Luis de León

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Luis de Léon (1528-1591) est un poète et écrivain humaniste espagnol de la deuxième moitié du XVIe siècle. Son oeuvre se caractérise par son ascèse et son sens profond de la spiritualité. Certains historiens[1] le classent parmi les héritiers des érasmistes, alors poursuivis par l'inquisition espagnole.

Portrait de Luis de Leon
Portrait de Luis de Leon

[modifier] Biographie

Il entre dans l'ordre des Augustin en 1544 alors qu'il poursuit des études de théologie dans la très prestigieuse université de Salamanque. Parmi ses maîtres il y a Melchor Cano ou Juan de Guevarra.

En 1561 il obtient la chaire de théologie scolastique. Les luttes entre augustins et dominicains pour le contrôle de l'interprétation des textes sacrés le conduisent une première fois devant le tribunal inquisitorial où on l'accuse de sympathie avec des personnalités d'origine juive. On lui reproche sa traduction et ses critiques de la Vulgate qu'il a publié sans les licences requises. Il est enfermé en prison où il écrit De los nombres de Christo et de nombreuses poésie dont Cancion a nuestra señora. Il écrira alors une célèbre poésie qui commence par ces quelques vers:

« Ici l'envie et le mensonge

m'ont retenu enfermé »

Il est relaxé en 1576 soit 5 ans plus tard. Il revient alors à l'Université où il obtient la chaire de philosophie morale (1578) puis celle des Saintes Écritures (1579). Selon une célèbre anecdote, ses premiers mots comme professeur après cinq ans de procès inquisitorial auraient été: "Nous disions donc hier...". En 1583 il publie La perfecta casada et De los nombres de Christo. Sa vie est marquée par les différentes persécutions que lui a infligées l'Inquisition. Son oeuvre en est d'ailleurs profondément imprégnée, tout particulièrement sa poésie qu'à tort l'on considère souvent comme celle d'un mystique. Fray Luis de Leon est en réalité un contemplatif lyrique aux accents mystiques et non un véritable poète mystique. Frédéric Allard, dans un article publié en 2006, propose d'ailleurs une interprétation intéressante de la position ambigüe qu'adopte l'écrivain. En s'appuyant sur une interprétation psychanalytique de l'euvre luisienne, il démontre de quelle manière l'identification du père de Fray Luis à Dieu façonne la personnalité du poète et le conduit à une projection de son Moi vers un ensemble d'identifications secondaires particulièrement élevées se confondant avec le divin. C'est cette quête obsédante d'un père qu'il a perdu trop tôt à travers la recherche de Dieu qui guide chacun des pas du poète, du philosophe et du théologien qu'est Fray Luis de Leon, jusqu'à sa mort en 1591. Il repose dans la chapelle de l'université de Salamanque.

[modifier] Son Oeuvre

Il est surtout connu pour ses traductions de la Bible et ses poèmes en langue vulgaire. Ces derniers sont publiés pour la première fois par Quevedo en 1637. Cependant, les philologues saluent plutôt les textes en prose (cités plus haut) où il introduit entre autre des effets rythmiques contribuant ainsi à la consolidation de la prose espagnole, une langue encore peu utilisée par les humanistes.

[modifier] Références

  • Frédéric ALLARD, "Fray Luis de Leon à la lumière de l'outil psychanalytique", in Les Langues Néo-Latines,n° 337, Paris, juin 2006.
  • Jacques Chevalier, Historia del pensamiento, Madrid,Aguilar, 1969.
  • Enciclopedia Universalis ilustrada, Madrid, Espasa Calpe, 1966.