Madeleine Grey

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Madeleine Grey, née Madeleine Nathalie Grunberg le 11 juin 1896 à Villaines-la-Juhel (Mayenne) et morte le 13 mars 1979 à Paris, est une chanteuse classique française dont la voix est souvent considérée comme celle d'une soprano mais qui évolue aussi dans un répertoire de mezzo-soprano. Sa vie d'artiste et de femme est exposée dans l'ouvrage de Gérard Zwang "Mémoires d'une chanteuse française"[1]

Sommaire

[modifier] Début de sa vie

Nathalie Grunberg était fille de deux juifs russes émigrés en France, qui s'étaient rencontrés à l'Ecole dentaire de Paris. Elle étudie le piano chez Mademoiselle Chappard, supervisée une fois par mois par Alfred Cortot, et ensuite le chant chez Madame Bréjean-Silver puis avec Amédée-Landely Hettich. Son potentiel exceptionnel comme chanteuse est bientôt reconnu par Georges Hüe et Gabriel Fauré. Fauré écrit pour elle son cycle de mélodies les "Mirages" qu'elle crée en décembre 1919. En 1920 elle fait un concert très remarqué à Paris, avec l'orchestre Concerts Pasdeloup sous la direction de Rhené-Baton.

[modifier] Carrière

Lors de sa représentation chez Pasdeloup elle est remarquée par Ravel, qui va travailler en étroite relation avec elle pour l'exécution de ses œuvres. Il lui confie la version orchestrale de ses Deux mélodies hébraïques en 1920, et la première audition publique des Chansons madécasses en 1926. Sa collaboration avec Ravel se concrétise par de très nombreux concerts, une tournée en Espagne en 1929 où elle rencontre Manuel de Falla, sa participation lors d'un festival à Ciboure (lieu de naissance de Ravel) en 1930. Elle participe en janvier 1938 au concert commémoratif donné après sa mort. Joseph Canteloube lui dédicace le troisième cahier de ses Chants d'Auvergne (en langue d'oc), et elle les crée en 1926, obtenant un grand succès de public. Elle crée et/ou exécute les mélodies de ses contemporains, les français Darius Milhaud, Louis Aubert (compositeur), Arthur Honegger, Francis Poulenc, Louis Beydts, Maurice Emmanuel, Marcel Delannoy, mais aussi les Italiens, Ottorino Respighi, Mario Castelnuovo-Tedesco, Gian Francesco Malipiero, l'Espagnol Joaquin Nin, le hongrois Béla Bartok, etc. Ses concerts comportaient habituellement une partie de chants folkloriques qui lui valaient beaucoup de succès.

Madeleine Grey voyage beaucoup tout particulièrement en Italie où elle fut invitée par Gabriele d'Annunzio et où elle rencontra le grand amour de sa vie, le professeur Emilio Bodrero - un fasciste notoire, et aux États-Unis où elle enthousiasma Arturo Toscanini. Quand la guerre avec l'Allemagne éclate en 1939 elle doit se protéger des lois antisémites et réussit à se cacher à Saint Paul de Vence. Son père fut déporté en 1943 et gazé à Auschwitz. Elle put sauver sa mère qu'elle confia à leurs réputés cousins biochimistes (Polonovski-Nitzberg) résidant à Genève. Revenue à Paris après la Libération, elle reprit difficilement sa carrière qu'elle dut interrompre en 1952, touchée par les troubles laryngés de la ménopause. Elle avait encore pu faire des voyages au Moyen Orient et au Brésil. Elle décède solitaire, oubliée de tout le monde, en 1979.

[modifier] Réputation

Ravel apporte un avis précieux dans une lettre la recommandant au chef d'orchestre Ernest Ansermet: « Elle est une des plus remarquable interprétatrice: une voix attractive, agréablement puissante et très limpide. Et notablement une diction parfaite. Grâce à elle, le public a écouté Shéhérazade comme autre chose qu'un poème symphonique. »[2]. Madeleine Grey bénéficie aussi de grandes facilités en langues.

[modifier] Notes et références

  1. Gérard Zwang: Mémoires d'une chanteuse française - La vie et les amours de Madeleine Grey (1896-1979), éditions de l'Harmattan (Paris, 2008)
  2. Maurice Ravel: lettres, écrits, entretiens, édité par Arbie Orenstein (Paris, Flammarion, 1989), p.189, lettre 180.

[modifier] Publications

  • Grey, Madeleine. "Souvenirs d'une interprète", dans la Revue musicale, n° 185-187 (1938), p.367.