Mathilde Carré

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Mathilde Carré (1910-?), dite la Chatte, fut une espionne pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle travailla successivement pour plusieurs services secrets :

Sommaire

[modifier] Ses pseudonymes

Mathilde Carré a utilisé plusieurs pseudonymes au cours de sa carrière :

  • la Chatte, die Katze (ce qui signifie le chat en allemand),
  • « Victoire » (pour Londres), Micheline (pour la Résistance), Lydie, Baghera,
  • Micheline Donnadieu, Marguerite de Roche, Madame Berger, Madame Jean Castel,
  • nom de plume : Maïtena Barrel.
  • B 134, en tant qu'agent personnel de Karl Boemelburg.

[modifier] Famille

Son mari : Maurice Carré (mariage en 1933), soldat puis enseignant, se trouve en Syrie en 1939. Il meurt au monte Cassino le 30 janvier 1944.

[modifier] Biographie

[modifier] Avant la guerre

1908. Le 30 juin[1], Mathilde Lucie Bélard naît au Creusot. Elle reçoit une éducation traditionnelle.

1928. Elle suit des cours d'infirmière. Elle s'intéresse à la psychopathologie et à la psychiatrie.

1932. Elle écrit des articles de journaux.

1933. Sur un coup de tête, elle épouse Maurice Carré.

[modifier] Pendant la guerre

1940

  • Septembre. Au milieu du mois, elle rencontre Roman Czerniawski, alias Armand Borni au café La Frégate de Toulouse. Pilote polonais, il a entrepris de monter un réseau de renseignements appelé INTERALLIÉ, et il la persuade de travailler pour lui.
  • Octobre. Ils se rendent à Vichy avec Philippe Autier
  • Novembre. M. Beaumaire, du 5e bureau de Vichy, lui donne une formation d'agent secret. Elle décide de travailler aussi pour ce service. C'est pendant cette période à Vichy que des journalistes américains, au bar des Ambassadeurs, la surnomment la Chatte. À Paris, « Armand » et Mathilde développent le réseau INTERALLIÉ, qui obéit au gouvernement polonais en exil à Londres. Le réseau s'étoffe considérablement. Bernard Krótki « Christian » devient le numéro 2. « Armand » dispose dans la plupart des départements de la France occupée, de collaborateurs dirigeant des groupes d'indicateurs.

1941

  • Mai. Le 10, le premier message radio part pour Londres depuis le 3, square du Trocadéro. L'Intelligence Service envoie deux opérateurs radio, qui, à partir de ce moment-là, vont pouvoir émettre quotidiennement vers Londres les renseignements utilisés ensuite par la RAF pour définir ses cibles.
  • Octobre. Un agent récemment recruté pour le réseau Bretagne, « Émile », prenant un verre dans un bistrot du port de Cherbourg, met au courant imprudemment un soldat allemand de ses activités d'espion. Celui-ci fait un rapport. Les Allemands confient l'affaire à Hugo Bleicher. De fil en aiguille, celui-ci arrête « Paul » (le sous-chef du réseau Calvados), « Christian » (le second d'« Armand »). Le 18, c'est au tour d’« Armand » lui-même et de sa maîtrese Renée Borni d'être arrêtés au petit matin à leur domicile 8 bis, villa Léandre, à Montmartre. En interrogeant Renée Borni « Violette », Hugo Bleicher apprend qu'une dénommée Mathilde Carré, dite la Chatte, joue un rôle très important dans le réseau et qu'elle habite à deux pas du Sacré-Cœur, rue Cortot. Il arrête Mathilde près de son domicile. Effrayée près une nuit passée en prison, elle demande à parler à Bleicher et livre la cachette du fichier des membres et la caisse du réseau INTERALLIÉ. « Victoire » travaille désormais pour l'Abwehr contre la Résistance. Son travail est énorme. Elle fait arrêter beaucoup de monde[2].
  • Décembre. Elle rencontre des agents du Special Operations Executive : Pierre de Vomécourt « Lucas » qui cherche à obtenir son aide pour communiquer avec Londres, et Benjamin Cowburn « Benoît ».

1942

  • Janvier. Sous la pression de Pierre de Vomécourt « Lucas », elle reconnaît sa trahison, accepte de trahir maintenant l'Abwehr et d'aider les agents du Special Operations Executive.
  • Février. Dans la nuit du 27 au 28, grâce à un stratagème imaginé par « Lucas », ils rentrent à Londres sous la protection des Allemands, qui s'attendent à ce qu'elle travaille pour eux depuis Londres.
  • Juillet. Le 1er, elle est arrêtée « sur demande du gouvernement français et pour la durée de la guerre », et maintenue en détention, compte tenu du rôle trouble qu'elle a joué. Elle passera trois ans en prison à Aylesbury et à Holloway.
  • Novembre. Elle entame une grève de la faim pour obtenir l'amélioration de ses conditions de détention.

1943. Le 12 juillet, l'Abwehr qui n'a plus de nouvelles de son agent, détruit son dossier.

[modifier] Après la guerre

1945.

  • Juin. Le 1er, elle est transférée par avion au Bourget, et de là , rue de Saussaies, où elle est interrogée pendant 22 jours. Du 22 au 26, elle est incarcérée au dépôt. Puis au fort de Charenton.
  • Juillet. Le 7, elle subit son premier interrogatoire devant la cour de justice de la Seine, en l'absence de son avocat, Maître Naud.
  • Octobre. Le 29, elle est transférée à Fresnes.

1947. M. Donsimoni, juge d'instruction, est chargé de reprendre l'affaire. Une nouvelle charge : elle aurait révélé les activités de l'attaché militaire US à Vichy.

1949

  • Janvier. Le 3, son procès s'ouvre. Sa défense repose sur son affirmation de son apport à Londres de l'organigramme de l'Abwehr sur la Résistance. Le 7, la sentence est prononcée : elle est condamnée à mort.

1952. Le 2 août, sa peine est commuée en vingt ans de travaux forcés.

1953. Elle se fait baptiser.

1954. Le 7 septembre, elle est libérée pour raisons de santé, après douze années de détention (3 en Angleterre et 9 en France).

1970.

  • Elle publie ses mémoires, où elle remet en cause beaucoup de choses dites ou écrites sur elle, comme les témoignages de Pierre de Vomécourt, de Hugo Bleicher, d'Albert Naud, ou le livre de Gordon Young.
  • Elle meurt[3].

[modifier] Œuvre

  • On m'appelait la Chatte, Albin Michel, 1970.

[modifier] Bibliographie

  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, ISBN : 978-2-84734-329-8 / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence.
  • Gordon Young, L'espionne n°1 : la Chatte, Fayard, 1957 et Editions "J'ai lu leur aventure" n°A60
  • Benjamin Cowburn, Sans cape ni épée, Gallimard, 1958.
  • Janusz Piekalkiewicz, Les grandes réussites de l'espionnage, Fayard Paris-Match, 1971. Chapitre Montmartre, Plan directeur H 18, p. 10-23.
  • Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Le Cherche midi, 2005
  • (en) Lauran Paine, Mathilde Carré, Double Agent, London, Hale, 1976.

[modifier] Filmographie

[modifier] Notes et références

  1. Ou bien naissance le 19 février 1910 ?
  2. Le colonel Paillole la rend responsable de 66 arrestations ; et son avocat Albert Naud de plus de 100 agents du réseau Interallié. Elle assiste à presque toutes les arrestations, et désigne ses victimes : « C'est bien lui, vous pouvez y aller ».
  3. En 1970. C'est l'année donnée par le wikipédia de langue anglaise.
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