L'Eau des collines

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L'Eau des collines est un diptyque romanesque, écrit par Marcel Pagnol, qui a été publié en 1963.

Sommaire

[modifier] Genèse

L'Eau des collines est composé de Jean de Florette et de Manon des sources ; il s'agit en fait des deux tomes d'une même œuvre, et ils ne peuvent se lire séparément.

En 1952, Marcel Pagnol avait réalisé le film Manon des sources avec sa femme Jacqueline dans le « rôle titre ». Dix ans plus tard, il développa l'histoire de Manon dans les romans Jean de Florette (l'histoire du père de Manon, qui se déroule pendant l'enfance de celle-ci) et Manon des Sources (dont la trame est très proche de celle du film).

[modifier] Analyse

L'eau des collines a pour cadre une communauté villageoise dans la Provence des années 1920 ; le roman se déroule intégralement dans le village fictif des Bastides Blanches, près de la ville d'Aubagne, et ce cadre est consubstantiel à l'intrigue. En effet, le roman décrit l'arrivée dans le village d'un citadin (Jean de Florette) aux conceptions radicalement différentes de celles des paysans locaux, puis son absence d'intégration et l'échec de ses projets. Ainsi, la mise en scène (souvent drôle) du village provençal traditionnel est véritablement un des sujets de l'œuvre : les caractéristiques de ses habitants (mode de vie traditionnel, forte importance du groupe, catholicisme très communautaire, très faible ouverture, pauvreté et avarice paysannes,...) contrastent fortement avec celles de l'élément extérieur qu'est Jean de Florette (innovation et modernité, individualisme, vaste culture,...) ; tout ceci se passe dans le contexte général d'une intégration croissante de ce village isolé à la société qui l'entoure (ouverture liée au service militaire et à la présence d'administrations publiques, meilleures communications). En ce sens, L'eau des collines a une indéniable valeur documentaire et historique, qui n'est pas secondaire.

Cette œuvre reprend un certain nombre des thèmes abordés dans les Souvenirs d'enfance de Pagnol. Cependant, ils sont ici traités d'une façon beaucoup plus fouillée et cohérente : l'absence d'un fil directeur biographique permet de mettre en scène ces thèmes pour eux-mêmes, et non seulement de façon épisodique et secondaire.

Du point de vue strictement dramatique, l'œuvre est construite sur des dynamiques claires et efficaces. Dans chacun des tomes, on trouve un grand mouvement croissant, qui mène à un point culminant : le travail acharné et la misère de Jean de Florette dans le premier (débouchant sur sa mort accidentelle) ; la passion soudaine et complète d'Ugolin pour Manon dans le second (débouchant sur le suicide du premier et la résolution finale de l'action). L'action repose sur des passions fortes et mouvantes, assez finement décrites : résolution extrême de réussir chez Jean de Florette ; passion de l'argent, dissimulation et anxiété chez les deux Soubeyran ; amitié croissante entre Ugolin et Jean de Florette ; amour naissant entre Manon et l'instituteur ; etc. Les caractères, dépeints sans manichéisme, sont en général attachants ; la narration ne s'en tient pas à un point de vue unique, mais adopte successivement celui des principaux protagonistes (Ugolin et le Papet, Jean de Florette, Manon).

On peut rattacher L'eau des collines à la catégorie générale de la littérature populaire : c'est une œuvre d'accès facile, assez simple, construite sur un schéma dramatique classique, mettant en scène des personnages attachants et émouvants. Mais ce livre a aussi un intérêt esthétique, et son écriture a souvent une portée poétique. On y trouve aussi quelques indications ethnolinguistiques (provençal).

[modifier] Cinéma

En 1986, Claude Berri adapte les deux romans au cinéma : Jean de Florette et Manon des sources

[modifier] Bande dessinée

L'Eau des collines est également adapté dans une BD dessinée par Jacques Ferrandez.

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