Horde d'Or

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La Horde d'Or est une dynastie mongole issue de Djötchi, le fils aîné de Gengis Khan, qui conquit et contrôla les steppes russes durant les XIIIe et XIVe siècles, entre autres. Horde d'Or est une expression utilisé par les Russes depuis le XVIe siècle. Les Arabes et les Persans parlent de Royaume des Tatars ou Khanat de Kiptchak. Les jochides eux-même s'appellent Horde ou Grande Horde.

La dévastation de la ville de Souzdal par les troupes mongoles (Des annales médiévales russes).
La dévastation de la ville de Souzdal par les troupes mongoles (Des annales médiévales russes).

Entre 1237 et 1242, les Mongols ont soumis les principautés russes et ont ruiné toutes les villes russes excepté Novgorod (Kiev, Vladimir, Souzdal, Riazan, Kolomna).

La moitié de la population russe a péri pendant l'invasion mongole. Les survivants fuyaient vers le nord-est, dans les régions boisées entre la Volga nordique et l'Oka, où les sols étaient pauvres, mais le climat plus froid, où les voies commerciales étaient contrôlées par la Horde. La construction de bâtiments en pierre a cessé pendant deux cents ans.

Les Mongols avaient poussé leurs incursions jusqu'à la Pologne et Russie et les princes russes restèrent tributaires de leurs khans jusqu'à la fin du XVe siècle.

La Horde d'Or ou Khanat de Kiptchak du nom des anciens occupants de la région les Kiptchak ou Coumans se composait de la Horde Bleue à l'ouest, dirigée par les descendants de Batu et de la Horde Blanche à l'est (vers le Kazakhstan) contrôlée par ceux d'Orda.

Horde d'Or, 1389.
Horde d'Or, 1389.

Le territoire de la Horde s'étendait sur la partie méridionale de l'actuelle Russie : La Crimée, les steppes kiptchak, la vallée de la Volga jusqu'à la Transoxiane. Le mode de vie de ces cavaliers turco-mongols rend impossible la définition de cette zone en terme de territoire délimité par des frontières. Les peuples qui vivent sur ces terres sont en majorités turcophones (kiptchak, ouïghour...), mais on y parle également le persan, les langues slaves, l'arménien et les langues caucasiennes. L'islam sunnite, la religion du khan depuis Özbeg, est la plus représentée mais côtoie les religions chrétiennes (orthodoxes, nestoriens, catholiques) et juives. Le chamanisme, hérité des mongols de la conquête, persiste dans les esprits jusqu'au XVIe siècle[1]. La tolérance religieuse des Mongols, qui respectent et craignent tout ce qui est sacré, permet aux Russes de préserver leur Église. Popes et métropolites sont exemptés d'impôts, de réquisitions, de corvées[2].

L'espace de la Horde est composé de grands déserts et steppes propices au nomadisme et au pastoralisme, ainsi que de régions fortement urbanisés (Crimée, Volga, Transoxiane) qui pratiquent un commerce actif. Le nomadisme se maintient tout au long de la période et les khans eux même le pratiquent, passant la moitié de l'année dans leurs campements d'été et l'autre moitié dans leurs quartiers d'hiver. Ils favorisent néanmoins l'urbanisation, dans le but de développer le commerce et l'artisanat (métallurgie, céramique, cuir...) et maintiennent les routes commerciales, notamment le long de la Volga et l'axe mer d'Aral-mer Caspienne-mer Noire.

Toutes les grandes villes doivent des taxes aux khans (prélèvements sur le commerce, la propriété foncière, les magasins à grain, les semailles, les vignes et l'irrigation). Les els (unité de base des clans nomades) sont redevables d'impôts sur le cheptel. Villes et els doivent un service militaire à l'armée (orda) en cas de besoin. Il existe un service postal officiel, le yam, dont les fonctionnaires ont droit de réquisition pour pouvoir circuler rapidement. Le khan peux exempter par décret (yarlyk) certaines cité ou el de certaines taxes ou réquisitions. Le khan s'appuie sur une administration efficace et strictement hiérarchisée hérité de l'empire mongol.

La démographie de la Horde souffre d'une hémorragie chronique due au trafic d'esclaves opéré par certaines tribus kiptchak qui razzient les jeunes garçons turcs pour les vendre aux comptoirs italiens de Crimée, qui les envoient principalement vers l'Égypte des mamelouks (qui sont eux-même descendants d'esclaves turcs et traditionnellement alliés du khanat de kiptchak). Le gouvernement de la Horde tente de mettre un terme à ce trafic, mais ne peut agir longtemps contre les Génois et les Vénitiens dont les comptoirs sont un important débouché pour ses produits agricoles et un terminus de la route de la soie[3].

