Lakmé

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Lakmé est un opéra en trois actes sur une musique de Léo Delibes, et sur le livret d'Edmond Gondinet et Philippe Gille. L'opéra est interprété pour la première fois le 14 avril 1883 à l'Opéra-Comique à Paris, par la cantatrice Marie van Zandt.

Ce drame hindou se passe en Inde où la religion et le mysticisme font partie de la vie de tous les jours. Il est interdit d'entrer dans le temple d'un brahmane, Nilakantha, père de Lakmé. Celle-ci va être séduite par l'arrivée d'un officier anglais Gérald.

Durant de nombreuses années, la nouvelle de 1880 « Rarahu ou Le Mariage de Loti » par Pierre Loti fut considérée comme la source d'inspiration de l'opéra. Mais les récentes recherches de Charles P.D. Cronin et Betje Black Klier ont prouvé que les points de concordance se situaient plutôt vers les "Scènes et récits des pays d'outre-mer" de Théodore Pavie (1811-1896).

Sommaire

[modifier] Les personnages

  • Gérald, officier anglais (ténor)
  • Frédérick, officier anglais (baryton)
  • Nilakantha, prêtre Brahmane (basse)
  • Lakmé, fille de Nilakantha (soprano-colorature)
  • Mallika, servante de Lakmé (mezzo-soprano)
  • Hadji, servant hindou (ténor)
  • Ellen, fille du gouverneur (soprano)
  • Rose, ami de Ellen (soprano)
  • Miss Benson, gouvernante de Rose (mezzo-soprano)

[modifier] Analyse de l'œuvre

[modifier] Acte 1

Un temple hindou dans la forêt, au lever du soleil.

« Blanche Dourga » (Lakmé et les choeurs). Lakmé, fille de Nilakantha, un brahmane, chante cette prière « à la blanche Dourga » à la cantonnade accompagnée par une harpe et par les voix des Hindous dans le temple.

« Viens Mallika... Sous le dome épais » (Lakmé et Mallika). Dans ce duo, tant attendu du public, Lakmé et sa compagne s'apprêtent à aller cueillir des fleurs dans la forêt pour en orner le temple.

« Prendre le dessin d'un bijou... Fantaisie aux divins mensonges » (Gérald). En l'absence de Lakmé et de Mallika, deux officiers anglais, Gérald et Frédéric, accompagnés par les filles du Vice-Roi, Ellen et Rose, et leur gouvernante Mrs Bentson, pénètrent dans l'enceinte sacrée. Plus sensible à la beauté du lieu que ses compagnons, Gérald s'attarde pour prendre le dessin d'un bracelet oublié sur l'autel et, seul, se plaît à imaginer celle qui devrait le porter.

« Pourquoi dans les grands bois » (Lakmé). Lakmé revient et Gérald se cache dans les buissons environnant le temple. Dans un air triste et doux, Lakmé exprime les aspirations confuses de son cœur naïf et pur.

« D'où viens-tu ?... C'est le Dieu » (Lakmé et Gérald). Gérald se montre conquis par la beauté de la jeune Hindoue. Effrayée, Lakmé le supplie de fuir, mais ne peut s'empêcher bientôt d'éprouver pour lui un sentiment passionné. Le duo se termine par un hymne au Dieu de la Jeunesse et de l'Amour.

[modifier] Acte 2

La place du marché dans un village.

« Lakmé, ton doux regard se voile » (Nilakantha). Nilakantha a compris, aux réticences de Lakmé, que le temple a été souillé par un de ces étrangers qu'il hait. Afin de retrouver celui qu'il a voué à sa vengeance, il parcourt le village voisin du temple, déguisé en mendiant et suivi de sa fille, grâce à laquelle, pense-t-il, l'intrus se démasquera. Mais il a remarqué la tristesse de Lakmé et il en souffre.

