Histoire de l'athéisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Bien que l'on considère souvent l'athéisme comme un phénomène moderne, l'histoire de l'athéisme remonte à l'Antiquité.

Sommaire

[modifier] Conditions de développement de l'athéisme

L'athéisme est une position critique de la religion. Il n'y a pas de religion sans athéisme de celle-ci et, réciproquement, l'athéisme ne saurait exister sans religion.

À partir du moment où le territoire de la religion n'est plus identique au territoire de la société qui lui a donné naissance, un espace est dégagé pour en penser la critique. On comprend donc que l'espace de la libre pensée est d'abord la critique d'un pouvoir théocratique que celui-ci s'exerce :

  • sur l'instance politique : anticléricalisme,
  • sur les consciences : liberté de conscience,
  • sur les souffrances : humanisme.

Ainsi et par exemple, rares sont les athées qui nieront l'existence de la « nature ». Par contre, ils nieront qu'on puisse lui accorder un statut divin, comme le faisait Baruch Spinoza (« Deus, sive Natura » : « Dieu, autrement dit la Nature »), ce qui implique une conception différente de la divinité. De même, il faut prendre garde à ne pas confondre la négation d'une certaine conception de Dieu avec la réfutation de tout Dieu, voir par exemple :

« Je n'ai pas une assez haute idée de l'humanité en général et de moi-même en particulier pour imaginer qu'un Dieu ait pu nous créer. Cela ferait une bien grande cause, pour un si petit effet ! Trop de médiocrité partout, trop de bassesse, trop de misère, et trop peu de grandeur », Pascal (philosophe catholique)
« Comment un Dieu aurait-il pu vouloir cela ? Croire en Dieu ce serait péché d'orgueil ; l'athéisme est une forme d'humilité. C'est se prendre pour un animal, comme nous sommes en effet, et nous laisser la charge de devenir humains. », André Comte-Sponville, Pensées sur l'athéisme (1999)

De ce fait, l'espace de l'athéisme est considéré par certains comme flou ; il englobe des choses différentes, telles que :

  • Le fait de ne pas croire aux dieux de la cité, comme l'Empire romain le reprochait aux juifs et aux chrétiens
  • Le fait d'avoir une conception du divin différente de celle développée par la majorité, comme Lucien Febvre le montre dans Le problème de l'incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais ? On parlera alors d'une incrédulité dialectique qui court de Friedrich Nietzsche jusqu'aux théologies de la mort de Dieu. De nos jours, l'assimilation des religions orientales à un athéisme ressort de cette catégorie ; en ce qui les concerne on devrait plutôt parler de « non-théisme », ce qui est sensiblement différent.
  • Le fait de considérer que s'il y a des dieux, ils ne s'occupent pas des hommes, comme les philosophes matérialistes abdéritains et plus tard nier les dieux, comme les philosophes matérialistes comme Karl Marx ?

C'est toujours le croyant qui assigne le païen, l'incrédule, l'hérétique, l'apostat, le marrane, l'incrédule, l'infidèle, l'agnostique et l'athée. Aujourd'hui, la situation est plus contrastée :la démocratie donne à l'athée la possibilité de se revendiquer comme tel, et de prendre à partie ceux qu'il considère comme des fanatiques, fondamentalistes, obscurantistes, naïfs, charlatans, etc. Cependant, certains considèrent qu'il ne s'est pas nommé lui-même.

[modifier] Les philosophes abdéritains

Les philosophes abdéritains considèrent que, si les dieux existent, ils ne s'occupent pas des hommes et que, de ce fait, il est inutile de s'occuper d'eux : "Sur les dieux, je ne peux rien dire, ni qu'ils soient, ni qu'ils ne soient pas : bien des choses empêchent de le savoir, d'abord l'obscurité de la question, ensuite la brièveté de la vie humaine. Sur les Dieux, Protagoras.

[modifier] L'athéisme dissident

Dans l'Antiquité tardive, les pamphlétaires désignaient comme impies (équivalent de athée) les juifs et leur dieu invisible, sans incarnation, partout et nulle part à la fois, quoique le judaïsme fut religio licita (religion autorisée) et l'État désignait comme athées les chrétiens qui refusaient le service militaire et ne sacrifiaient pas aux dieux de la cité.