Sommaire

[modifier] Les incursions punitives et de pillage de la Horde d'Or en Russie

  • 1252: La horde de Nevruy dévaste Pereslavl-Zalesski et Souzdal.
  • 1273: Les Mongols attaquent la région limitrophe de principauté de Novgorod.
  • 1281: La horde de Kovdygay et Alchiday détruit Murom et Pereyaslavl, il ruine les alentours de Souzdal, Rostov, Vladimir, Yuriev-Polskiy, Tver, Torjok.
  • 1282: Les Mongols attaquent Vladimir et Pereslavl-Zalesski.
  • 1283: les Mongols pillent Rylsk, Lipetsk, Koursk et Vorgol.
  • 1285: le chef militaire des Mongols Eltoray, le fils de Temir, pillent Riazan et Murom.
  • 1293: Le chef militaire des Mongols Dyuden vient en Russie et pille quatorze villes, Murom, Moscou, Kolomna, Vladimir, Souzdal, Yuriev-Polsky, Pereslavl-Zalesski, Mozhaysk, Volokolamsk, Dmitrov, Ouglitch. Pendant le même été, le fils du Khan Takhtamir pille la principauté de Tver et capture des esclaves dans la principauté de Vladimir.
  • 1307, 1315, 1317, 1318, 1322: expéditions de pillage de la Horde D'or dans les principautés de Riazan, de Tver, de Kostroma, de Yaroslavl.
  • 1327: Incursion punitive de la Horde d'Or dans le principauté de Tver.
  • 1358, 1365, 1373: Les Tatars attaquent la principauté de Riazan.
  • 1375, 1377, 1378: Les Tatars attaquent la région limitrophe de principauté de Nizhniy Novgorod.
  • 1382: Khan Tokhtamysh brûle complètement Moscou, des dizaines de milliers de Moscovites périssent.
  • 1408: Les Tatars pillent Serpoukhov, les alentours de Moscou, Pereyaslavl, Rostov, Yuriev, Dmitrov, Nizhni Novgorod, Galitsch.
  • 1410: Les Tatars détruisent Vladimir.
  • 1449, 1451, 1455, 1459: Les Tatars pillent les alentours de Moscou
  • 1480: Grande halte sur la rivière Ougra, fin du joug tataro-mongol.

[modifier] Liste des Khans de la Horde d’Or

Horde Bleue, puis Horde d’Or


Familles rivales

  • 1361-1380 : période d’anarchie où le pouvoir réel appartient au général Mamaï issu du Khan Nogaï


Horde Blanche


Pendant la période de 1395 à 1419 la Horde Blanche (Kiptachk oriental) fut entièrement contrôlée par Edigu, Khan des Nogaïs, qui joua jusqu'à sa mort exactement le même rôle que son parent Mamaï dans le Kiptachk occidental pendant la période de 1361 à 1378.

[modifier] La disparition de la Horde d'Or

En 1475, le khanat de Crimée entre dans l'orbite ottomane. La Horde perd son accès à la mer Noire et ses débouchés commerciaux vers l'Europe. A l'Est, la Horde est menacée par la puissance naissante des Chaybanides et perd la Transoxiane conquise par Muhammad Shaybânî en 1500. A la fin du XVe siècle, le territoire est réduit à la plaine de la Volga (Kazan, Saraï, Astrakhan).

En 1502 , le khan de Crimée Mengli Giray, allié des Russes, prend et détruit la capitale, Saraï. C'est la fin de la Horde, dont le dernier souverain Sheykh Ahmed disparait en 1516. Les débris des territoires de la Horde d’Or constituent les khanats de Kazan, d’Astrakhan, de Sibir (ouest de la Sibérie).

Les Russes d'Ivan le Terrible prennent Kazan en 1552, puis Astrakhan en 1556. Le khanat de Crimée sera seulement rattaché à la Russie en 1783.

[modifier] Les héritiers de la Horde d'Or

La horde Nogai, errant entre l'Irtych et la Volga, les khanats de Crimée, d'Astrakhan de Kazan et de Sibir furent les héritiers de la Horde d'Or.

En 1571, le khan Devlet I Giray de Crimée avec une horde de 120 000 cavaliers ravagea Moscou et s'empara d'une grande quantité d'esclaves. Les incursions des Tatars de Crimée et des hordes transvolgiennes se prolongent jusqu'au XVIIIe siècle. Chaque année, les Cosaques et les jeunes nobles partaient pour le service de guet et de patrouille, protégeaient les territoires frontaliers russes contre les incursions tatares.

Aux XVIe siècle et XVIIe siècles, la frontière entre l'État de Moscovie et le monde des nomades passait non loin de Moscou, au sud de Riazan sur la rivière Oka, et d'Elets sur la rivière Sosna, l'affluent du Don. Les hordes tatares maitrisaient à la perfection la tactique des incursions, en choisissant la voie selon les lignes de partage des eaux.

Leur voie principale vers Moscou était "Muravski Chljakh", de la Crimée jusqu'à Toula entre les rivières Dniepr et Severski Donets. S'étant enfoncés en Russie sur 100 à 200 kilomètres, les nomades retournaient en arrière et, déployant à partir du détachement principal, de larges ailes de soldats, ils pillaient et faisaient des prisonniers. Ceux ci étaient vendus comme esclaves à la Turquie et même aux pays européens. La ville de Caffa en Crimée était un des principaux marché de la traite des esclaves.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • C. E. Bosworth, Les dynasties musulmanes, trad. Y. Thoraval, Actes sud, coll. Sinbad, 1996, ISBN 2-7427-0713-1
  • Vasily Kljuchevsky, le Cours de l'histoire russe
  • Pleine Collection d'Annales russes, Saint-Pétersbourg, 1908, et Moscou, 2001, ISBN 5-94457-011-3.
  • René Grousset, L'Empire des Steppes , Payot 4e édition, Paris, 1980 ISBN 2-228-27251-5
  • Grekov et Iakoubovski, La Horde d'Or et la Russie, Payot, Paris 1961

[modifier] Notes et références

  1. Histoire du Monde, collectif sous la direction de George Jehel, édition du temps p. 266
  2. Jean-Paul Roux, La Horde d'or et la Russie - Clio - Voyage Culturel
  3. Jean-Paul Roux, La Horde d'or et la Russie - Clio - Voyage Culturel