Méthodes d'arrêt du tabagisme

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"Non-fumeur"
"Non-fumeur"

Plusieurs façons de procéder, évaluées plus ou moins scientifiquement, sont envisageables pour s'affranchir du tabagisme, qui est à considérer comme un comportement de dépendance plutôt que comme une maladie.

Cet article traite essentiellement de la cessation du tabagisme par inhalation de la fumée, les autres formes étant plus rares, du moins dans la plupart des pays.

Sommaire

[modifier] Statistiques

Le désir d'arrêter de fumer est extrêmement fréquent, avec près de 80 tentatives pour 100 fumeurs réguliers chaque année en Grande-Bretagne mais avec seulement 2 à 3 % de succès par an[1].

[modifier] Façons de procéder

[modifier] Arrêt grâce à la volonté

La méthode classique consiste a éteindre sa dernière cigarette et à être suffisamment déterminé pour ne plus jamais en rallumer une. C'est la voie choisie avec succès par plus de 9 anciens fumeurs sur 10[2]. Les effets du sevrage ne durent pas et sont bénins (hors terrain pathologique avéré).

Les fumeurs qui adoptent cette stratégie acceptent en général de passer quelques jours difficiles, pour ensuite constater avoir de moins en moins souvent envie de fumer. Ce désir peut se formuler ainsi : "si je fume, je vais éprouver du plaisir". Chez la personne dépendante, fumer se limite à temporairement soulager un manque imperceptible, une souffrance, ce qui est à distinguer d'un plaisir. Compte tenu des aléas de la vie, il est probable qu'un jour ce désir se réactive et induise la récidive.

On ne combat pas un désir avec une interdiction : cette façon de faire (nommée cold turkey en anglais, que l'on pourrait traduire par arrêt diligent) prend en compte le fait le désir de fumer ne s'effacera qu'à très longue échéance et qu'il convient d'apprendre à y faire face pour en être protégé.

[modifier] La prise en charge médicalisée

Une prise en charge médicale est recommandée en cas de co-morbidité ou risque de complications (hospitalisation, états dépressifs, grossesse, polytoxicomanie, etc.).

Il existe en France près de 300 centres de tabacologie pour cesser de fumer (en 2006), le plus souvent en centre hospitalier. Il convient de prévoir 4 à 6 consultations réparties sur plusieurs mois. La durée nécessaire aux entretiens individuels interdit en pratique la consultation en libéral.

Les interventions puisent leur efficacité dans l'accompagnement par un professionnel formé à la prise en charge de la composante psychologique de la dépendance. Compte tenu de la sensibilisation créée par les effets pharmacologiques du tabagisme, une décision irrévocable de cesser définitivement de fumer est un pré requis.

[modifier] Les timbres transdermiques (patchs)

Les timbres transdermiques sont des palliatifs nicotiniques vendus en pharmacie, éventuellement sur ordonnance. Le dosage est adapté à l'intensité tabagique déclarée.

Un timbre autocollant diffuse lentement la nicotine par la peau, ce qui réduit l'impression de manque. Le traitement recommandé dure 3 mois, avec diminution progressive du dosage.

Efficacité à 12 mois : 16 à 18 % [3] mais d'autres études ont montré leur peu d'utilité à long terme (3 à 6% à 12 mois)[4].

[modifier] Le bupropion (Zyban)

Ce produit inhibe la recapture de la noradrénaline et de la dopamine ce qui réduit la sensation de soulagement du fumeur lors de la prise de nicotine. Le bupropion est autorisé comme psychotrope antidépresseur aux États-Unis et l'on constata que l’un de ses effets secondaires était de réduire l’envie de fumer des patients.

Ce médicament amphétaminique commercialisé en 2001 par GlaxoSmithKline permettrait un taux de 15% de sevrage confirmé à 12 mois à compter du début du traitement (source Pfizer) ce qui double à peu près la probabilité d'arrêt du tabac[5]. Il est délivré sur ordonnance et nécessite un suivi médical strict car il entraine des effets secondaires et présente quelques contre indications.

[modifier] La varénicline (champix)

Commercialisé en France depuis février 2007 par Pfizer, la varénicline présente une utilisation similaire au bupropion. Elle est commercialisée en Europe sous la marque champix. Nouvelle molécule, champix fait l'objet d'un suivi de pharmacovigilance de la part des agences sanitaires et n'est disponible que sur ordonnance.

