Métamorphoses (Richard Strauss)

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Métamorphoses (en allemand : Metamorphosen) est une œuvre écrite pour 23 instruments à cordes par Richard Strauss en 1944-1945 (achevées le 12 avril).

Il s'agit d'une commande de Paul Sacher mais l'essentiel de Métamorphoses était déjà écrite avant. Elles ont été composées sous le coup de l'émotion causée par la dévastation d'une partie de l'Allemagne lors de la seconde guerre mondiale. Une esquisse à peu près contemporaine portait d'ailleurs en sous-titre "Complainte sur Munich" en référence à la destruction du théâtre national de cette ville en 1943. Il s'agit de l'une des dernières partitions du musicien, alors octogénaire. Elle s'inscrit dans le cadre d'un retour à la musique instrumentale pure établissant un lien entre la fin de la vie de Strauss et ses années de jeunesse.

Les 23 instruments sont 10 violons, 5 altos, 5 violoncelles et trois contrebasses, soit 5 quatuors à cordes et trois contrebasses.

La première a lieu le 25 janvier 1946 sous la direction de Paul Sacher à la tête du Collegium Musicum de Zurich .

Il n'est pas certain que le titre se rapporte à la structure de l'œuvre. Les métamorphoses opérées sont plutôt celles des tonalités et harmonies que des thèmes, en fin de compte toujours reconnaissables (donc peu métamorphosés au sens propre du terme). L'un des six thèmes principaux est une allusion évidente au thème de la marche funèbre de la symphonie n° 3 de Beethoven cité explicitement en hommage à la fin de la partition sous la mention "In Memoriam !".

L'idée de métamorphose est sans doute à rattacher ici aux lectures goethéennes de Strauss au soir de sa vie. Si l'on peut imaginer un clin d'œil à la Métamorphose des plantes ou à la Métamorphose des animaux du poète allemand, il faut aussi tenir compte d'une esquisse pour chœur mixte à quatre parties contemporaine de Métamorphoses, qui est une mise en musique des vers suivants de Goethe (extrait des Zahme Xenien (VII), 1827) :

Niemand wird sich selber kennen,
Sich von seinem Selbst-Ich trennen;
Doch probier' er jeden Tag,
Was nach außen endlich, klar,
Was er ist und was er war,
Was er kann und was er mag.

Personne ne se connaîtra soi-même,
ne se séparera de son moi propre ;
Qu'il essaie chaque jour,
De savoir enfin clairement,
Ce qu'il est et ce qu'il était,
Ce qu'il peut et ce qu'il désire.

Strauss retient du dernier Goethe l'idée de réflexion sur soi, d'évolution vers la sagesse par la conscience de soi, ce qui semble correspondre – quand on le met en relation avec le contexte historique – à l'esprit de résignation de Métamorphoses.

L'œuvre est faite d'un seul tenant et son exécution demande un peu moins d'une demi-heure. Elle est constitué en fait d'un vaste adagio avec une partie centrale plus tourmentée.