Loi contre les amoureux) et qui est un mélange de Mesure pour mesure et de Beaucoup de bruit pour rien. Puis en 1783 un spectacle se basant sur le premier texte imprimé, un autre à Covent Garden en 1816, enfin une version coupée et censurée en 1893 au Royalty Theatre. William Archer, un critique de l'époque victorienne affirme qu'il n'y a « aucune pièce de Shakespeare dans laquelle tant de dialogue est absolument impossible à dire devant un public moderne ».

Le XXe siècle a cependant réhabilité la pièce qui est jouée régulièrement. Sont restées célèbres notamment l'interprétation de Charles Laughton en 1933, ou la mise en scène de Peter Brook à Stratford-upon-Avon en 1950 avec John Gielgud ou encore celle d'Adel Hakim à Ivry sur Seine en 2007.

[modifier] Adaptations

La pièce a été adaptée plusieurs fois au cinéma :

  • Dente per dente, film italien de Marco Elter (1943)
  • Zweierlei Maß, film est allemand de Paul Verhoeven (1963)
  • Mera spored mera, film bulgare de Georgi Djulgerov (1981)
  • Measure for Measure, film britannique de Bob Komar (2006)