La varéniciline agit en réduisant le besoin de fumer ainsi que l'impression de manque : c'est un agoniste partiel des récepteurs nicotiniques, occupant les récepteurs nicotiniques, réduisant l'effet sur le fumeur de la nicotine inhalée. Fumer perd ainsi de son intérêt. La probabilité de sevrage à 12 mois de fumeurs sans complications pathologiques ou psychiatriques, après 12 semaines de traitement et un accompagnement psychologique régulier et intensif (comprenant un suivi hebdomadaire avec un thérapeute pendant les 3 premiers mois) est annoncée à 22,4 % (le traitement placebo atteignant 10 %)[6]. Pour une autre étude, le taux d'arrêt du tabagisme à 52 semaines est de 19 %[7].

Des nausées et des étourdissements sont les principaux effets indésirables présents en début de traitement. Des cas de dépressions, de suicides et de pensées suicidaires lors de traitements avec le champix sont rapportés. La présence de trouble préexistant peut avoir une influence dans cette situation[8].

[modifier] Autres traitements pharmacologiques

De nombreuses autres molécules pour l'aide au sevrage sont en cours de développement par l'industrie du médicament.

[modifier] Aides à l'arrêt non validées par la science médicale

[modifier] Les limitations de l'approche médicalisée

L'approche médicale du tabagisme se heurte à deux limitations :

  1. Attentant au sentiment identitaire du fumeur et culpabilisant, le discours sanitaire n'est pas audible par le fumeur dépendant, quand bien même il serait parfaitement compris et accepté par les non fumeurs [9].
  2. Les stratégies médicamenteuses se sont avérées peu probantes : à un an du début du traitement 10 à 25% d'arrêt confirmé, soit de une chance sur quatre à une chance sur dix ; c'est l'accompagnement par le professionnel de santé qui contribue le plus au succès [10].

Le taux d'échec élevé des méthodes recommandées aux professionnels de santé explique la popularité d'alternatives non médicales. Le succès de ces alternatives échappe largement aux méthodes d'observation et de validation des faits imposées par la démarche expérimentale de la biomédecine (comparaison contrôlée à un placebo par ex.).

Cela n'empêche pas qu'elles puissent démontrer de meilleurs résultats sur le terrain avec des taux de sevrage à un an pouvant dépasser 50%[11].

[modifier] L'hypnothérapie

L'hypnose agit en réduisant l'envie de fumer, en augmentant la désir d'arrêter, ou en renforçant les ressources inconscientes visant à l'arrêt du tabac.

La méthode la plus courante est celle du psychiatre américain Herbert Spiegel, qui comporte trois suggestions essentielles:

1) la fumée est un poison 2) le corps mérite d'être protégé de la fumée 3) il est possible et agréable de vivre sans fumée

Ce type de suggestion n'implique pas un rapport hiérarchique au thérapeute car le client est invité à participer à sa propre thérapie et à apprendre l'auto-hypnose. Une ou deux séances suffisent généralement.

L'hypnose (médicale ou eriksonniennne) ne fait pas partie des pratiques médicalement validées, mais il n'a pas été non plus démontré qu'elle n'était pas efficace... En pratique la plupart des intervenants en tabagisme ont recours à une forme ou une autre de suggestion vers l'inconscient du fumeur.

[modifier] L'homéopathie

[modifier] L'acupuncture

L'acupuncture est utilisé dans l'arrêt du tabagisme et utilise les principes traditionnels chinois. La pratique de nos jours peut se présenter sous 2 formes : l'utilisation d'aiguilles (à usage unique de préférence) et l'utilisation de Laser doux. Pratiquée par des personnes expérimentées, cette technique peut donner de bons résultats[réf. nécessaire].

[modifier] L'auriculothérapie

L'auriculothérapie est méthode thérapeutique d'origine française du domaine des réflexothérapies, dont les effets sont donc conditionnés par une action de type neurologique [12].

