Howard Staunton

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Howard Staunton

Howard Staunton (avril 1810 - 22 juin 1874) fut un célèbre joueur d'échecs britannique et champion du monde d'échecs non-officiel. Il était également chroniqueur dans un journal, écrivain et disciple de Shakespeare. Son nom évoque aujourd'hui le style de pièces d'échecs qu'il a approuvées, le modèle Staunton.

Sommaire

[modifier] Biographie

On connaît peu de sa vie avant son apparition dans l'univers échiquéen. Il a simplement dit qu'il était né dans le Westmorland et que son père se prénommait William. Il était acteur dans sa jeunesse. Mais il a seulement interprété le rôle de Lorenzo dans le Marchand de Venise et a joué avec le très célèbre acteur britannique Edmund Kean.

Staunton avait apparemment 26 ans quand il commença à prendre de l'intérêt pour le jeu. Il est établi qu'en 1836, il était à Londres et qu'il a souscrit un abonnement au livre de William Walker Games at Chess, actually played in London, by the late Alexander McDonnell Esq.. À cette époque, il était encore, selon ses termes, un rook player[1] Deux ans plus tard, en 1838, il jouait de nombreuses parties contre le capitaine William Evans, inventeur du Gambit Evans. Il joua également une partie, qu'il perdit, contre Aaron Alexandre, joueur d'échecs et écrivain allemand.

De mai à décembre 1840, il rédige des articles dans la rubrique « Échecs » du New Court Gazette. Il avait alors suffisamment amélioré son jeu pour jouer et gagner un match, d'une seule partie, contre le maître allemand Popert. Il écrit également pour le British Miscellany, ce qui en 1841 l'amena à fonder le magazine d'échecs connu sous le nom de Chess Player's Chronicle et qu'il dirigea jusqu'à 1854, quand Robert Barnett Brien lui succéda.

En 1842, il disputa des centaines de parties contre John Cochrane, un très bon joueur. Ce fut pour Staunton un excellent entraînement pour ce qui devait être son plus grand succès aux échecs l'année suivante. En 1843, il joua un match rapide contre le champion de France, Pierre Saint-Amant, en visite à Londres ; il perdit par 3,5-2,5, mais on convint d'une revanche qui devait avoir lieu à Paris. Du 14 novembre au 20 décembre 1843, Staunton rencontra de nouveau Saint-Amant au Café de la Régence et le battit sur un score sans appel, 13-8. Après cette défaite de Saint-Amant, aucun autre Français ne le remplaça pour défendre la suprématie française aux échecs qui avait commencé avec Philidor, et c'est Londres qui devint la nouvelle capitale mondiale des échecs. Staunton fut reconnu officieusement comme le meilleur joueur du monde de 1843 à 1851. Il se rendit à Paris l'année suivante pour rencontrer de nouveau Saint-Amant, mais souffrant d'une pneumonie sévère, qui ne cessa de nuire à sa santé, il dut annuler le match à la dernière minute. Ils ne devaient plus jamais se rencontrer.

En 1845, Staunton commença à tenir une rubrique d'échecs pour l'Illustrated London News, qu'il continua le reste de sa vie. Cette rubrique échiquéenne était la plus lue dans le monde[2]. Le 9 avril, Staunton, représentant Londres, gagna une partie par télégraphe (variante de partie à l'aveugle contre des joueurs qui étaient à d'autres endroits) contre un groupe de cinq ou six personnes, qui mirent environ huit heures pour finir la partie.

Staunton jouait des matches contre des joueurs moins forts en leur donnant l'avantage d'un pion et de deux traits, mais il a joué aussi contre des maîtres comme Horwitz et Harrwitz en 1846, en les battant tous les deux.

En 1847, Staunton écrivit son travail considéré comme le meilleur, The Chess-Player's Handbook, qui ne fut pas imprimé avant 1993. Un autre livre, The Chess-Player's Companion suivit en 1849.

En 1849, Nathaniel Cook conçut un jeu d'échecs avec une certaine forme pour les pièces et les droits furent acquis par John Jaques qui les réserva à sa compagnie, Jaques of London. Staunton parla de ce nouveau jeu dans sa rubrique d'échecs des Illustrated London News. Chaque jeu était vendu accompagné d'une brochure écrite par Staunton qui recevait une redevance sur chaque jeu vendu. Le design, très attrayant, est devenu populaire et les figurines de Staunton sont devenues depuis le jeu standard pour les joueurs d'échecs, tant professionnels qu'amateurs.

En mai 1851, Londres accueillit la Grande Exposition ; la communauté des joueurs d'échecs de Londres était alors en plein développement et était la plus active du monde, elle se sentit obligée de faire quelque chose d'analogue pour les échecs. Staunton se chargea alors d'organiser le premier tournoi d'échecs du monde, qui se tiendrait à Londres en même temps que la Grande Exposition Industrielle Mondiale. L'idée était d'inviter les principaux maîtres que comptait le monde à concourir entre eux, afin de servir de tremplin aux échecs de la même façon que la Grande Exposition servirait de tremplin à la technologie et à la culture du monde. Il persuada quelques amateurs d'échecs de Londres et réunit £500 – une somme coquette à l'époque - pour aider à l'organisation de cet événement.

