Mysticisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Mystique (homonymie).

Le mot mystique (du grec μυάω muaô qui signifie « se taire », « être silencieux » et qui a donné μυστικός mystikos, les « Mystères » de l'Antiquité grecque) désigne « une approche expérimentale du divin » qui serait par nature incommunicable. Dans l’expérience mystique, l'âme humaine accèderait à une rencontre directe avec Dieu[1].

Le mysticisme désigne ainsi une formalisation ou une systématisation de ce comportement.

Parfois les mots mystique et mysticisme sont considérés comme synonymes. Certains, en revanche, établissent une distinction entre le mysticisme qui serait plutôt d'ordre théorique et doctrinal et la mystique qui en serait l'aspect pratique (et réalisé dans une ascèse spirituelle).

Sommaire

[modifier] Formes de mysticisme

La caractéristique principale d'une mystique, quelle que soit la religion d'où elle est issue, est qu'elle propose l'introspection comme moyen d'atteindre le divin ou la "Vérité".

Le terme est appliqué indifféremment à toutes sortes de personnalités. On entend ainsi parler aussi bien du mysticisme platonicien, du mysticisme oriental, de celui de Jean de la Croix, de Bernard de Clairvaux, de maître Eckhart ou d'autre personnalités religieuses ou spirituelles sans distinction entre les différentes formes de spiritualités, les époques et conditions mentales correspondantes, de même que sur la variété des expériences constatées et des expressions littéraires qui en découlent.

[modifier] La Kabbale

L'une des principales sources du mysticisme dans les traditions non orientales est constituée par la Kabbale du judaïsme. L'origine de la Kabbale (selon la tradition juive) remonte à la loi orale donnée par Dieu à Moïse au mont Sinaï. Cette forme de mysticisme cherche à rapprocher l'homme de Dieu, en cherchant à donner un sens à la Création. Le sens mystique, ou sens secret, ou sens caché, est un sens qui est atteint au plus haut degré de lecture des textes, en suivant les règles kabbalistiques. La Kabbale comporte une partie dite « ésotérique » (réservée aux initiés), et une partie « exotérique » (qui peut être publiée).

La Kabbale a engendré plusieurs traditions mystiques chrétiennes, notamment entre le XVe siècle et le XVIIe siècle. On peut citer par exemple la Kabbale chrétienne. Il y eut des interprétations plus ou moins erronées de l'ésotérisme kabbalistique, de sorte que le terme ésotérisme a pris quelquefois un sens péjoratif, comme magique, divinatoire, et a pu être perçu négativement, comme une superstition.

Des artistes contemporains (Madonna) se sont liés à certaines écoles de la Kabbale.

[modifier] Le soufisme

La mystique de l'islam est appelée soufisme. Le soufisme des origines prônait l'amour entre Dieu et l'homme. mais depuis Ibn al-Arabi (XIIIe siècle), le courant dominant du soufisme ne met plus l'accent sur l'amour de Dieu mais sur la dissolution du sujet dans un univers où tout est Dieu.

[modifier] Dans l'hindouisme

L’hindouisme présente une mystique de la fusion, de la dissolution de l’individualité dans le brahman, substrat de l'univers. Cette mystique, contrairement à celle d'autres religions, est moins réservée à des initiés et fait plutôt partie de la croyance populaire.

[modifier] Dans le bouddhisme

La mystique du bouddhisme est en rapport avec la notion d'éveil spirituel ou Bodhi. Dans le theravada, la vacuité (ou vide) est réalité ultime et sa contemplation est la voie du mystique permettant l'extinction du Saṃsāra. Dans le mahayana l'extinction n'est pas absolue, puisque l'éveillé peut, par compassion, guider les êtres humains qui n'ont pas encore connu l'éveil.

[modifier] La mystique chrétienne

Le mystique chrétien privilégie "l’expérience personnelle de Dieu" plutôt que la réflexion, il lui faut ressentir plutôt que penser (voir saint Augustin). Saint Jean de la Croix parlait d’un « mariage mystique » (dans le "cantique spirituel").

[modifier] Le mysticisme aujourd’hui

Avec l'engouement pour la spiritualité orientale, le mysticisme a connu depuis les années 1960 une popularité nouvelle en Occident qui est autant l'expression d'une contestation sociale qu'une recherche d'un sens à l'existence.

Henri Bergson, William James parmi les philosophes, Romain Rolland, René Daumal, Aldous Huxley parmi les écrivains ont défini la communion mystique comme la fondation de toute religion. Les croyances et les rites étant alors perçus comme des ajouts superflus. Ces personnalités ont contribué à une approche moderne de la mystique.

Carl Gustav Jung dans l'approche psychanalytique et Mircea Eliade dans l'histoire des religions ont contribué à une rigueur intellectuelle dans l'étude du mysticisme.

[modifier] Critiques du mysticisme

On a souvent reproché aux diverses formes de mystiques, notamment à la Kabbale et à la mystique chrétienne, d'être des spéculations intellectuelles pures. La plupart des mystiques apparurent cependant en réaction à une intellectualisation religieuse (c'est le cas de la Kabbale qui apparaît en Espagne en réaction à la philosophie de Maïmonide) ou à une forme de fanatisme religieux.

L'ascèse du mystique peut quelquefois glisser vers une forme de dolorisme : chez certains mystiques et notamment des mystiques chrétiens (par exemple chez Thérèse d'Avila) la « connaissance de Dieu » semble devoir passer par une certaine glorification de la souffrance.

[modifier] Personnalités mystiques

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. "Dès qu'un être se remet en entier dans les mains du Seigneur, ses essences vitales et ses voies changent, parce qu'il entre alors dans un climat nouveau. Il reçoit des guides angéliques spéciaux, envoyés par la Miséricorde et par l'Amour; sa nourriture procède du Pain vivant descendu du Ciel; et il se désaltère à la Fontaine intarissable jaillie du Roc éternel". Sédir dans Étude sur Le mysticisme occidental au XVIIIe siècle publié sous forme de Préface aux Lettres choisies de Salzmann (Chacornac, 1903), puis dans la revue Les Amitiés spirituelles, en 1920.

Hanania Alain Amar : "Du Mysticisme au délire mystique". Essai et fantaisie dramatique. Paris, l'Harmattan, 2008.