Voir Relations de la religion romaine aux autres religions

[modifier] Climat du tournant XVIIe-XVIIIe siècle

Les libertins du XVIIe puis du XVIIIe siècle relevaient de plusieurs dissidences :

  1. sur la morale répressive issue de la religion catholique,
  2. sur la façon de penser les dieux (le dieu des chrétiens en particulier),

Les traces de la Révocation de l'édit de Nantes durèrent longtemps malgré une petite éclaircie sous la Régence. La religion prétendait fonder la morale. Pierre Bayle constate que les guerres de religion ont été menées et les massacres ont été commis par les croyants. Il en conclut que la foi ne garantit ni la moralité ni l'humanité. Comment peut-on prétendre à une équivalence entre la foi et la morale ? Cette question sera creusée durant tout le XVIIIe siècle.

Les libertins du XVIIe siècle pratiquaient la double vérité, publiant des livres avouables et tenant, entre amis, dans les salons, des conversations sans traces autres que celles de la correspondance, face à une monarchie de droit divin qui ne pouvait se priver de son meilleur allié : le christianisme. Il est donc difficile de savoir si l'apparente foi de certains penseurs de l'époque n'était pas dictée uniquement par la peur de la répression.

La censure s'exerçait donc sur tout le domaine philosophique qui comportait aussi bien des ouvrages de science naturelle, que de politique ou de théologie.

Eurent à faire avec la censure, les œuvres suivantes :

  • la lettre sur les aveugles,
  • l'histoire naturelle de Buffon ,
  • l'esprit des lois de Montesquieu.

La censure entendait donc par philosophie tout qui couvre le domaine du tabou et de l'interdit. On publiait donc aux Pays-Bas et l'on résidait en Suisse.

[modifier] Les Libertins

Dans le désordre :

  • La Mettrie,
  • D'Holbach,
  • Malebranche,
  • L'abbé Jean Meslier, La religion soutient le gouvernement si méchant qu'il puisse être (et réciproquement) (mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier) : « toutes les religions ne sont qu'impostures »

Pendant 40 ans, Meslier mène une vie pieuse auprès de ses paroissiens mais soutient le petit peuple contre les seigneurs. Un peu avant sa mort, il écrit ses mémoires. Tout ce qu'il pense de la religion et du système social : un curé révolutionnaire et athée. Il lie la religion le sacré à la politique l'exploitation de l'ignorance des gens.

Ses mémoires sont l'envers du prêche. Elles se répartissent en 86 sections sur plus de 1000 pages écrites pour ses paroissiens. Elles ne furent rééditées que dans les années 1970, les paroissiens de Meslier ne purent les lire. Jean Meslier écrit aux prêtres alentour de son village pour justifier son athéisme. Il est enterré sans sépulture chrétienne. Ses écrits sont trop forts pour le XVIIIe siècle : Voltaire le tronque pour l'éditer, ne gardant que les aspects déistes.

  • Marquis de Sade

« Je te défie toi-même de croire au dieu que tu me prêches car tu ne peux ni le trouver ni le définir. » Il présente le rapport à la mort dans le libertinage érudit. (1783. À l'époque, on croyait que le philosophe, au moment de sa mort, se repentait pour sauver son âme (une théologie de la peur). Chez Sade, le prêtre censé assister l'athée qu'il met en scène se convertit à l'athéisme tandis que 6 femmes le convertissent au plaisir.

  • Vicomte Evariste de Parny

[modifier] Dissidents religieux

  • Baruch Spinoza se fait exclure de sa communauté juive, et il est considéré comme un athée par l'école de philosophie régnant dans les universités de Paris, France (Cf. la lecture parisienne de Spinoza). Lui-même (et bien d'autres) ne se considère pas comme athée.
  • César du Marsais, grammairien et théologien
  • Thomas Woolstone, prêtre anglican et son traité sur les miracles meurt en prison pour blasphème.

[modifier] Bibliographie

  • Pour l'Antiquité et le Moyen Âge : Nier les dieux, Nier dieu (actes du colloque / organisé par le Centre Paul-Albert Février à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme les 1er et 2 Avril 1999 ; études réunies par Gilles Dorival et Didier Pralon. -- Aix-en-Provence : Publications de l'Université de Provence, 2002.)
  • Pour la période contemporaine : Georges Minois Histoire de l'athéisme - Les incroyants dans le monde occidental des origines à nos jours, Fayard

[modifier] Liens externes