Bien que le club d'échecs de Londres eût refusé d'envoyer quelqu'un pour participer à la compétition, cette rencontre de 1851 à Londres n'en fut pas moins un succès, malgré la déception de Staunton qui, après s'être battu pendant tout un mois contre quinze autres joueurs d'échecs de classe mondiale, fut éliminé par celui qui devait être le vainqueur final, Adolf Anderssen, puis battu pour la 2e place par son ancien élève Elijah Williams. Il est sûr que la grande époque de Staunton était maintenant passée, mais sa réputation comme principale autorité du monde en matière d'échecs fut renforcée parmi les amateurs grâce à ses livres et à la promotion qu'il faisait de lui-même dans ses rubriques d'échecs. Cependant, il n'était pas complètement dépassé, et le prouva la même année en prenant sa revanche sur Williams qu'il battit par six victoires à quatre et un match nul, et en écrasant Carl Jaenisch dans une rencontre par sept victoires à deux et un match nul.

En 1852, Staunton écrivit sur le Tournoi de 1851 à Londres un livre intitulé, The Chess Tournament. On peut lire sur la page de titre, « By H. Staunton, Esq., author of The Handbook of Chess, Chess-players Companion, &c.&c.&c », et en 1853, un garçon de quinze ou seize ans nommé Paul Morphy gribouilla à la suite de ces mots sur son exemplaire, « et de quelques parties affreusement mauvaises ». Si Staunton avait atteint la célébrité pour avoir réussi à devenir de 1843-1851 le meilleur joueur d'échecs du monde, après 1851 et jusqu'à sa mort en 1874, ce qui lui valut le plus de réputation ce fut de contribuer à faire de l'Angleterre la capitale mondiale des échecs. En 1874, Morphy se montra plus poli et estima que là où Staunton était le plus doué, ce n'était pas comme joueur, mais comme théoricien et comme analyste. Sous certains aspects le style de Staunton laisse présager des méthodes plus modernes; l'ouverture anglaise (1. c4) s'appelle ainsi parce qu'il l'utilisait souvent dans la période 1840-1850.

En 1853, Staunton fit un voyage à Bruxelles pour y rencontrer le baron Tassilo von Heydebrand und der Lasa. Ils discutèrent sur la standardisation des règles d'échecs et jouèrent un match court, qui se termina en faveur du baron, cinq victoires à quatre avec trois matches nuls.

À partir de 1856, Staunton commença à s'éloigner des échecs et à se tourner vers l'étude de Shakespeare dont il voulait faire son occupation principale. Il s'assura un contrat avec un éditeur pour écrire une édition annotée des travaux du barde. Malheureusement, son ego ne lui permettait pas d'abandonner son désir de figurer parmi l'élite des maîtres d'échecs, même si en lui-même il devait avoir compris que le niveau des plus grands maîtres s'améliorait rapidement, et que ce n'était pas le cas pour lui. Il entra de nouveau en lice en jouant en 1858 dans un tournoi organisé à Birmingham sous les auspices de la nouvelle Association britannique d'échecs, mais il n'alla pas loin, envoyé au tapis par Johann Löwenthal dans deux parties de suite.

Birmingham 1858 devait être pour Staunton sa dernière compétition publique. Il refusa de jouer contre Paul Morphy en public pendant la visite de ce dernier en Angleterre en 1858, se disant trop occupé à son travail sur Shakespeare. Pour justifier cette affirmation, il ne fit plus désormais qu'écrire sur Shakespeare et sur les échecs. En 1860, il publia son édition de Shakespeare qu'il considérait comme un travail remarquable, mais les critiques actuels ne sont pas de cet avis et le nom de Staunton est resté obscur parmi les commentateurs modernes de Shakespeare. Il publia aussi en 1860 un livre intitulé Chess Praxis, qui profitait de l'intérêt du public pour Morphy et comptait plus de 168 pages de parties de l'Américain commentées par Staunton.

Staunton publia un grand nombre d'articles sur Shakespeare en 1864 et 1865. Son dernier livre fut Great Schools of England publié en 1865. Il travaillait encore à un autre livre d'échecs, quand la mort le prit. Il mourut à son bureau dans sa bibliothèque. Son dernier livre, Chess: Theory and Practice fut publié en 1876, après sa mort, par les soins de R.B. Wormald.

Une plaque commémorative a été maintenant apposée au 117 Lansdowne Road, W11 Londres, à l'endroit où il avait habité. En 1997, une pierre commémorative portant une figure de cavalier a été érigée pour signaler sa tombe au cimetière londonien de Kensal Green. Auparavant, elle ne portait aucune marque.

[modifier] Références

  1. Terme anglais qui désigne un débutant, celui à qui on accorde un avantage, souvent une tour (rook en anglais).
  2. Oxford Companion to Chess,

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes