Portail:Iran/Poème persan du mois
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- Extrait de Bustan
- (Saadi)
- Ô caravanier va doucement, car c'est ma vie que tu emportes,
- et mon cœur ravi s'en va, avec la belle que tu emportes.
- Elle s'éloigne, me laissant seul, plaintif et malheureux,
- et son départ, comme une pointe, déchire mon être douloureux.
- J'ai tenté de cacher ma blessure par des ruses et des sortilèges,
- mais mon sang débordant témoigne qu'au seuil de mon âme tout se désagrège.
- Ô caravanier retiens sa litière, tire les rênes de ta caravane,
- car le cyprès de mon cœur ravit mon âme au pas de ta caravane.
- Oui, ma belle s'en va fièrement, m'abandonnant au fiel de la solitude,
- ne me demandez plus rien, car la vie m'a ôté toute sa plénitude.
- La belle insoumise s'en va, me laissant dans toute ma douleur,
- et je me retrouve, tel un brûle-parfum, la tête en flammes et en pleurs.
- Malgré la cruauté, les fausses promesses de ma douce infidèle,
- j'ai gravé en mon cœur et sur mes lèvres ce souvenir doux d'elle.
- Oui, reviens ma charmante bienaimée, reviens donc éclairer mes yeux,
- reviens, car mes cris de détresse bouleversent la terre et les cieux.
- Je ne dors ni le jour, ni la nuit, refusant le moindre conseil,
- je m'en vais sans but, inapte, l'âme débridée par cette passion sans pareille.
- J'ai cherché à pleurer pour que le chameau de ta litière s'envase sous mes larmes,
- mais je n'ai pu le faire, mon cœur, tant ton départ me désarme.
- Je ne veux ni attendre, ni délaisser ma tendre bienaimée,
- alors qu'en fait, cela serait la solution préférée.
- Il y a diverses façons de dire comment l'âme du corps se retire,
- or moi, j'ai vu de mes yeux comment ma vie s'est mise à partir.
- Sa'adi l'infidèle, me dit-elle, tu n'aurais pas dû de mon amour te plaindre,
- face à ta tyrannie qu'aurais-je fait, ma belle, lui dis-je, si ce n'est que m'en plaindre!