En pratique, elle consiste en la pose d'aiguilles stériles (à usage unique), dites "semi-permanentes", en des points précis de l'oreille qui deviennent détectables chez les fumeurs quand ceux-ci se sont abstenus de toute consommation depuis 6 heures au moins. La stimulation de ces points ainsi obtenu, par des voies neurologiques encore discutées, entraine la disparition presque instantanée de l'impression de manque.

[modifier] Les approches psychocognitives

[modifier] Formations psychocognitives

Redevenir non fumeur relève d'un apprentissage, notamment de la capacité à faire face à une envie de fumer qui peut survenir des semestres ou des années après l'arrêt total de la consommation. Les sciences de l'éducation offrent un champ d'interventions psychocognitives, agissant d'une part sur la compréhension de l'addiction au tabagisme et d'autre part sur les motivations et désirs. L'approche psychocognitive [1] déconseille les palliatifs pharmacologiques de confort, qui atténuent la sensation de manque et réduisent l'entraînement à faire face à la sensation diffuse de manque.

[modifier] Méthode Allen Carr

La méthode Allen Carr, du nom de son auteur anglais, est basée sur la compréhension des mécanismes mentaux de la dépendance psychologique au tabagisme. Sa particularité est que les formateurs sont, comme Allen Carr, des anciens fumeurs.

À la lecture de ses ouvrages, qui sont de vrais succès de librairie, ou aux cours de sessions de groupes dont le taux de réussite a été mesuré, le fumeur peut réaliser la contradiction insoluble entre son désir de continuer à fumer et son souhait de s'affranchir de ce qui est devenu une dépendance. Il s'ensuit une sorte de révélation qui fait perdre sens et plaisir à continuer de fumer et permet un arrêt immédiat du comportement addictif.

Une fois la dépendance psychologique appréhendée, la dépendance physique (syndrome de manque) ainsi que la dépendance comportementale (habitudes) ne font pas obstacle à l'abstinence durable selon cet auteur.

Il part de l'idée qu'une fois qu'on est devenu non fumeur, il faut apprendre à vivre toutes les situations que nous vivions auparavant, et cela passe par un apprentissage. Et qui dit apprentissage dit répétition. C'est donc ce qui est répété qui importe : si à chaque pensée de cigarette, la personne qui a arrêté se dit qu'elle doit résister et ne pas fumer, qu'ancre-t-elle ? L'idée de la cigarette plaisir ou aide. Voilà pourquoi Allen Carr a trouvé une méthode qui permet de répéter l'inverse: " Quel bonheur de ne plus devoir prendre cette cigarette !" et ce chaque fois que l'envie de fumer survient.

[modifier] Autoformation

Les ouvrages d'auteurs ayant arrêté de fumer et expliquant comment cesser la cigarette les plus vendus sont :

  • La méthode simple pour en finir avec la cigarette (A. Carr, Ed. Pocket Evolution)
  • Petit Manuel de défume (R. Molimard, Sides, 2007),
  • Libérez-vous du tabac (B. Comby, J'ai Lu, 2004)

[modifier] Thérapies comportementales et cognitives (TCC)

Ces thérapies présentent l'avantage de permettre une validation scientifique objective. Elles donnent de bons résultats, associées ou non avec un traitement médicamenteux. L'emphase en France étant mise sur l'approche médicale en centre de tabacologie spécialisé, les TCC restaient peu pratiquées (en 2007) pour le sevrage tabagique.

[modifier] Autres approches

[modifier] Assistance téléphonique

Les centres d'assistance téléphoniques n'ont pas donné lieu en France à une évaluation médicale rigoureuse. Ces services - d'un faible rapport utilité/coût - sont peu développés en pratique.

[modifier] Cigarettes sans tabac

Les cigarettes sans tabac sont composées de plantes à fumer (tussilage, noisetier, sauge, etc.). Elles dégagent une odeur mal acceptée par les fumeurs voisins.

Leur principal intérêt est de permettre d'être associées avec d'autres produits à fumer en évitant de rechuter à cause d'une absorption même minime de nicotine. A défaut de faciliter l'arrêt, elles préviennent la rechute, notamment lors d'épisodes festifs.

Leur vente en officine de pharmacie en France a été interdite en octobre 2006 : elles sont en vente dorénavant dans les bureaux de tabac.

[modifier] Cigarettes électroniques

Icône de détail Article détaillé : cigarette électronique.