« Par les Dieux inspirée... Où va la jeune Hindoue » - Air des clochettes (Lakmé). Sans doute l'Aria le plus attendu de l'Opéra, Lakmé interpréte avec légèreté et agilité un registre de contre-ut très impressionnant. Possédant l'attention de la foule, Nilakantha force Lakmé à chanter la légende de la fille du paria qui sauva la vie de Vichnou, fils de Brahma, en faisant tinter les clochettes de son bracelet pour le prévenir de la présence de bêtes féroces.

« Dans la forêt, près de nous » (Lakmé et Gérald). Gérald, reconnaissant Lakmé, se trahit. Nilakantha le poignarde et s'enfuit, le croyant mort. Mais Gérald vit encore et Lakmé décide de le faire transporter dans une cabane dans la forêt, où elle pourra prendre soin de celui qu'elle aime.

[modifier] Acte 3

Une cabane dans la forêt.

« Je me souviens... Ah! viens dans la forêt profonde  » (Gérald). Gérald, convalescent, évoque la façon dont Lakmé lui sauva la vie, puis il lui chante son amour.

« Tu m'as donné le plus doux rêve  » - Finale (Lakmé, Gérald, Nilakantha). Comprenant que Gérald, désormais rétabli, regagnera bientôt les siens, Lakmé s'empoisonne, après avoir fait boire au jeune homme une eau magique qui assure un amour éternel. Nilakantha paraît alors, et Lakmé, mourante, lui annonce que Gérald a bu, comme elle, l'eau magique qui en fait un protégé des Dieux. Nilakantha épargnera Gérald, dans les bras duquel meurt la douce Lakmé.

[modifier] Les interprètes

Bien que l'opéra soit parfois considéré comme une œuvre mineure, il s'agit en réalité d'un véritable chef-d'œuvre. La première, le 14 avril 1883, fut chantée par Marie van Zandt. Peu après, c'était au tour de Lily Pons de triompher dans le rôle-titre, notamment grâce à l'air des clochettes, qui est depuis ancré dans le répertoire des sopranos coloratures, à cause de la grande virtuosité qu'il réclame ainsi que les suraigus que peu de chanteuses possèdent. L'après-guerre voit le triomphe de Mado Robin qui chante l'opéra un peu partout dans le monde.

Le 29 décembre 1960 eut lieu la 1 500e représentation de Lakmé, avec notamment Mady Mesplé dans le rôle-titre. Après avoir été quelque peu oublié (mis à part l'air des clochettes, qui est souvent chanté), Lakmé est à nouveau à l'affiche en 1995 avec Natalie Dessay qui, pour l'occasion, rajoute au milieu de l'air des clochettes un contre-sol dièse non écrit dans la partition, ce qui lui vaut un triomphe inouï.

[modifier] Les enregistrements

L'enregistrement considéré comme le meilleur à ce jour est sans doute celui réalisé par Natalie Dessay, Gregory Kunde et Michel Plasson, avec l'orchestre du Capitole de Toulouse, qui leur a valu une Victoire de la musique classique en 1999. C'est en effet un exemple de perfection et de subtilité.

La version réalisée par Mady Mesplé et Alain Lombard est également excellente, bien qu'approximative par endroits (notamment les chœurs).

Ces deux enregistrements sont les deux références absolues pour cette œuvre. Il existe tout de même d'autres versions à signaler : avec Dame Joan Sutherland (mais difficile à défendre car le français y est chanté avec un accent qui le rend parfois incompréhensible et Sutherland se montre approximative), et avec Mado Robin, mais l'enregistrement est ancien.

[modifier] Les ouvrages sur Lakmé

- "Lakmé : Léo Delibes" dans la collection "L'avant-scène opéra" offre une riche analyse musicale de l'opéra ainsi que plusieurs articles autour du personnage de Lakmé, des différentes interprétations, de la carrière de Léo Delibes, etc... Cette ouvrage propose également une discographie et une bibliographie complètes.

[modifier] Liens externes