Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry

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Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry (13 janvier 1750 - 28 janvier 1819) naît au Fort-Royal de la Martinique. Avocat, homme d'une vaste culture juridique, c'est aussi un acteur de la Révolution française. Moreau de Saint-Méry est un colon métis, érudit et propriétaire d'esclaves, en rupture avec les principes de la philosophie du droit naturel, pour revendiquer le despotisme légal du régime esclavagiste et la ségrégation contre les hommes libres de couleur par le préjugé de couleur.

Sommaire

[modifier] Sa formation

Avocat au Parlement de Paris en 1771, il s’embarque en 1776 pour l’île de Saint-Domingue . et s’installe au Cap-Françaisoù il se voit gratifié d'un poste au Conseil supérieur de Cap. Il s'intéresse au problème de la codification des lois coloniales et publie Lois et Constitutions des colonies françaises sous le vent.

[modifier] Révolution française

Il revient à Paris en 1788 où il participe à la création d’un comité colonial, destiné à empêcher toute réforme du système esclavagiste, et collabore aux travaux du club Massiac - ou club de Paris - représentation des grands planteurs esclavagistes à Paris, 6 place des victoires.

Le 1er juillet 1789, Moreau devient président de l’assemblée générale des Électeurs parisiens, il participe au 14 juillet comme membre du Comité des électeurs et organise la distribution des armes aux révoltés. Le 18 septembre, il est élu député de la Martinique à l'Assemblée Constituante. Il participe aux débats à l'Assemblée constituante sur la question coloniale de mai 1791 sur la question de l'appartenance ou non des Africains et de leur descendants au genre humain. Député esclavagiste de la Martinique, métis lui-même, il s'opposa aux revendications d'un autre métis, de Saint-Domingue, Julien Raimond, pour la citoyenneté active dans le cadre de la constitution censitaire de 1791. Moreau de Saint-Méry fut l'artisan de la consécration constitutionnelle de l'esclavage lors du vote de l'Assemblée nationale constituante pour le décret du 13 mai 1791.

Il développe une théorie arithmétique de l'épiderme dans les colonies, qui hiérarchise les cent vingt-huit combinaisons possibles du métissage noir-blanc (mulâtres, affranchis, noirs créoles, etc.). Cette démarche traduit la préoccupation majeure des colons esclavagistes : la discrimination par l'épiderme, selon le préjugé de couleur. La caste des colons blancs esclavagistes constitue l'"aristocratie de l'épiderme"[1]. Membre des Feuillants, nouvelle formation politique après l'expulsion du club des jacobins de membres réputés contre-révolutionnaires parmi lesquels les frères Alexandre de Lameth et Charles Malo de Lameth, Antoine Barnave, il est attaqué par les fédérés de Marseille et il se réfugie, avec sa femme et ses deux fils, aux États-Unis avant de revenir en France en 1798 où l’appui de Talleyrand lui vaut une charge au ministère de la Marine.

[modifier] Administrateur à Parme [2],[3]

Par le Traité d'Aranjuez du 21 mars 1802, le duc Ferdinand Ier de Parme perd son duché au profit de la France. Présent à Parme depuis mars 1801 pour préparer ces changements, Moreau de Saint-Méry prend possession du duché en qualité d'administrateur délégué général des États parmesans, patronné par Talleyrand. Par une série d'actes administratifs, il met en en place d'importantes innovations en terme de droit : il abolit les lois anti-hébraïques, interdit la torture, sépare complètement les lois civiles des lois pénales. Il réforme les tribunaux en introduisant de nouvelles lois, certaines dérivées de la nouvelle législation française. Le 1er juillet 1805, les réformes juridiques qu'il a mises en place disparaissent avec l'introduction du code napoléon dans tout l'empire.

Le mécontentement de la population lié à la conscription militaire culmine en 1806 avec la révolte des paysans de Castel San Giovanni, qui dégénère en combat avec les militaires français à Bardi, Borgotaro. Napoléon voit dans ces évènements la preuve de l'incapacité de Moreau à gérer la situation : il le fait remplacer par le général Junot qui reçoit des ordres pour une répression sévère. Moreau tombe en disgrâce, sans charge ni salaire de conseiller d'État, et rentre à Paris ruiné. Seule l'impératrice Joséphine, peut-être parce qu'elle aussi est née à la Martinique, lui accorde une maigre pension, qu'il touche jusqu'à sa mort le 28 janvier 1819.

Lors de son séjour à Parme, il publie une étude sur la danse dédiée « aux Créoles, par leur admirateur ».

[modifier] Notes

  1. Description topographique de la partie française de Saint-Domingue
  2. Parma e Vienna, Adele Vittoria Marchi, édition Artegrafica Silva Parma 1988
  3. Parma Edition Quaderni Parmensi, de Gianfranco Stella (1988)

[modifier] Publications

  • Lois et constitutions des colonies françoises de l'Amérique sous le Vent, Paris, 1784-1785, 6 vol.
  • Description topographique et politique de la partie espagnole de l'isle Saint-Domingue, Philadelphie, 1769
  • Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle Saint-Domingue, Philadelphie, Paris, Hambourg, 1797-1798
  • Description graphique et statistique des États de Parme, Plaisance et Guastalla, 8 vol.
  • De la danse, Parme, Bodoni, 1801 (et réédité en 1803).

[modifier] Sources

  • Parma e Vienna, Adele Vittoria Marchi, édition Artegrafica Silva Parma 1988
  • Parma Edition Quaderni Parmensi, de Gianfranco Stella (1988)
  • Le Grand livre de l'esclavage, des résistances et de l'abolition, Gérard Thélier, éditions Orphie, 1998, page 123.

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Liens externes

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