De nombreuses entreprises tentent d’implanter une version électronique de la cigarette, en la définissant soit comme une aide à la cessation, soit comme un moyen d'éviter la fumée passive pour les non-fumeurs.

L’appareil a la forme d’un petit cylindre un peu plus long qu’une véritable cigarette et génère un aérosol. L’emplacement du filtre contient une cartouche remplaçable remplie de liquide, dont les principaux ingrédients sont de la nicotine, de l’arôme artificiel de tabac et du glycol. Lorsque l’on aspire, un microprocesseur active un atomiseur qui mélange le liquide aromatique avec l’air inspiré. Ce mélange est propulsé sous forme d'aérosol et est inhalé par l’utilisateur. L’évaporation du glycol donne l’impression de la véritable fumée produite par une cigarette. Une diode lumineuse située à l’extrémité simule une fausse combustion. L’appareil ne simule pas uniquement l’acte de fumer mais délivre le mélange vaporisé à la température de 50-60°C comparable à celle d’une cigarette. Le taux de nicotine varie suivant la cartouche utilisée permettant éventuellement une réduction progressive de la consommation[13].

[modifier] Trucs et astuces pour passer une envie

Le truc le plus important pour passer une envie sans en devenir obsédé consiste à ne pas chasser cette pensée mais au contraire à accepter cette idée. Après des décennies de tabagisme, le souvenir de la cigarette reste normalement présent. Et cette pensée ne fait pas mal. Si l'on chasse brusquement la pensée, elle reviendra comme un boomerang. Il convient plutôt de l'accueillir amicalement, comme tout ce qui peut sortir de notre esprit.

Il existe des techniques supplémentaires, des astuces permettant parfois de passer l'envie tranquillement :

  • Croquer une pomme (très efficace, notamment quand on a été gros fumeur si l'heure de manger approche)
  • Boire un grand verre d'eau
  • Respirer des arômes, du parfum ... ou le bon air (particulièrement efficace chez les femmes)
  • Prendre trois profondes inspirations
  • Passer quelques instants ses avant-bras sous l'eau bien froide

Ces astuces ne réduisent pas le désir : elles réduisent la tension associée lorsque l'on y fait face sans y concéder. A noter que l'on apprécie une cigarette à la fin d'un repas, donc manger n'est pas une façon de calmer l'envie.

De même un produit stimulant le cerveau comme le café, l'alcool, un cachou ou une gomme à mâcher, ne fera qu'entretenir l'envie : ce n'est pas la solution...

[modifier] Conséquences de la cessation du tabagisme

Icône de détail Article détaillé : sevrage.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Statistiques anglaises sur le tabagisme
  2. American Cancer Society Cancer Facts & Figures 2003 & John Polito
  3. New-England Journal of Medicine (mars 1999)
  4. Yudkin, BMJ, 2003, 327:28-29
  5. Hughes JR, Stead LF, Lancaster T. Antidepressants for smoking cessation, Cochrane Database Syst Rev 2007;(1):CD000031 pub3 2007
  6. (en) Jorenby D E, Hays J T, Rigotti N A, Azoulay S, Watsky E J, Williams K E, Billing C B, Gong J, Reeves K R, « Efficacy of varenicline, an alpha4beta2 nicotinic acetylcholine receptor partial agonist, vs placebo or sustained-release bupropion for smoking cessation: a randomized controlled trial », dans JAMA, 2006 jul 5, 296 (1), p. 56–63 [résumé]
  7. (Santé Canada. Summary Basis of Decision - Champix. 30 janvier 2008. http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/prodpharma/sbd-smd/phase1-decision/drug-med/sbd_smd_2008_champix_104007_e.html )
  8. Sevrage tabagique : Champix sur la sellette - Les news Médicaments de Doctissimo
  9. Société contre fumeur, J-M. Falomir-Pichastor, PUG, 2004
  10. Prescrire 2006, Idées-Forces Sevrage tabagique; 26, 274, p. 528-533
  11. benchmarking ISSBA 2005
  12. J. BOSSY, Bases neurobiologiques des réflexothérapies, Masson, Paris, 3e éd., 1983
  13. (de) Survol toxicologique d'une cigarette électronique
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